La satellisation des démocraties populaires
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1. La progressive prise du pouvoir par les communistes en Europe
centrale et orientale
a. La participation au pouvoir
La plus grande partie de l’Europe centrale et orientale se
trouve, en 1945, sous contrôle de l’Armée
rouge. Dans ces pays, les militaires et les diplomates
soviétiques mettent en place des gouvernements de
coalition, de « front national », où
les communistes jouent un rôle fondamental. Dans ces
gouvernements, on rencontre aux côtés des
communistes, aussi bien des socialistes, des agrariens (membres
des partis paysans), que des démocrates. Dans le premier
temps, les partis communistes, encore peu puissants, collaborent
donc avec d’autres partis politiques. La première
étape du passage à la démocratie populaire
consiste en l’acquisition de postes clés dans les
gouvernements d’union, tels les ministères de
l’Intérieur, de la Justice, de l’Industrie,
etc. Pour cela, l’Armée rouge fait pression sur les
autres responsables politiques : en Roumanie, les militaires
soviétiques obligent le roi Michel à former un
gouvernement contrôlé par les communistes. Il en est
de même en Hongrie.
b. De la tactique du salami au coup de Prague
Une fois maîtres des principaux postes de commande, les
communistes s’attachent à éliminer les autres
tendances politiques, tout particulièrement celles qui
leur sont hostiles. C’est notamment le cas des partis
agrariens qui, en Europe centrale et orientale,
bénéficient du soutien d’une classe paysanne
fort nombreuse.
Dans les différents pays concernés, les partis communistes mènent une politique de surenchère afin de s’attirer la sympathie des paysans et d’affaiblir les partis agrariens.
Ainsi, on promet la confiscation des grands domaines et la redistribution de ces terres aux paysans, gratuitement pour les plus pauvres d’entre eux. Lorsque cela ne suffit pas à diminuer l’audience des partis agrariens, comme en Pologne ou en Bulgarie, on accuse leurs responsables d’espionnage au profit des intérêts américains. Cela permet de les juger et de les condamner, à mort dans le cas notamment de Petkov, chef du parti agrarien bulgare. Lorsque ce premier type d’opposant est neutralisé ou éliminé, les responsables communistes passent alors à un second type : les partis démocrates, souvent liés à la bourgeoisie urbaine. Ce système d’élimination successive des opposants, laissant les communistes seuls sur la scène politique, reçoit le nom de « tactique du salami ». S’y ajoute le noyautage des rouages de l’Etat par les militants communistes, un noyautage d’autant plus facile que partout, les effectifs des partis communistes gonflent de façon spectaculaire (triplement par exemple en deux années en Tchécoslovaquie). Ainsi, entre 1946 (Bulgarie et Albanie) et 1949 (Hongrie et RDA), on assiste à la constitution du bloc des démocraties populaires. L’épisode le plus emblématique est sans doute le coup de Prague, en février 1948 : présidée par le libéral Bénès, la Tchécoslovaquie vit dans une intense tension entre les libéraux et démocrates d’une part et les communistes dirigés par le Premier ministre Gottwald, d’autre part. Après la démission des ministres modérés pour tenter de provoquer de nouvelles élections, Gottwald choisit le coup de force et lance une insurrection populaire, provoquant la démission de Bénès.
Dans les différents pays concernés, les partis communistes mènent une politique de surenchère afin de s’attirer la sympathie des paysans et d’affaiblir les partis agrariens.
Ainsi, on promet la confiscation des grands domaines et la redistribution de ces terres aux paysans, gratuitement pour les plus pauvres d’entre eux. Lorsque cela ne suffit pas à diminuer l’audience des partis agrariens, comme en Pologne ou en Bulgarie, on accuse leurs responsables d’espionnage au profit des intérêts américains. Cela permet de les juger et de les condamner, à mort dans le cas notamment de Petkov, chef du parti agrarien bulgare. Lorsque ce premier type d’opposant est neutralisé ou éliminé, les responsables communistes passent alors à un second type : les partis démocrates, souvent liés à la bourgeoisie urbaine. Ce système d’élimination successive des opposants, laissant les communistes seuls sur la scène politique, reçoit le nom de « tactique du salami ». S’y ajoute le noyautage des rouages de l’Etat par les militants communistes, un noyautage d’autant plus facile que partout, les effectifs des partis communistes gonflent de façon spectaculaire (triplement par exemple en deux années en Tchécoslovaquie). Ainsi, entre 1946 (Bulgarie et Albanie) et 1949 (Hongrie et RDA), on assiste à la constitution du bloc des démocraties populaires. L’épisode le plus emblématique est sans doute le coup de Prague, en février 1948 : présidée par le libéral Bénès, la Tchécoslovaquie vit dans une intense tension entre les libéraux et démocrates d’une part et les communistes dirigés par le Premier ministre Gottwald, d’autre part. Après la démission des ministres modérés pour tenter de provoquer de nouvelles élections, Gottwald choisit le coup de force et lance une insurrection populaire, provoquant la démission de Bénès.
2. La constitution du bloc soviétique
a. La mise en place du contrôle soviétique
Une fois une partie majeure de l’Europe passée sous
influence communiste, il est nécessaire pour les
responsables soviétiques de coordonner l’action
politique et économique de ces différents pays.
Dès 1945, toute une série de liens
bilatéraux avait déjà été mise
en place entre l’Union soviétique et ces pays. Ce
système qui perdure jusqu’à la mise en place
du Comecon (véritable marché commun des
démocraties populaires) établit le rôle
central de l’Union soviétique dans les orientations
économiques des démocraties populaires. Ainsi,
c’est l’Union soviétique qui fixe les
orientations et priorités de la reconstruction puis du
développement industriel et agricole des
démocraties populaires. Bien évidemment, cette
démarche vise à préserver les
intérêts soviétiques. Ainsi le
développement industriel roumain est-il bridé pour
favoriser l’exploitation des ressources minérales et
agricoles du pays en faveur de l’Union soviétique.
Le Kominform constitue une autre pièce maîtresse
dans le contrôle des démocraties populaires.
Créé à l’automne 1947, lors de la
conférence de Varsovie, sous l’égide de
Jdanov, il vise à accroître les liens entre les
partis communistes européens et à coordonner leurs
actions respectives. Dans la réalité, il va servir
de courroie de transmission en faveur de Moscou.
b. Mainmise et alignement sur Moscou
Le durcissement des positions soviétiques à
l’égard des démocraties populaires
n’est pas sans susciter certaines tensions en leur sein.
Cela est particulièrement sensible dans les pays
où, durant la Seconde Guerre mondiale, s’est
développé un mouvement communiste autonome par
rapport à Moscou. C’est notamment le cas en
Yougoslavie où Tito supporte de plus en plus mal la
mainmise de Staline sur le mouvement communiste international. La
crise éclate en 1948. Cette année-là,
Tito, après une série d’initiatives
diplomatiques indépendantes de Moscou, met en cause les
liens économiques qui unissent les démocraties
populaires et l’Union soviétique, liens dont il
estime qu’il sont destinés avant tout à
avantager le développement de l’Union
soviétique, en drainant les richesses des
démocraties populaires et en entravant leur
développement industriel lorsqu’il est susceptible
de concurrencer les industries soviétiques. Par ailleurs,
Staline craint la grande popularité dont Tito jouit dans
les démocraties populaires. Le Kominform va ainsi servir
à dénoncer ce que Moscou qualifie de dérive
« titiste » et tenter de susciter une
opposition interne à Tito en Yougoslavie. La tentative
échoue mais la dénonciation du titisme, à
partir de 1948, va servir à épurer
l’ensemble des partis communiste européens, y
compris aux niveaux les plus élevés, pour remplacer
les dirigeants par des staliniens zélés, souvent
formés en Union soviétique.
L’essentiel
En quelques années, les partis communistes d’Europe centrale et orientale vont sortir d’une participation minoritaire à des gouvernements d’union nationale issus de la résistance pour prendre le pouvoir dans leurs pays respectifs. Mais la mainmise de Moscou se fait peu à peu sentir plus durement, jusqu’à l’élimination des personnalités issues de la résistance par des staliniens formés en Union soviétique.
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