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Sommes-nous à l'ère de la post-vérité ?

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Objectif
  • Comprendre la notion de post-vérité.
Points clés
  • Le contexte culturel, politique et social actuel fait qu’aujourd’hui, infox, rumeurs et autres faits alternatifs se diffusent avec une efficacité redoutable.
  • L’appel aux émotions a toujours existé, de même que le mensonge. La post-vérité représente-t-elle une façon de diaboliser l’époque actuelle ou une menace réelle pour nos démocraties ? Et dans ce cas, comment s’en prémunir ?
  • Cet arbitrage ne peut pas revenir à l’un des acteurs du jeu (État, médias). L’éducation aux médias et le développement de l’esprit critique des citoyens et citoyennes constitue donc un enjeu important dans nos sociétés contemporaines.

On parle de post-vérité lorsque « les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles ». C’est-à-dire lorsque des journalistes, des hommes et femmes politiques, des polémistes ou intellectuels cherchent à susciter des émotions comme la peur, la colère, l’indignation, et ce, en dépit de faits vérifiables.

Depuis quelques années, on utilise l’expression « ère de la post-vérité » pour désigner un contexte historique et culturel récent, où l’accumulation d’infox ferait basculer nos civilisations occidentales dans un autre régime de vérité. Ce contexte se caractérise par l’avènement d’internet, un certain relativisme, une remise en question de l’autorité (notamment l’autorité des journalistes), et un processus de déconstruction des vérités qui semblaient universelles et solidement établies.

1. La post-vérité : une menace ?

La post-vérité désigne un contexte social, médiatique et politique récent. Ce mot a beaucoup été utilisé lors de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2016 et lors de la campagne en faveur du Brexit, campagne notoirement mensongère. C’est donc sans surprise qu’il a été élu mot de l’année en 2016 par le dictionnaire d’Oxford.
La post-vérité peut recouvrir différents genres de discours.

a. Les « infox »

Les « infox » désignent des informations « mensongères ou délibérément biaisées », servant par exemple « à défavoriser un parti politique, à entacher la réputation d’une personnalité ou d’une entreprise, ou à contrer une vérité scientifique établie » (Définition proposée par le Journal Officiel). Les infox peuvent être perçues comme une variante moderne de la rumeur qui circulait auparavant grâce au bouche-à-oreille, et qui se propage aujourd’hui par internet, les réseaux sociaux, les messageries en ligne…

b. Les faits alternatifs

« Faits alternatifs » est une expression utilisée par le camp de Donald Trump, pour désigner des infox mais de façon positive, en les présentant comme une alternative à la version officielle, majoritaire ou consensuelle. Cette façon de présenter les faits crée une divergence entre deux versions à l’intérieur d’un même État, même si la version erronée reste aisément vérifiable et contestable. Ceci est rendu possible dans un système d’information complètement éclaté où les journalistes se retrouvent dans un rapport de force défavorable : ils ne sont plus qu’une source d’information parmi d’autres. Dans ce cadre, la parole de celui qui est le plus connu, ou le plus suivi sur les réseaux sociaux par exemple, pèse plus que les autres voix, même officielles. Ces faits alternatifs constituent des récits efficaces, extraordinaires, qui retiennent l’attention et visent à susciter l’émotion.

c. Les théories du complot

Les faits alternatifs nourrissent de nombreuses théories du complot. Ces récits prétendent démasquer ou mettre en lumière des agissements qui, à une échelle plus vaste que les faits, iraient contre l’intérêt commun et se décideraient dans l’ombre, au sein de groupes guidés par un pouvoir économique, politique ou hégémonique. Il s’agit donc de mettre en lumière une vérité cachée aux yeux du public. Le problème : ces théories sont souvent indémontrables et développent une sorte de méfiance généralisée vis-à-vis des autorités officielles.

d. La propagande

La propagande recouvre les différentes techniques utilisées pour influencer les perceptions du public et façonner son opinion sur une entreprise, un gouvernement ou un groupe. Ces opérations comprennent la publicité, le marketing et la communication publique. Lorsque l’opération d’influence est particulièrement soutenue et se répète sous une multitude de formes, on parle de « matraquage ».

2. La post-vérité a toujours existé

Attention, l’expression « post vérité » ne doit pas induire en erreur et laisser penser naïvement qu’avant la post-vérité, il y aurait eu une époque où la vérité aurait dominé. L’idéal de vérité universelle s’est certes fissuré à la fin du XXe siècle mais de façon plus générale, vérité et politique n’ont jamais fait bon ménage. D’abord parce que l’exercice du pouvoir politique ne va pas sans une certaine pratique du mensonge et de la manipulation. La propagande théorisée au XXe siècle existe déjà à l’époque monarchique, sous d’autres formes. Le mécénat peut par exemple être vu comme une façon pour le mécène de diffuser une image positive de lui-même. L’objectif de la politique n’est pas la vérité, car elle est contingente, aléatoire et ne peut pas reposer selon Aristote sur des certitudes scientifiques.

De la même façon, selon Kant, l’idéal de transparence absolue est non seulement impossible à atteindre en politique, mais n’est pas souhaitable non plus. Dans son célèbre essai Le Prince (1532), Machiavel souligne l’utilité du mensonge et de la ruse en politique. Il évoque par exemple la possibilité pour le monarque ne pas tenir sa parole. Il doit alors dissimuler ses mensonges, simuler l’honnêteté et ne pas hésiter à tromper les hommes naïfs.

Ce n’est donc pas l’irruption du mensonge en politique qui fait parler de post-vérité, mais peut-être sa banalisation dans le débat public. En effet, la solidité des faits et l’invraisemblance des infox n’empêchent pas, d’une part, que ces infox soient crues, et d’autre part, même lorsqu’elles ne sont pas crues, cela n’entame pas forcément la crédibilité des personnes qui les énoncent. Ainsi, dans le cadre du référendum sur le Brexit ou de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2016, les outrances et les mensonges grossiers n’ont pas découragé les électeurs.

3. La post-vérité : un danger ou une opportunité pour la démocratie ?

Le problème que pose la post-vérité n’est donc pas tant celui du mensonge, que celui de la généralisation du droit à la parole et à la visibilité pour tous, à travers les réseaux sociaux et internet. Internet est un outil démocratique dans la mesure où il donne la parole à des personnes qui en étaient auparavant privées et permet l’émergence de voix alternatives. Cependant, c’est à double tranchant : Internet permet aussi à n’importe quel influenceur ainsi qu’à tous les propagandistes et les démagogues de s’exprimer. Grâce à la viralité de certains contenus à fort potentiel émotionnel, il leur est alors facile de gagner en visibilité. Comment endiguer ces discours sans pour autant restreindre la liberté d’expression sur Internet, ce qui se ferait nécessairement aux dépends de la zone grise dans laquelle s’échangent des opinions ni vraies ni fausses ?

On peut en effet se demander dans quelle mesure une nouvelle, une information ou une opinion concernant les affaires humaines (c’est moins vrai pour la science, qui repose sur une communauté ainsi que sur des circuits de vérification et de validation) peuvent être tenues pour vraies ou fausses. Et surtout quel serait l’arbitre qui déterminerait le vrai du faux, l’objectif du subjectif, la manipulation de l’influence… Les sites journalistiques qui proposent du fact checking peuvent-ils se poser en arbitre ou en surplomb par rapport aux autres acteurs du monde politique et social ? Comment poser la limite entre information neutre et factuelle d’un côté, et opinions militantes de l’autre ? Ces questions soulèvent de nombreux problèmes, qui plus est si c’était l’État lui-même qui devait décider quelles idées ont le droit de circuler et quelles autres seraient censurées. Hannah Arendt souligne par exemple qu’il est difficile de séparer clairement les faits des opinions : « les faits sont la matière des opinions, et les opinions, inspirées par différents intérêts et différentes passions, peuvent différer largement et demeurer légitimes aussi longtemps qu’elles respectent la vérité de fait » (La Crise de la culture, 1972).

Pour aller plus loin

Faut-il renoncer à la vérité ? Les Chemins de la philosophie, France Culture.

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