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Conflits de patrimoine : les frises du Parthénon depuis le XIXe siècle

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Objectifs
  • Connaitre le conflit qui oppose le Royaume-Uni et la Grèce concernant la conservation de la frise du Parthénon.
  • Comprendre les enjeux de la restitution du patrimoine culturel des pays spoliés.
Points clés
  • Les marbres du Parthénon d'Athènes sont prélevés, sous l'ordre de l'ambassadeur du Royaume-Uni, Lord Elgin, suite à accord avec le gouvernement turc, alors que la Grèce est sous domination coloniale.
  • Depuis l'indépendance de la Grèce en 1821, la question des marbres du Parthénon empoisonne les relations entre la Grèce et l'Angleterre.
  • À ce jour, l'Angleterre n'a toujours pas restitué les marbres. 
1. Les marbres d’Elgin

Les marbres du Parthénon constituent une œuvre d’art réalisée dans l’Antiquité, au Ve siècle avant notre ère, par le sculpteur Phidias à Athènes.

Ils sont principalement constitués d'une frise en bas relief qui était installée tout autour du temple dédié à Athéna sur l’Acropole d’Athènes.

Le Parthénon, gouache sur papier, Harry Green ǀ © Look and Learn / Bridgeman Images Le marbre représente la procession des Panathénées lors de la fête en l’honneur de la déesse protectrice. Toute la société athénienne défile pour honorer la déesse : l’aristocratie à cheval, les hoplites (guerriers à pied), les magistrats, les jeunes filles (les ergastines).

Au début du XIXe siècle, la Grèce n’est pas un État indépendant, elle est sous domination ottomane jusqu’en 1830, date à laquelle elle se soulève et devient un État souverain.

La Grande Bretagne, la première puissance mondiale qui construit son empire colonial et rayonne sur le monde par ses richesses et ses premiers musées, prélève une grande partie des marbres du Parthénon suite à un accord avec le gouvernement turc. Lord Elgin, l’ambassadeur du Royaume-Uni prend possession d’une partie de la frise et l’expédie à Londres en 1802.

En 1816, le gouvernement anglais achète l’ensemble de la frise pour le British Museum. Le musée britannique, créé en 1753, est en plein développement et accumule les objets anciens grâce au rayonnement mondial de la monarchie. Quelques années plutôt, en 1801, profitant de la campagne de Napoléon en Égypte, le musée avait déjà acquis la pierre de Rosette, ce qui avait permis la traduction des écritures anciennes pharaoniques.

2. Un acte de spoliation condamné dès le XIXe siècle

Le dépouillement du Parthénon de sa frise monumentale est perçu dès le début comme un acte de spoliation, une dépossession d’un patrimoine national, alors que la Grèce est en lutte contre les Ottomans et cherche la voie de l’indépendance. Arracher la frise à son monument d’origine est une atteinte à l’identité et à l’histoire nationale.

Dès 1811, le poète romantique Lord Byron dénonce dans son poème La malédiction de Minerve, un acte prédateur. Il imagine un dialogue entre Minerve (Athéna pour les Romains) et le Lord Elgin, dans lequelle Minerve dit :

« J’ai échappé aux ravages des Turcs et des Goths, mais il a fallu que ton pays envoyât un spoliateur qui les surpassât tous. »

Depuis l’indépendance de la Grèce en 1830, la question des marbres empoisonne les relations entre la Grèce et l’Angleterre. En 1834, le roi Othon de Grèce demande la restitution de la partie de la frise détenue par le gouvernement britannique, et tente même de la racheter. En effet, environ deux-tiers de la fresque de 160 mètres est exposée à Londres. C’est le début d’un conflit patrimonial dont l’issue n’est toujours pas tranchée aujourd’hui.

British Museum – Elgin Room, dans laquelle est exposée la frise du Parthénon, gravure ǀ © Look and Learn / Peter Jackson Collection / Bridgeman Images

Les Anglais affirment que cette œuvre n’a pas été spoliée mais récupérée dans le cadre d’un accord avec le gouvernement turc. Les Grecs répondent qu’ils n’ont pas été consultés et que le pays était sous domination étrangère, cet accord est donc illégitime, la frise doit retrouver son lieu d’origine.

3. Un bras de fer entre la Grèce et l’Angleterre

150 ans plus tard, le conflit est relancé lorsque le gouvernement grec, au début des années 1980 saisit l’UNESCO afin de trancher le litige entre les deux pays.

Le bras de fer se poursuit et la Grande Bretagne trouve de nouveaux arguments afin de conserver les marbres. Elle affirme que la Grèce de cette époque n’est pas en mesure d’assurer la sécurité et la conservation de cette œuvre d’art.

En 2009, un musée moderne est crée, c’est le musée de l’Acropole, qui doit accueillir l’ensemble de la frise dans des conditions idéales de conservation. Une partie de la frise y est exposée : les éléments qui étaient restés en Grèce, soit environ un tiers de l’œuvre originale. Mais la plus grande partie est toujours détenue par les Anglais qui réitèrent leur refus.

Le musée de l'Acropole d'Athènes, construction ultra moderne, attend toujours la restitution des marbres du Parthénon ǀ © fazon1 – iStock

La France dispose également de trois fragments de la frise, qui ont été acquis et qui sont exposés au Louvre suite aux campagnes napoléoniennes, mais elle refuse également de les rendre aux Grecs, qui souhaitent pourtant rassembler toutes les pièces manquantes dans le musée de l’Acropole.

Aujourd’hui le bras de fer continue et l’Angleterre n’est pas à cours d’arguments pour conserver ces œuvres d’art.

Inspirée par la notion de patrimoine mondial de l’humanité, dont l’UNESCO en est l’expression, les Anglais évoquent la dimension mondiale des marbres d’Elgin. En effet, Londres affirme que la frise n’appartient pas à la Grèce mais à l’humanité tout entière. Le British Museum est à même de l’exposer au monde dans des conditions privilégiées. Bien évidemment, la Grèce ne l’entend pas ainsi. Le patrimoine grec doit revenir dans son pays d’origine et être exposé là où il a été créé :

« Aussi bien ces hommes et ces femmes démunis demandent-ils que leur soient restitués au moins les trésors d'art les plus représentatifs de leur culture, ceux auxquels ils attachent le plus d'importance, ceux dont l'absence leur est psychologiquement le plus intolérable. »
Amadou-Mahtar M’Bow, ancien directeur de l’UNESCO, en 1978

Le nouveau premier ministre grec élu en 2019, Kyriakos Mitsotakis, a demandé à ce que la frise soit prêtée à Athènes pour la célébration du 200e anniversaire de l’indépendance, en 2021. Les Anglais acceptent ce prêt à condition que la Grèce reconnaisse que les marbres sont la propriété du British Museum. Demande inacceptable pour Athènes qui, bien évidemment, décline et demande à nouveau la restitution.

4. La question des marbres : les statues qui cachent la forêt

L’entêtement britannique peut sembler étonnant, mais restituer ces œuvres serait ouvrir la boîte de Pandore, puisque de nombreux pays demanderaient la rétrocession des biens pillés au cours des XIXe et XXe siècle.

D’ailleurs, l’Angleterre n’est pas la seule concernée, la plupart des pays du monde regorgent d’œuvres d’Art étrangères. Nombre d’entre elles ont été acquises dans des conditions illégales et illégitimes.

Exemple
Le musée du Louvre et le musée des Arts Premiers, à Paris, sont une vitrine des arts africains et asiatiques. Ils détiennent des éléments clés du patrimoine de nombreux pays d’Afrique Subsaharienne. Les collections publiques en France contiennent 90 000 œuvres du patrimoine africain.

Aujourd’hui, à l’image de la Grèce, des nombreux États réclament la restitution de ces biens qui sont indissociables de l’identité et des pays dont ils sont issus. Les musées européennes refusent, car ils perdraient leur raison d’être. En revanche, ils proposent une intense circulation de ces œuvres, à travers des prêts temporaires, afin qu’elles puissent séjourner quelques temps dans leur pays d’origine.

L’exemple des marbres athéniens montre que les conflits pour le patrimoine et sa propriété sont plus que jamais d'actualité, et que la question des restitutions risque d’être particulièrement complexe et conflictuelle dans l’avenir.

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