De l'emploi typique à l'emploi atypique - Maxicours

De l'emploi typique à l'emploi atypique

1. Un constat statistique
a. L'emploi classique reste la norme
Le monde du travail demeure structuré autour des emplois à temps plein à durée indéterminée (CDI). Ces types d'emplois sont organisés autour de conventions de branches, de grilles de qualification et de rémunérations, de définitions de postes de travail et de niveaux hiérarchiques, etc. Ainsi, ces emplois constituent les normes salariales et sociales en vigueur dans notre pays.

Robert Castel parle de la mise en place d'une société salariale après la seconde guerre mondiale fournissant aux ménages une sécurité de l'emploi et des avantages liés (notamment la sécurité sociale).
Sur l'ensemble des actifs, on peut considérer aujourd'hui que l'emploi classique représente 75 % de l'emploi total. Il semble cependant que l'on assiste au crépuscule de l'ordre salarial d'après-guerre, avec la multiplication des formes atypiques d'emplois.
b. Les emplois atypiques se développent
L'emploi « atypique » se définit par défaut : il s'agit d'un emploi ne correspondant pas à la norme habituelle du travail à temps plein et à durée indéterminée. On peut donc recenser toutes sortes de situations : les contrats à durée déterminée (CDD), les intérims, le travail à temps partiel subi, les stages, etc. Ces emplois concernent de plus en plus de personnes, puisque 6 % des salariés sont aujourd'hui à temps partiel subi (notamment des femmes), alors que le travail temporaire et les CDD se développent :

Date

1982

1997

1999

2006

2010

 Intérim

129 000

330 000

447 000

548 000

467 000

 CDD

311 00

849 000

892 000

1 190 000

1 876 000
Source : INSEE, enquête emploi 2010.

La précarité a fortement augmenté chez les jeunes puisque près d'un jeune sur deux est touché en 2010 contre seulement 18 % en 1980.

Les causes de cette progression sont nombreuses. Les entreprises souhaitent ajuster au mieux leur stock de main-d'œuvre, et développent donc ces formes d'emplois flexibles, en arguant que les procédures de licenciement sont trop lourdes pour des salariés classiques.
Le volant de chômage (part de la population active non occupée, immédiatement disponible, et peu exigeante) est au reste suffisamment étendu pour permettre le recrutement de travailleurs pour des emplois atypiques.

De plus, les nouveaux impératifs de répartitions horaires du temps de travail (pour optimiser l'usage des machines ou pour satisfaire la clientèle par des heures d'ouverture élargies) nécessitent souvent le recours à l'emploi atypique.
2. Des conséquences sociales manifestes
a. La segmentation du marché du travail
On aurait tendance à croire que ces emplois atypiques constituent un marchepied vers des formes d'emplois plus traditionnelles. Cette vision est assez fausse si l'on considère la « dualité » ou la « segmentation » du marché du travail.

Le constat est simple : il existe peu ou prou deux types de marchés du travail. Le premier est constitué des travailleurs en CDI, qualifiés et diplômés, qui, s'ils changent d'emploi, ne changent pas de statut. Le second est constitué des travailleurs condamnés aux formes atypiques d'emplois, du fait de leur manque de qualification, ou de leur origine sociale, et qui enchaînent les « petits boulots ». Or, les deux marchés sont étanches l'un à l'autre, les emplois atypiques ne permettant pas, dans la plupart des cas, d'accéder aux emplois classiques. Outre la dévalorisation personnelle que cela engendre, cette situation empêche d'envisager sereinement l'avenir.
b. La montée des inégalités et de la précarité
La flexibilité est associée très largement à une précarité sociale : les nouveaux emplois « flexibles » ou atypiques n'assurent pas de protection sociale optimale, ni des revenus satisfaisants.

La situation anglaise est de ce point de vue exemplaire, puisqu'on a vu se généraliser la situation de working poors, c'est-à-dire de travailleurs salariés se situant au niveau du seuil de pauvreté. Pour sa part, l'INSEE recense plus de 1.5 million de travailleurs pauvres en France. La multiplication des CDD, des temps partiels ou saisonniers, ne fait finalement que renforcer les situations précaires, du fait de la faiblesse et de l'irrégularité des revenus.

De plus, ces travailleurs s'intègrent peu dans leurs entreprises respectives car ils sont souvent de passage, ce qui constitue à terme une perte de l'identité salariale. On ne peut donc faire l'économie d'une réflexion sur l'intérêt social de la multiplication des emplois atypiques.
L'essentiel
La volonté de flexibilité de l'emploi se traduit par une augmentation continue des formes atypiques d'emplois, notamment sous forme de travail temporaire ou de temps partiels. Les conséquences sociales ne sont pas anodines : le monde du travail est segmenté entre un marché interne et marché externe réservé aux moins qualifiés, connaissant une large précarité pécuniaire et sociale.

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