Quelle réaction l'occupation française en Espagne
provoque-t-elle ?
1. L'art face à un événement tragique
a. Un épisode brutal
Alors qu'on est en plein blocus continental, en février
1808, Napoléon envoie le maréchal Murat au
Portugal, allié du Royaume-Uni. Mais les
Espagnols, qui viennent d'apprendre que la famille
royale (des Bourbons) doit être retenue prisonnière
à Bayonne, se soulèvent contre les troupes
françaises le 2 mai. Le lendemain, 3
mai 1808, les Français organisent une féroce
répression.
b. Un peintre exprimant l'horreur de la guerre
Goya (1746-1828) est un des plus grands peintres espagnols. Il
est le peintre officiel de la cour d'Espagne, mais
néamoins sensible aux idées des
Lumières et de la Révolution
française. Rapidement pourtant, l'horreur de la
guerre le pousse à s'engager,
à travers sont art, aux côtés des
patriotes espagnols.
2. Deux œuvres très fortes
Il peint le Dos de Mayo (deux mai) et
le Tres de Mayo (trois mai) en 1814,
soit six ans après les événements.
a. Le Dos de Mayo
Ce grand tableau (266 x 345 cm) se trouve au musée du
Prado à Madrid. Dans une rue de la capitale, des soldats
français (en particulier des Mamelouks,
c'est-à-dire des guerriers ramenés d'Egypte par
Napoléon) sont attaqués par des Espagnols qui se
jettent sur eux et leurs chevaux avec des couteaux. Goya insiste
en particulier sur
le déchaînement de
violence. Rien ne manque en effet ni le sang
versé, ni les grands gestes des révoltés
espagnols brandissant leurs poignards.
L'affolement des chevaux est perceptible. Une
foule s'agglutine autour des combattants des deux camps. Au sol,
plusieurs corps sont allongés. Ils semblent morts, tandis
que les chevaux affolés les piétinent.
b. Le Tres de Mayo
Ce tableau (mêmes dimensions et même lieu que le
Dos de Mayo) apparaît très différent
du précédent. Il représente
la
répression menée par les Français,
aux ordres de Murat contre les insurgés espagnols. Ils ont
été arrêtés, et ils sont en train
d'être fusillés.
Ce tableau figure des soldats campés sur leurs jambes,
dans une position stable.
Des cadavres se vident de leur sang et jonchent le
sol.
Au centre, un homme lève le bras. Sa chemise blanche
constitue le point lumineux et central du tableau, celui sur
lequel se porte le regard.
Au loin, dans la nuit, on apperçoit un village dont on
distingue essentiellement le clocher, symbole du christianisme
et de tout village en Occident.
L'essentiel
Goya évoque dans cette oeuvre picturale un
épisode sanglant des guerres napoléoniennes
menées contre l'Espagne. Les insurgés espagnols,
qui se révoltent contre la présence
française, sont brutalement réprimés : les
deux tableaux montrent la violence de ces scènes, d'un
côté les Espagnols attaquant l'armée
française, de l'autre les Français punissant les
révoltés.
Ces deux tableaux, créés dans un contexte
particulier, ont pris une portée universelle, et ont
influencé des oeuvres comme celles des peintres Manet et
Picasso.