Bergson
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Souvent accusé d'être obscur, Bergson n'en connaitra pas moins une certaine notoriété, et fut même considéré comme un philosophe mondain, puisque "les femmes du monde" venaient assister à ses cours. Il demeure l'une des figures majeures de la philosophie du début du 20ème siècle. Il recevra, en 1927, le prix Nobel de littérature.
Bergson oppose un
temps scientifique, chronologique à un temps
intérieur, abstrait, qu'il nomme "durée".
La durée témoigne de
l'activité authentique de la conscience :
elle est perception du temps véritable, et
se distingue du temps des horloges, c'est-à-dire
du temps scientifique ou objectif. C'est pourquoi
Bergson qualifie la
durée de "donnée immédiate", qui
est simultanément donnée pure : la
durée n'est pas une juxtaposition
d'instants mesurables, qui peuvent s'exprimer en termes
de quantité. Elle est au contraire "le
prolongement ininterrompu du passé dans un
présent qui empiète sur l'avenir".
L'opposition de la durée au temps objectif
rejoint l'opposition entre le moi superficiel,
celui du monde extérieur, qui représente
le moi de la vie pratique ou de la vie sociale, et
le moi "fondamental obscur et profond".
Parallèlement à cette opposition en
surgit une autre, entre la mémoire pure
et la mémoire
habitude. L’une est durée, et
se rapporte à l’intuition ; l’autre
est réglée sur le temps des
horloges.
La pensée intuitive est elle-même relative
à la durée. La durée exprime
elle-même ce temps par lequel nous sommes
directement en contact avec les choses. Le temps
scientifique, lui, ne dure pas.
L'intuition est à ce titre directement lié à la liberté. Or, pour Bergson, les actes libres sont rares, même de la part de ceux qui ont le plus coutume de s'observer eux-mêmes et de raisonner sur ce qu'ils font. Ainsi, la plupart de nos actions quotidiennes, que nous jugeons insignifiantes sont le résultat du déterminisme et non de la liberté, alors même que nous nous croyons libres.
L'intuition nous permet, par conséquent, de
ressaisir la réalité que comme automates
conscients, nous avions laissé échapper,
et l'action libre est de ce fait
directement inséparable d'une
"création continuelle" et d'un "jaillissement
ininterrompu de nouveauté". On comprend
désormais pourquoi Bergson veut mettre en valeur
le concept d'élan vital, lequel est
susceptible de traduire la spontanéité
créatrice de notre conscience pure à
laquelle il attache tant d'importance. En effet, a
montré Bergson
dans L'énergie spirituelle, quand une
action cesse d'être spontanée, elle est
automatique, machinale, et on sait alors que la
conscience s'en est retirée.
La vie elle-même, selon Bergson, échappe aux
explications finalistes et
mécanistes : le finalisme en effet, pose
que l'ensemble des phénomènes naturels
obéit à une
nécessité. Afin d'illustrer
l'idée de finalisme, on cite
généralement l'écrivain
français Bernardin de Saint-Pierre,
qui écrit que "le melon a été
divisé en tranches par la nature afin
d'être mangé en famille". Le
finalisme présuppose, donc, un plan conçu
à l'avance par une intelligence raisonnable et
puissante. L'expression usitée aujourd'hui est
celle de "dessein intelligent". Dans l'option d'une
interprétation mécaniste du
vivant, les êtres vivants sont assimilés
à une machine, et l'organisme humain peut alors,
par exemple, être comparé à celui
d'une montre ou d'une horloge.
Cependant, pour Bergson,
la vie, certes, obéit à une logique,
mais c'est une logique de la création. La vie
n'est pas constituée, elle se fait sans
cesse.
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