Une guerre totale
Les médias, gagnés par la fièvre nationaliste et patriote, glorifient également la défense nationale. L'année 1914 est même une période de « bourrage de crâne » durant laquelle la propagande se fait grossière pour dénigrer les soldats ennemis et glorifier les vertus du soldat national. On fait aussi appel à des mythes fondateurs comme la lutte de saint Georges contre le dragon symbolisant l'Allemagne en Grande-Bretagne ou la lutte contre la pieuvre anglaise en Allemagne.
Si la propagande dure pendant toute la guerre, elle se fait moins outrancière passé la première année de conflit. La gloriole des « planqués » de l'arrière porte en effet un dur coup au moral des soldats confrontés à un ennemi bien réel et plus coriace que ne le dépeignaient les « va-t-en-guerre » patriotes de l'arrière. Les informations se font d'ailleurs plus rares : la censure contrôle les images et masque les faits réels pour limiter l'impact de la guerre sur le moral des civils. Les images réelles du conflit sont rares et les « actualités » souvent réalisées en studio.
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Doc. 1. Affiche de propagande incitant les civils américains à s'engager dans l'armée |
Les colonies aussi sont mobilisées. En France par exemple, les tirailleurs sénégalais sont employés au front alors que les Annamites (d'Indochine) se voient utilisés par le génie civil pour construire ponts et routes. Du côté anglais, plus d'1 million de soldats des colonies sont engagés, dont 600 000 Canadiens et 400 000 Australiens.
La recherche d'alliés durant toute la guerre permet aussi d'augmenter les effectifs en présence, puisque la différence dans cette guerre grande dévoreuse d'hommes doit se faire sur le nombre.
En 1914 sont en guerre, du côté de l'Entente, la France, le Royaume-Uni, la Russie, la Serbie, le Japon. Du côté de la Triplice, on retrouve l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Empire ottoman (novembre 1914). Encerclée et soumise au blocus anglais, l'Allemagne s'allie à la Bulgarie pour rompre l'encerclement (1915). La stratégie périphérique de l'Entente lui rallie l'Italie et la Grèce (1915), puis la Roumanie et les Arabes (1916) et enfin les États-Unis en 1917 (mais aussi la Chine, le Brésil...).
La guerre est donc mondiale et se déroule sur plusieurs fronts : à l'Est de l'Europe, à l'Ouest, dans les Balkans, dans le désert d'Arabie, en Italie, en mer du Nord et dans l'Atlantique, sans compter les escarmouches dans les empires coloniaux.
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Doc. 2. Les tirailleurs sénégalais sont envoyés en première ligne |
La population doit aussi financer la guerre en participant aux emprunts de guerre lancés par les États qui drainent l'épargne pour armer les troupes. L'essentiel des ressources partant pour les fronts, la vie est parfois dure à l'arrière. En Allemagne par exemple, l'hiver 1916 est surnommé « l'hiver des rutabagas » en raison du ravitaillement qui oblige les populations à se contenter de ce légume.
Enfin, l'ensemble de la population est mobilisée : les scientifiques doivent inventer des armes nouvelles, les artistes sont engagés dans des tournées au front. En Allemagne on instaure même le travail obligatoire en décembre 1916 pour produire davantage.
Le système dans lequel fonctionne la guerre reste libéral, l'État est donc obligé de faire appel à des grandes entreprises qui produisent pour lui des armes qu'il achète (et parfois au prix fort) comme Krupp en Allemagne ou Renault en France. Pour pouvoir payer ces fournitures, les gouvernements ont recours à l'emprunt auprès des banques et des pays étrangers, mais aussi auprès de l'épargne populaire (emprunts de guerre). Ils font aussi fonctionner la planche à billets pour pouvoir rembourser leurs dettes, ce qui entraîne une inflation importante et une dévalorisation de la monnaie.
Les usines appliquent les méthodes tayloristes pour pouvoir produire plus vite et davantage (en France, on passe ainsi de 4 000 obus/jour en 1914 à 160 000 en 1916). Elles utilisent pour cela une main-d'œuvre bon marché et corvéable : ouvriers spécialisés ramenés du front ou femmes qui hésitent à se rebeller contre des conditions de travail très dures et de maigres salaires face à l'inflation, à cause de l'enjeu du conflit. Cependant, des grèves voient le jour en 1917 en Grande-Bretagne et en France et les travailleurs obtiennent une amélioration de leurs conditions de travail.
Certains entrepreneurs font ainsi de bonnes affaires et l'on parle parfois de « profiteurs de guerre ». Le conflit bénéficie aussi à des États « nouveaux » qui voient leur commerce extérieur se développer comme le Chili ou les États-Unis, qui fournissent l'Entente en matières premières et en matériel.
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Doc. 3. Les femmes travaillent dans les usines |
La machine économique doit donc répondre à ces besoins, et les pays se mobiliser, trouver des ressources et des alliés pour réussir à faire la différence avec le bloc ennemi. La guerre est donc totale et mondiale.

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