Marker
• ses créations littéraires : Le cœur net (roman, 1949), Giraudoux par lui-même (essai, 1952) ;
• ses documentaires : Olympia 52 (1952), Level five (1996) ;
• ses films : notamment L'Héritage de la chouette (1989) ;
• ses photographies ;
• ses installations : Zapping zone (1985-1994), Silent movie (1994-1995).
Son CD-Rom Immemory (1998) rassemble d'anciens documents dans un mélange très subtil d'images et de mots (le texte – commentaires, écrits, témoignages – accompagne l'image markérienne) et reste une somme iconographique et littéraire majeure. L'usager, en cliquant sur tel ou tel signe, s'ouvre un chemin qui lui propose plusieurs bifurcations, il peut s'arrêter sur un élément puis poursuivre ailleurs, à sa guise. Devant Immemory, le spectateur devient voyageur.
Ces films ont une dimension documentaire incontestable, tout comme d'autres (Le Joli mai,1962) qui privilégient davantage le témoignage et qui font penser au mouvement du cinéma-vérité. Marker a toujours refusé ce rapprochement, préférant souligner la subjectivité de son travail, allant même jusqu'à qualifier, non sans esprit, ses œuvres de ciné-ma vérité.
Sa subjectivité ne remet pas en cause la sincérité ou l'objectivité du propos, elle assiste surtout la position centrale qu'occupe Marker qui ne s'efface jamais derrière ses images. Ces images, même si elles conservent un caractère documentaire et qu'aucune mise en scène fictionnelle n'est ressentie, sont présentées avant tout comme des fragments de sa mémoire. De plus, Marker reste indissociablement lié au genre documentaire, il n'a réalisé qu'un seul film de pure fiction (La Jetée, 1962), avec lequel il a profondément transgressé les codes du dispositif cinématographique.
Cette singularité repose sur une relativisation de l'image, sur sa capacité à communiquer du réel.
L'exemple de Sans soleil est révélateur : les images sont retravaillées au synthétiseur pour que le spectateur n'ait plus l'illusion d'être devant la réalité mais bien devant une image, une trace du réel. C'est ce qu'indique aussi le montage d'une scène répétée plusieurs fois dans Lettre de Sibérie. À chaque fois, le commentaire de la séquence est différent : apologétique puis critique.
Le spectateur prend conscience de la relativité de l'image quant à sa capacité à montrer quelque chose de fiable puisqu'elle est induit toutes les interprétations et accepte les commentaires. L'image dit ce qu'on veut bien lui faire dire.
De son côté, le commentaire littéraire donne corps à une figure d'auteur qui, sans être Marker lui-même (il y aura toujours une autorité sur l'œuvre, c'est-à-dire une figure d'auteur – narrateur, commentateur, personnage, etc.), en devient presque le masque. Ce commentaire illustre, contredit les images ou suit sa propre voie (variations caractéristiques d'un montage latéral). Quoi qu'il en soit, il exprime une relation directe entre la figure d'auteur et ses images, relation qui ne fait toutefois que médiatiser celle que l'auteur-documentariste entretient lui-même avec le monde.
À chaque fois, notamment dans les films de voyage, il y aura toujours un passage mystérieux qui échappera au sens, à la chronologie, à l'unité de l'espace, à l'unité du temps. La logique du passage pourrait rester suspecte, non qu'elle serait dénuée de force, mais sa force serait telle qu'elle semblerait ne répondre à aucun plan prédéterminé et n'obéir qu'à la spontanéité d'une rêverie, à une association d'idées libre et intime.
Le montage raccorde les plans comme un individu se promène selon ses pensées dans sa propre mémoire.
Cet individu, c'est précisément Marker, « Chris, l'as du montage » (comme l'appelle Laura dans Level five), devenu énonciateur, qui parcourt ses propres images et sa mémoire, ou les laisse visiter à un complice, puis au spectateur. Les associations libres sont assurées par un montage des correspondances (permet par exemple de passer de l'Afrique à l'Asie, le temps d'un raccord de souvenir). Le raccord de souvenir est spécifique de l'œuvre de Chris Marker, il lie un geste, un évènement à d'autres moments passés et semblables.
Chris Marker a appartenu à l'école
française du court-métrage et a toujours
entretenu une relation étroite avec le
cinéma documentaire. Il aime
collecter des images, constituer ses souvenirs pour les
associer librement au gré de ses
impulsions.
Marker monte ses films comme il visite sa mémoire,
puis nous en fait don. Ce montage ne fixe pas de limites
aux images (bande dessinée, fiction et documentaire,
photographies), le voyageur ne limite pas ses territoires.
Il ne visite pas des lieux circonscrits par un projet, une
époque, un récit ou un pays, c'est au
contraire le voyage qui fonde le lieu, lieu qui porte
immanquablement le nom d'Imaginaire (monde d'images intimes
que l'on parcourt au gré de la rêverie).

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