Hamlet - Maxicours
1. Hamlet, tragédie du théâtre élisabéthain

Le théâtre élisabéthain s'est développé à Londres sous Elisabeth Ire, Jacques Ier et Charles Ier d'Angleterre. William Shakespeare (1564-1616) en est le plus illustre représentant.

a. La forme du théâtre élisabéthain
La scène se présente sous la forme d'une arène cernée sur trois côtés par le public. Elle est caractérisée par son dépouillement.
L'absence d'unité de lieu et de temps, le dynamisme de la parole, sont des soutiens de l'action. La représentation du réel en mouvement se veut frappante et didactique.
b. Les inspirateurs du tragique élisabéthain

Les histoires saintes et les allégories mystiques des moralités et mystères médiévaux sont délaissées pour :

Les sujets historiques. Le De casibus virorum illustrium de Boccace, qui relate la "chute des princes", l'histoire malheureuse d'hommes et de femmes illustres.

√  La philosophie politique de Machiavel. Ses références à l'histoire comme source d'enseignement, sa conception du pouvoir, dont le fondement est la force.

√  La philosophie morale antique. Celle des tragédies de Sénèque, où s'exprime le mépris d'un monde livré à la folie et au crime, et où le stoïcisme est la seule issue.

√  La morale chrétienne. La reprise de la notion de péché révèle le tragique de l'homme en proie à ses passions. L'homme pensant s'accomplir dans la conquête du pouvoir (ambition) ou dans l'amour d'une femme (désir), se heurte à des obstacles extérieurs (matériels) et intérieurs (moraux) infranchissables.

c. Les premiers succès du tragique élisabéthain

Tamerlan (1587) de Christopher Marlowe. Exaltation de l'individualisme et de l'ambition voués à l'échec.

La Tragédie espagnole (1589) de Thomas Kyd. Tragédie de la vengeance où l'homme s'enferme dans ses passions (amour, jalousie, haine). 

2. Hamlet (1601), une tragédie de la vengeance ?

Shakespeare s'est inspiré de l'histoire d'Hamlet, roi du Danemark, relatée par un clerc danois du XIIIe siècle, Saxo Grammaticus, dans son Historia Danica. Fratricide, inceste et folie feinte y sont déjà présents.

a. Argument
Dans le château d'Elseneur, au Danemark, le spectre du roi défunt demande à son fils Hamlet de le venger. Son assassin n'est autre que son frère Claudius, lequel a de surcroît épousé sa femme, Gertrude.
Partagé entre le désir de satisfaire son père et son dégoût du monde, le jeune prince Hamlet résout, en toute duplicité, de simuler la folie, retournant les armes de la Cour contre elle. Mais il est bientôt victime de son attitude. En tuant par mégarde le chambellan Polonius, il provoque la folie puis la mort d'Ophélie, fille de ce dernier, et dont il est épris. À son tour animé par la vengeance, Laërtes, fils de Polonius, organise avec Claudius un duel truqué contre Hamlet. Au cours de celui-ci, Gertrude meurt après avoir bu la coupe empoissonnée destinée au prince, et Laërtes est blessé par l'arme empoisonnée dont il voulait user. Agonisant, ce dernier avoue tout. Hamlet s'empare alors du fatal fleuret et tue Claudius. Mais, lui-même mortellement blessé, il charge son ami sincère, Horatio, de raconter son histoire, et fait de Fortinbras, prince de Norvège, son successeur.
Une ère nouvelle est ainsi annoncée.
b. Une vengeance avortée

La fin d'un âge :
Le spectre du roi défunt, en réclamant vengeance, incarne les valeurs médiévales, tandis qu'Hamlet incarne l'avènement d'un autre âge. En héros désenchanté, il est partagé entre le devoir de restaurer l'ordre dans un monde aux mœurs dégradées, et son dégoût pour ce monde. Il est rendu inapte à l'action. Le seul domaine dans lequel il s'illustre est le langage dont il dénonce la vacuité.
Le conflit intérieur dont il est victime, en symbolisant la lutte du personnel contre le collectif, marque l'émergence de l'individualisme, encore incapable de s'accomplir.

La force du hasard : 
C'est une succession de hasards et non la volonté humaine qui décide du sort des personnages et qui entérine la vengeance du roi assassiné. 

3. Hamlet, miroir de l'instabilité humaine : une pièce en mouvement
a. Les déplacements géographiques des personnages
Les abords et les salles du château, la maison de Polonius, le cimetière, les voyages…
La succession des lieux représentés ou évoqués favorise la modification des comportements et matérialise l'écoulement du temps. 
b. L'écoulement du temps
La durée rend possible l'évolution psychologique des personnages et la réorientation de leurs actes (Claudius se sent coupable de son crime et souhaite s'attacher Hamlet, avant de commanditer par deux fois son assassinat).
c. Les rebondissements de l'action
Outre la versatilité de personnages en proie à un conflit intérieur (Claudius, Hamlet), les actes des uns dépendent des actes des autres (le désir de vengeance d'Hamlet engendre la mort de Polonius qui engendre le désir de vengeance de Laërtes), comme du hasard (l'enlèvement d'Hamlet par des pirates incite Claudius à fomenter un nouveau complot à l'origine de la perte de tous).
Cette réaction en chaîne qui constitue l'action de la pièce en montre le pessimisme : l'homme ne peut maîtriser son destin.
d. Une langue poétique variée

L'action dramatique et son expression poétique sont intimement liées.

Double entente, double détente.
Abondance des métaphores et vivacité des images, énigmes, jeux de mots.

Vers et prose.
Insertion de vers dans un texte en prose : la pièce jouée par les comédiens, les chansons d'Ophélie et des paysans du cimetière.

Paroles rapportées.
Les chansons populaires, la pièce de théâtre, les lettres d'Hamlet.

Langue soutenue et langue vulgaire.
Le langage de la Cour, le dialogue burlesque des paysans au cimetière, la grossièreté d'Hamlet envers Ophélie.

Comique et tragique.
Au sein de la tragédie, le comique apparaît dès qu'un personnage de basse extraction entre en scène. Les personnages populaires ménagent, par le rire qu'ils suscitent, des pauses dans l'action. Les tensions sont temporairement oubliées, et le divertissement comique favorise la détente du spectateur.

e. Le Théâtre dans le théâtre

Une pièce dans la pièce.
La Souricière, pièce enchâssée, révèle aux personnages le meurtre du roi, et aux spectateurs que le monde est un théâtre.

La folie jouée.
Le masque de la déraison est l'occasion pour Hamlet de lever le voile sur la réalité d'un monde livré au chaos (passions, meurtre), où tout n'est qu'hypocrisie et apparence. La folie feinte justifie aussi aux yeux des personnages la versatilité d'Hamlet, en quête d'authenticité (attraction-répulsion : cruauté envers Gertrude et Ophélie qui, en tant que femmes, incarnent le dégoût du héros pour la chair, et amour qu'il leur porte). 

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