Smith
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Reste que, selon Smith, et d'une manière plus générale, ce qui relève de l'économie ne relève pas de la morale. On lui reprochera donc, sur le plan économique, ce qu'on a reproché à l'homme politique et philosophe italien Nicolas Machiavel (1469-1527) sur le plan politique, à savoir de séparer radicalement les questions politiques des questions morales.
Inséparable du libre-échange, la théorie dite de "la main invisible" relève de la conviction suivante : les actions guidées par l'intérêt individuel - par l'égoïsme, donc - concourent à l'épanouissement économique des pays. En poursuivant son propre intérêt, l'individu contribue à créer les conditions de réalisation de l'intérêt général. L'égoïsme n'est pas, à ce titre, un sentiment immoral, dans la mesure où il contribue à l'utilité publique : "tout en ne cherchant que son intérêt personnel, [l'individu] travaille souvent d'une manière bien plus efficace pour l'intérêt de la société, que s'il avait réellement pour but d'y travailler" (Enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations, Livre IV, chapitre 2).
La "main invisible" correspond, par conséquent, à une sorte de providence, d'heureux hasard, qui font qu'en poursuivant son 'intérêt particulier, l'individu contribue à la bonne santé du tout.
On retrouve une idée similaire à celle de
"la main invisible" chez Bernard
de Mandeville, médecin et philosophe
hollandais, dans l'ouvrage intitulé La fable
des abeilles, paru en 1714. L'idée selon
laquelle les "vices privés" concourent au "bien
public" est exprimée dans la fable. Montrant
comment l'orgueil et la vanité des hommes -
prétendus vices - et comment encore la modestie
ou l'honnêteté - prétendues vertus
- produisent les effets inverses de ceux attendus,
La fable des abeilles provoque, au
18ème siècle, un
véritable scandale, dans la mesure où,
finalement, les vertus sont présentées
comme des vices, et les vices comme des vertus. En
effet, les premières ne sont aucunement utiles,
tandis que les secondes le sont.
Kant, par le biais de
la théorie de "l'insociable sociabilité
des hommes", montre dans
l'Idée d'une histoire universelle d'un point de
vue cosmopolitique (1784) que les tendances
naturelles des hommes sont contradictoires :
spontanément, l'homme est à la fois
sociable et associable. Il recherche en même
temps l'isolement et la solitude, mais aussi la
compagnie de ses semblables. Ainsi, la propension
naturelle que l'homme a de poursuivre son propre
intérêt peut en effet s'avérer
utile à la société : un accord
pathologiquement extorqué en vue de
l'établissement d'une société peut
se convertir en un tout moral. De cette manière,
un défaut (l'égoïsme) peut se
transformer en une qualité.
Demeure en outre du ressort de l'État les affaires relatives à la sécurité, à la paix civile, ou encore à l'éducation des classes les plus pauvres. Smith n'est donc pas hostile à l'État, lequel doit néanmoins encourager le désir des individus d'améliorer les conditions matérielles de leur existence.
Smith s'attaque par exemple au colonialisme et à l'esclavage, et montre qu'il s'agit, dans les deux cas, de deux entreprises d'exploitation extrêmement coûteuses. On le voit, Smith raisonne essentiellement en économiste, et non en moraliste ou en termes d'égalité ou d'inégalité entre les hommes, ce qu'on peut évidemment lui reprocher.
Le travail est finalement, aux yeux de Smith, la valeur centrale de toute
économie, et la seule véritable source de
richesse. Ce ne sont pas la terre, ou encore les
échanges, qui représentent les biens les plus
utiles, mais le travail. Les prix ou les profits, la
combinaison des salaires dépendent finalement de la
valeur que le travail génère ; le travail
seul confère sa valeur au produit. La
monnaie elle-même n'est que l'intermédiaire
des échanges. Les nations s'enrichiront, par
ailleurs, grâce à ces échanges des
fruits du travail des hommes.
Enfin, le terme d'enrichissement, chez Smith, n'est pas synonyme
d'exploitation ou de capitalisme, au sens que prendront ces
termes aux siècles suivants. Smith, considérant que les
machines et les outils ne pouvaient qu'améliorer le
sort des ouvriers, déshumanisés par la
répétition de gestes
mécaniques, a essayé de concevoir un
système grâce auquel les hommes pouvaient
espérer améliorer leur condition de vie.
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