Hashtag activism

On parle de hashtag activism (« hashtivisme » ou « activisme » en français) pour désigner une nouvelle forme de mouvement social en ligne. Il s’agit de combattre ou de soutenir une cause à travers un réseau social comme Facebook, Twitter ou Instagram. Cet engagement peut prendre les formes suivantes : aimer du contenu, le partager ou créer un contenu nouveau accompagné d’un hashtag, c’est-à-dire un mot-clé précédé du signe #. Les hashtags permettent de rendre visible une cause en améliorant son référencement dans les moteurs de recherche. Pour les activistes, le hashtag permet aussi de réunir des personnes éloignées autour d’un même combat, de diffuser un message en un temps record et d’en mesurer les retombées.

Cet activisme en ligne peut s’accompagner d’actions plus concrètes, comme lors de l’apparition du terme à l’époque de la manifestation Occupy Wall Street aux États-Unis. Lors de cette importante manifestation de plusieurs mois en 2011, le hashtag (apparu en 2007 sur le réseau Twitter) a permis de coordonner les conversations en ligne, de rassembler les manifestants et d’organiser des protestations spontanées. Dans ce cas, l’activisme en ligne soutient un mouvement de protestation dans le monde réel. Cependant, même quand l’action se limite à internet, la prise de conscience et le changement des mentalités qu’entrainent ces mouvements peut être profonde et avoir, à long terme, des répercussions concrètes.

Ce mouvement débuté en ligne a accompagné une prise de conscience féministe fondamentale à l’époque où explosait l’affaire Harvey Weinstein (du nom d’un grand producteur de cinéma américain, accusé de multiples agressions sexuelles et viols). Le hashtag #BalanceTonPorc a été lancé par la journaliste Sandra Muller. Elle a rédigé sur Twitter un appel à témoignages dans lequel elle invite d’autres femmes à dénoncer les agressions sexuelles dont elles ont été victimes :

Le retentissement du hashtag #BalanceTonPorc est immédiat. Sa version américaine, #MeToo, initié par la militante américaine Tarana Burke, connait vingt-quatre heures après son lancement plus de 7 millions de reprises sur Facebook et des centaines de milliers sur Twitter.

Ces deux hashtags ont donc permis de prendre conscience d’un phénomène réel, très ample, mais invisible jusqu’alors, comme le soulignent une vingtaine de féministes dans une tribune publiée sur France Info :

Se sentir autorisées à dire ce qui se passe réellement au travail, dans la rue ou dans l’intimité, c’est pour les femmes inverser le rapport de force. La convergence des témoignages permet de rompre l’isolement et de redonner de la force aux victimes.

Comme toutes formes d’activisme, on peut souligner que ce mode d’action a ses limites. Ce n’est pas une alternative au militantisme dans le monde réel : se rencontrer, écouter les problèmes de chacun et chacune, chercher un terrain commun d’entente, construire la confiance et convaincre les personnes d’agir au niveau politique pour défendre leurs intérêts… toutes ces étapes restent nécessaires et constituent un travail de longue haleine.

Autre limite : lorsqu’il se limite à relayer des contenus ou rédiger un message d’indignation, l’activisme en ligne peut donner l’impression de contribuer à une bonne cause, sans pour autant permettre aux choses de changer en profondeur. L’expression remplace l’action concrète.

Comme ils reposent sur des échanges rapides, à base de textes brefs, d’images ou de vidéos courtes, on reproche également aux réseaux sociaux de limiter l’expression d’une pensée riche et complexe.

Dernier risque enfin : se retrouver noyé sous une masse de hashtags pour les pétitions en ligne, que ce soit pour alerter sur l’état des toilettes publiques, les pistes cyclables, l’utilisation des photos mises en ligne, etc. On se dirige ainsi vers une banalisation de ce mode d’action en ligne.