Electre : Lecture méthodique : Acte II, scène 10 - Maxicours

Electre : Lecture méthodique : Acte II, scène 10

1. Le passage
Le passage étudié représente en fait toute la scène 10 qui est la scène finale.
Interviennent le mendiant, Electre, la femme Narsès, les Euménides, un serviteur.
2. Présentation du passage
Bien que ce soit la dernière scène de la pièce, le dénouement s'est déjà produit dans la scène précédente à travers le récit du mendiant. Le spectateur assiste ici à une sorte d'épilogue où il est question de l'avenir après la tragédie.

Le climat tragique persiste encore dans la détresse du peuple dont le représentant est la femme Narsès. L'avenir semble bien compromis pour lui, mais aussi pour Oreste qui sera poursuivi par les Euménides.

Cette scène marque le paroxysme du tragique ; néanmoins, après le cataclysme, la pièce se clôt sur une promesse de renouveau : l'aurore. Malgré cela, une incertitude subsiste qui concerne l'avenir d'Electre.

3. Les axes d'étude
a. L'aspect tragique
La part du tragique ici relève de la part traditionnelle qui est due au destin des Atrides. Giraudoux conserve cette dimension essentielle du mythe.

Plus précisément, le tragique est incarné par les Euménides qui ont désormais atteint la taille d'Electre et qui sont en mesure d'accomplir leur tâche : elles vont entamer leur lutte pour la vengeance. Ce sont également elles qui annoncent le chaos.

La femme Narsès, issue du peuple, accentue quant à elle l'aspect tragique : elle se trouve au cœur du drame, sans y avoir pourtant pris part. De son propre aveu, elle ne comprend pas ce qui arrive ; l'acharnement des dieux n'est en effet dirigé que vers la famille royale, même si le peuple en subit les conséquences. Ce personnage illustre ainsi combien les hommes sont les jouets de la tragédie.

b. Du tragique à l'aurore
La scène s'ouvre donc sur la notion d'anéantissement, comme en témoigne le champ lexical (notamment les verbes) et ce, en accord avec le climat tragique.

Le personnage d'Electre a évolué depuis le début de la pièce : elle a mis en application ses idéaux et est parvenue à aller au bout de son action. Satisfaite de l'anéantissement dont la ville est victime, elle estime avoir remporté une victoire puisqu'elle pense posséder sa conscience, Oreste et la justice. Mais les Euménides lui font prendre conscience que l'anéantissement concerne aussi sa propre personne : elles détruisent ainsi ses certitudes.

Il subsiste néanmoins chez les personnages en présence (Electre, le mendiant et la femme Narsès) la conviction d'une renaissance lorsqu'ils identifient ce moment comme l'aurore. Au début de la scène c'est une lueur, puis on y voit la naissance d'un jour nouveau.
Cependant un tel espoir est aussitôt contesté par les Euménides qui s'attachent à signifier à Electre que sa satisfaction ne tient qu'à peu de choses c'est-à-dire à la justice, ou plutôt sa justice.

c. Condamnation d'Electre ?
Les propos d'Electre sont dominés par le pronom « je » : égocentrique, elle se montre incapable d'avoir une vue d'ensemble de la situation et ne la considère que selon ses propres questionnements.

Son ton est péremptoire (phrases affirmatives et courtes) : elle ne doute de rien et reste convaincue du bien-fondé de son action. Obsédée par l'idée de rétablir la justice, elle reste enfermée dans cette perspective. Dénuée de conscience politique, elle ne semble pas concernée par le massacre d'innocents.

Toutefois, le rôle d'Electre a évolué dans la pièce, au regard de cette scène finale. En effet, si au début elle était la victime dont le père a été tué et dont on veut se débarrasser, elle est ensuite devenue le bourreau qui s'obstine à condamner la ville à la destruction au nom d'un idéalisme moral.

Un dernier retournement s'opère ici puisqu'elle redevient une victime : elle est celle qui reste seule et qui a tout perdu.

De même, il se produit un échange de destins entre Oreste et Egisthe : le premier, de victime devient criminel et vice versa.

4. Conclusion
Jusqu'au bout le personnage d'Electre s'est montré constant dans ses convictions, les poussant toujours plus loin dans l'absolu. Cette intransigeance est néanmoins condamnée par les Euménides qui veillent à ce que ceux qui se vengent soient punis selon la justice des dieux.

Le déroulement tragique ne pouvait être contrarié et conduit à une issue fatale. Toutefois, malgré cette clôture tragique, une lueur d'espoir subsiste.

Le parallèle avec le contexte de l'entre-deux guerres est aisé et Giraudoux fait passer dans la pièce la pointe d'optimisme qu'il s'agit de garder à l'esprit pour l'avenir.

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