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Zazie dans le métro : lecture méthodique, le monologue de Gabriel

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Objectifs
- Étudier une forme monologuée.
- Rappels sur l'intertextualité.
- La parodie.
Tous les numéros de page font référence à l’édition Zazie dans le métro de la collection Folio de Gallimard.

Charles
a emmené Zazie et son oncle visiter la Tour Eiffel. Or, ce dernier, pris de vertiges, est descendu puis a vu Charles quitter les lieux, prétextant la nécessité de s'éloigner de Zazie qui lui posait des questions embarrassantes. Laissé seul et attendant sa nièce, Gabriel se lance dans son monologue.
1. Le monologue de Gabriel
a. Une contemplation de la vie et de son effervescence
Gabriel se lance dans un soliloque, autrement appelé monologue, c'est-à-dire qu’il va tenir un discours qui n’a comme destinataire que sa propre personne.

Il en profite pour contempler l’effervescence humaine et faire des remarques sur la vacuité d'une existence vouée à la mort (L. 11). Les humains semblent s’agiter en vain sans que cela n'ait de sens. D’ailleurs, l’écriture adoptée mime cette vie grouillante et vaine notamment grâce aux structures binaires des phrases : « monter, descendre, aller, venir… » (L. 2)

Cette réflexion, plus profonde que les échanges dialogués du reste de l’œuvre est également remarquable par le niveau de langue employé. Une fois seul avec lui-même, la langue devient correcte : « je ne sais en ce moment.. ».
b. Une mise en scène peu crédible
La dramatisation est un procédé très présent dans l’œuvre de Queneau et ce passage ne fait pas exception. En effet, si le monologue entame une réflexion plus profonde et sérieuse que dans le reste du roman, elle est aussi traitée sur le mode de la dérision.

La forme monologuée est critiquée dans le théâtre depuis le 17e siècle. Elle était jugée peu crédible dans l’action. L’ironie de l'auteur qui décrédibilise ce passage est présente dès le début car le monologue est introduit par « il médita ». Cet acte est censé prendre du temps et non pas durer seulement quelques secondes. Il s'agit donc d'une fausse réflexion.

Par ailleurs, le succès que rencontrera Gabriel auprès des touristes à la fin de son monologue renforce cette idée. On a l'impression d'une pensées peu profonde accessible par tous.

Enfin, la dernière phrase de son monologue « Mais que vois-je par-dessus les citrons empoilés des bonnes gens qui m’entourent ? » (L. 27) est une parodie des phrases de transition de la fin des monologues, lorsque le personnage doit revenir à la réalité pour interagir avec d’autres personnes. La transition se fait également par le changement du registre de langue qui redevient familier.
c. Une pause dans le récit
Seul, puisque Charles est parti et que Zazie est encore dans les hauteurs de la Tour, Gabriel a, pour une fois, le loisir de laisser aller ses pensées sans contraintes. Depuis l’arrivée de sa nièce, il s’agit de la première pause dans le récit. Les actions s’enchaînaient, les rencontres également.

Ce ralentissement est notable dans l’écriture même de l’auteur car les phrases sont beaucoup plus longues que dans le reste de l’œuvre, plus construites. Cet ordre représente la progression de la pensée de Gabriel dont les réflexions, loin d’être chaotiques, suivent une logique.

L’auteur crée donc un effet de contraste tant au niveau de la langue, de la profondeur de la réflexion que du rythme de son œuvre.
2. Jeu littéraire et humour
a. L'intertextualité
Toujours dans un souci de jeu, l’auteur a glissé quelques références littéraires discrètement. Elles permettent de créer un lien, avec le lecteur suffisamment averti pour les trouver et, de ce fait, noter l’écart par rapport au reste du roman qui paraît plus familier et facile d’accès. Cela donne une profondeur au texte et le lecteur réalise à quel point le roman est travaillé et pétri d’une culture littéraire : 

- L’être et le néant, Jean-Paul Sartre.
- « Être ou ne pas être » est une référence au Hamlet de Shakespeare qui avait lancé cette aporie ontologique (questionnement sur l’Homme auquel il n’y a pas de réponse).
- « Je suis vivant et là s’arrête mon savoir » peut faire référence à Descartes avec sa fameuse phrase « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. »
- Par ailleurs, la référence aux monuments de Paris comme étant les gardiens du temps qui passe, observateurs de la finitude de l’Homme, n’est pas sans rappeler le Pont Mirabeau d’Apollinaire.
b. Le lyrisme de Gabriel
→ Gabriel semble se laisser aller à des accès de lyrisme spontané. Ainsi parle-t-il de la finitude de l’Homme, un topos littéraire qui explique que chaque homme est voué à la mort, avec les métaphores conjuguées « des forceps » et du « corbillard » (L. 15)

→ On retrouve également le topos du temps qui passe inéluctablement.

→ Enfin, on voit une forme de musicalité par la longueur des phrases qui suggère une certaine langueur et un travail sur les assonances et les allitérations :
« Je ne sais en ce moment précis » (L. 23)
« Je ne sais que ceci »

→ La structure binaire présente une forme de redondance musicale, un thème qui revient.
« Du taximane enfuit dans son bahut locataire »
« Ma nièce suspendue à trois cent mètres dans l’atmosphère » (L. 21)

→ La répétition de sons en fin de proposition laisse suggérer une construction poétique rimée. Ceci est d’ailleurs corroboré par la référence à un alexandrin blanc (L. 25). « Alexandrinairement » est un néologisme.
« Les / voi/ là/ pres/que /morts //, pui/qu’ils /sont /des / ab /sents. /» (6//6).
On remarquera la césure à l’hémistiche ainsi que les coupes dans le vers qui lui donne une régularité proche de tétramètre.
c. Jeu avec le lecteur
Comme dans l’incipit, l’auteur joue à brouiller les niveaux du roman. Ainsi le personnage s’adresse-t-il directement à l’auteur pour le critiquer, comme s’il était doué d’une forme d’autonomie, qu’il n’était pas soumis à sa volonté et qu’il avait conscience de son statut de personnage. Cette perméabilité des niveaux de lecture se manifeste dans la parenthèse « (oh ! pardon) »  (L. 9).

Le monde de l’auteur, stéréotypé est présenté au lecteur par le personnage qui met en avant l’idiotie du créateur ainsi que son outil « la machine » (L. 9).

Le fait de tourner en dérision l’auteur et de se moquer de lui crée une connivence supplémentaire, une forme de jeu entre le personnage et le lecteur. Il s’agit ici de désacraliser la littérature pour lui redonner son aspect ludique, créateur et plaisant.
3. Une vision de la condition humaine éphémère
a. La finitude de l'Homme
C’est le thème dominant de cet extrait. Gabriel met en perspective la finitude de l’humanité comme étant inévitable. Ainsi trouve-t-on un champ lexical de la Mort très développé. Par ailleurs, il est associé au temps qui passe ce qui accentue encore la fatalité de la condition humaine. Une référence à « l’humus » de Paris n’est pas sans évoquer le retour, déjà annoncé de l’Homme à la poussière au terme de son existence terrestre : (L. 18) « Tu es poussières et à la poussière tu retourneras » (Genèse, 3 :19).

Parallèlement, cette vie éphémère de l’Homme est mise en opposition avec les monuments de Paris qui semblent inébranlables et qui incarnent le permanent. Le temps ne s’écoule pas à la même vitesse.
b. Le cycle de la vie
Enfin, Gabriel évoque régulièrement le cycle de la vie. Ceci est d’ailleurs manifeste dans la construction des phrases. L’homme monte et descend, va et vient, s’agite inutilement. Les parallélismes de construction mettent en avant ce cycle qui se renouvelle sans cesse, sans logique apparente. L’Homme naît, vit et meurt (L. 12-14).
L'essentiel
Ce monologue n'est donc pas placé là par hasard. Il constitue une pause dans le récit qui permet au lecteur de mieux découvrir l'intériorité du personnage de Gabriel. Cependant, si la réflexion sur la finitude de l'Homme et la fatalité de la condition humaine est manifeste, l'auteur ne lui accorde pas le tragique ou la noblesse scripturale attendue. Là encore, il tourne en dérision ce qui devrait être sérieux. Il manipule la langue, détourne les règles de l'écriture et joue avec le lecteur en faisant des références discrètes qui lui permette d'envisager pleinement la subtilité de l'écriture.

Il s'agit donc d'un passage important pour comprendre la quête scripturale de renouvellement de l'auteur.

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