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Christian Schad

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Objectif 
Evoquer le peintre Christian Schad, grand portraitiste au sein de la Nouvelle Objectivité ; il appliquera à l’art du portrait tous les principes de ce mouvement.
Après avoir été un artiste à tendance cubiste et futuriste, puis s’être essayé à l’expressionnisme, Christian Schad (1894-1982) expérimente le dadaïsme dès 1917. Il vit alors à Genève, l’un des principaux centres du mouvement Dada, où il s’est réfugié pour ne pas avoir à faire la guerre. Schad y réalise des photogrammes, que Tristan Tzara appellera les Schadographies, et devient une figure de Dada. Comme pour beaucoup d’artistes de sa génération, Dada sera une transition vers ce qu’on appellera la Nouvelle Objectivité, ramification allemande du « rappel à l’ordre » artistique que l’on observe dans toute l’Europe après la guerre.
Cependant, Christian Schad se réfèrera, plus que tout autre artiste oeuvrant à cette recherche d’objectivité dans la représentation de la réalité, à l’art des maîtres anciens, autant par sa technique que par sa prédilection pour une genre éminemment classique : le portrait, au travers duquel il donnera sa vision de la société dans laquelle il vit.
1. Classicisme de la forme, modernité du propos

Entre 1920 et 1925, Christian Schad effectue un long séjour en Italie, principalement à Naples. Il y découvre notamment la peinture de Raphaël, et plus particulièrement le portrait de La Fornarina, qui l’éblouit et le convainc de renouer avec les moyens classiques de la peinture : naturalisme, illusionnisme, utilisation méticuleuse de la peinture à l’huile appliquée en un glacis lisse et transparent sur la toile.

Il devient portraitiste, et recevra même la commande du portrait du Pape Pie XI. De retour d’Italie, il s’installe à Vienne en 1925, où il fréquente tout ce que la société viennoise compte de demi-mondains, d’excentriques, d’aristocrates décadents, de travestis, etc. C’est alors qu’il adopte véritablement, et donc assez tardivement, les grands principes de la Nouvelle Objectivité, à savoir une ouverture sur la réalité du monde moderne, et sa retranscription voulue comme objective et sans concession. Il le fait cependant avec son propre langage, différent de celui des autres peintres du mouvement. C’est ainsi qu’il continuera à privilégier le portrait par rapport à tous les autres genres. En effet, Schad ne montrera pas explicitement la misère, ni aucun signe d’un quelconque engagement politique. Mais au travers des portraits de Schad se devine un propos acerbe sur la société qui l’entoure.

Ainsi, dans le portrait du Comte Saint Genois d’Anneaucourt, de 1927, Schad représente ce dernier comme un noceur notoire, élégamment vêtu, se tenant droit et digne, encadré par deux personnages équivoques, également en tenue de soirée : de face, une femme et, de dos, ce qui semble être, de toute évidence, un travesti. Alors que la femme paraît observer avec une certaine réprobation le travesti, ce dernier lui renvoie un sourire légèrement narquois, manifestant ainsi son assurance. Schad délivre, au travers de ce portrait, un aperçu de la vie du comte, donne des indices sur son homosexualité latente. Le sous-entendu sexuel est appuyé par la transparence des robes de la femme et du travesti.

En arrière-plan, les paysages idéalisés des portraits de la Renaissance flamande et italienne sont remplacés par une vue nocturne sur les toits et les cheminées de la grande ville ; il se réfère pour cela à une collection de cartes postales et de clichés personnels de Paris. La référence à la tradition, outre le choix du portrait, passe par l’ordonnancement strict de la composition, par le naturalisme des visages et des corps, par le souci du détail, par le traitement de la surface picturale, lisse et transparente, etc.

Par ailleurs, Schad dresse ici, comme dans la plupart de ces œuvres, le portrait psychologique d’un ou de plusieurs individus, à l’aide de symboles qui aident à la compréhension des rapports qu’ils entretiennent entre eux et avec le monde ; mais, même s’il représente des individus issus d’une certaine classe sociale, comme la comtesse Triglion ou le compositeur Matthias Hauer, la dimension politique est absente de son œuvre.

2. Un portraitiste de l’âme

Dans son Autoportrait au modèle de 1927, Christian Schad se livre au même exercice de dissection de l’âme, cette fois appliquée à sa propre personne. A nouveau, il veut se montrer le plus indiscutablement objectif, par un traitement poli, précis, léché, à la limite de la froideur, comme dans le portrait du comte d’Anneaucourt. En revanche, Schad se représente d’une manière qui cette fois-ci n’a pas d’équivalent dans la tradition picturale classique. Il est en effet assis sur un lit, aux côtés d’une femme nue, à demi-allongée ; tous deux sont dans une attitude qui suggère la proximité de l’acte sexuel : s’est-il déjà produit, ce qui expliquerait la distance, l’indifférence qui séparent les deux protagonistes ? Au travers d’un voilage transparent, on devine, là encore, les toits et les cheminées de la ville plongée dans la nuit. Schad égraine les symboles pour suggérer une histoire, laisser entendre ce qui n’est pas dit explicitement.

Ainsi, la femme est défigurée par une cicatrice, qui symbolise la jalousie ; elle porte un ruban noir au poignée droit, qui pourrait être signe de mort et de deuil ; Schad est vêtu d’une chemise transparente verte, qui dévoile son corps mais le sépare un peu plus de sa compagne ; derrière la femme, une fleur se découpe sur le noir de la nuit, une narcisse en l’occurrence, qui renvoi au souci que l’on a de soi, au détriment des autres. La lumière crue, froide, qui éclaire les deux êtres contribue à les isoler encore davantage l’un de l’autre.

En 1928, Schad part s’installer à Berlin. Prenant à nouveau les affres de la solitude et de la sexualité comme thème sous-jascent de ses portraits, Schad peint Les deux amies (aussi appelé Les deux lesbiennes) en 1928. Ce sont deux femmes qui, bien qu’en présence l’une de l’autre, s’ignorent tandis que l’une d’elles se livre à la masturbation : symbole du délaissement, de l’incommunicabilité.

A Berlin, Schad fréquente les cabarets et autres lieux de plaisirs. Il y rencontre certains de ses futurs modèles. Dans les œuvres les mettant en scène, Schad les resitue dans leur cadre familier, jouant sur le décalage existant entre la rigidité de la pose de la figure principale et l’agitation qui règne en arrière-plan ; c’est une fois de plus la solitude de l’individu qui est traitée.

Schad peint également, en 1929, une œuvre plus atypique, mettant en scène de manière aussi froide et détachée que réaliste, avec pléthore de détails, une opération chirurgicale. Dans L’Opération, une demi-douzaine de chirurgiens et d’infirmières entourent un patient en train de subir une intervention à l’abdomen. Il n’y a plus ici d’autre propos que de montrer crûment un pan de réalité.

Christian Schad est aussi un grand dessinateur, et produira également des estampes dont l’ambition est de témoigner plus généralement de la vie citadine et de l’environnement dans lequel elle se déploie. En 1930, il illustre le Guide du Berlin débauché de Curt Morek.

Mais à partir de 1930, l’acuité de la vision de Schad sur le monde qui l’entoure à mesure qu’il travers une crise personnelle. Dès lors, il ne retrouvera plus la puissance expressive de ses œuvres des années 1920.

L’essentiel

Christian Schad sera le grand portraitiste de la Nouvelle Objectivité. Tout au long des années 1920, il peint les portraits de ses contemporains, dans un style qui se veut fidèle à la tradition des maîtres anciens. Il en résultera une œuvre dans laquelle fond et forme concordent pour donner de la réalité une vision incisive et glacée, où règne la solitude des corps et des âmes, incarnée par des modèles choisis parmi les acteurs de la vie décadente de l’époque.

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