Conformité et déviance
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- Comprendre les liens entre intégration et déviance.
- La déviance est avant tout le résultat d'un défaut d'intégration sociale. Les marginaux et les délinquants sont pour l'essentiel des personnes subissant un arbitraire social, qui ne leur permet plus de respecter la conformité sociale.
- La déviance est de plus bien souvent accentuée par le regard des autres et par l'étiquetage des personnes déviantes. La stigmatisation qui s'ensuit limite bien souvent les possibilités de réintégration sociale.
Par ailleurs, on ne saurait oublier le caractère relatif de la déviance, puisque l'on sait que les normes et valeurs de toute société sont en perpétuelles renégociations. Il est possible de catégoriser la déviance en deux ensembles :
- La marginalité en est la forme la plus courante. Un marginal est un individu qui ne respecte pas certaines normes sociales, sans pour autant être un délinquant. La marginalité n'a donc pas forcement de sanctions juridiques, elle reste néanmoins le pendant d'un jugement collectif négatif sur une conduite ou sur une manière d'être.
- La délinquance, qui prend la forme de crimes et délits, est quant à elle prise en charge par les institutions judiciaires. Les sanctions appliquées par la société font donc l'objet d'un code, prévu par la loi.
Les explications de la déviance sont nombreuses.
Pour E. Durkheim, les comportements
déviants sont le reflet d'une situation
d'anomie. Ce terme désigne une
perte des repères sociaux, du fait d'un
relâchement des normes et des valeurs ou de
l'absence d'instance de régulation. C'est ainsi
que pour Durkheim, les suicides sont une forme de
déviance, qui toucherait plus
particulièrement les individus peu
socialisés ou mal intégrés.
La déviance peut aussi témoigner d'un
conflit entre but et moyen lorsque,
par exemple, l'attitude conformiste ne permet pas
d'accéder à un minimum de reconnaissance
sociale. Certains utilisent alors des moyens non
conformes comme le vol, pour accéder aux valeurs
privilégiées de la société
comme le matérialisme. Dans ce cadre là,
il ne faut pas négliger le calcul
d'opportunité vis-à-vis du crime
(les plus défavorisés n'ont pas grand
chose à perdre).
Doc 1 : Le vol, moyen non conforme aux règles sociales pour accéder au matérialisme |
Un conflit culturel peut enfin exister
entre des groupes différents ou récemment
intégrés, comme l'ont montré les
sociologues W. Thomas
et F. Znaniecki dans leur étude
sur les nouveaux immigrés aux États-Unis.
Regroupés dans les quartiers pauvres, ils sont
notamment confrontés à la contradiction
entre leurs cultures communautaires et la culture
américaine individualiste.
Quelle que soit l'explication retenue, la
déviance reste donc toujours le résultat
d'un défaut d'intégration
sociale. Il faut alors s'interroger sur les
origines de ces dysfonctionnements et rechercher les
causes de l'exclusion.
La nature déviante d'un acte dépend
très largement du regard qu'on lui porte. Cette
théorie de la déviance comme
étiquetage a été
développée dès les
années 1960 par le sociologue
américain Howard S. Becker.
L'étiquetage est ainsi
l'attitude d'identifier des individus déviants
et de marquer sa désapprobation. Cette
identification conduit à limiter la
capacité de ces personnes à rejoindre le
corps social conforme, puisqu'ils seront souvent
jugés à l'aune de leurs actes
déviants passés.
Ainsi, un ancien détenu aura les plus grandes
peines à se réinsérer, et à
trouver un travail. Cet étiquetage
entraîne dès lors une véritable
stigmatisation sociale durable. Cette
stigmatisation peut finalement empêcher toute
réintégration : certaines personnes
adopteront l'attitude appropriée à
l'étiquette qu'on leur porte,
c'est-à-dire qu'ils agiront en déviant de
manière définitive.
Il suffit de prendre l'exemple du cadre urbain et périurbain, qui fournit une bonne illustration de ces phénomènes : certains lieux d'habitation deviennent un véritable stigmate aujourd'hui. Habiter un quartier difficile en banlieue revient bien souvent à subir une exclusion sociale, économique et culturelle. À cela s'ajoute aussi le sentiment d'une véritable ségrégation d'une partie de la population. Cette disqualification sociale et la perception de l'exclusion accroissent alors le ressentiment de ces « inutiles au monde ». Cela explique pour une large part les comportements délinquants propres aux banlieues, sans bien sûr les justifier ou les excuser.
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