De l'emploi typique à l'emploi atypique
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1. Un constat statistique
a. L'emploi classique reste la norme
Le monde du travail demeure structuré autour des
emplois à temps plein
à durée
indéterminée (CDI). Ces
types d'emplois sont organisés autour de
conventions de branches, de grilles de qualification et
de rémunérations, de définitions de
postes de travail et de niveaux hiérarchiques,
etc. Ainsi, ces emplois constituent les normes salariales et sociales en
vigueur dans notre pays.
Robert Castel parle de la mise en place d'une société salariale après la seconde guerre mondiale fournissant aux ménages une sécurité de l'emploi et des avantages liés (notamment la sécurité sociale).
Sur l'ensemble des actifs, on peut considérer aujourd'hui que l'emploi classique représente 75 % de l'emploi total. Il semble cependant que l'on assiste au crépuscule de l'ordre salarial d'après-guerre, avec la multiplication des formes atypiques d'emplois.
Robert Castel parle de la mise en place d'une société salariale après la seconde guerre mondiale fournissant aux ménages une sécurité de l'emploi et des avantages liés (notamment la sécurité sociale).
Sur l'ensemble des actifs, on peut considérer aujourd'hui que l'emploi classique représente 75 % de l'emploi total. Il semble cependant que l'on assiste au crépuscule de l'ordre salarial d'après-guerre, avec la multiplication des formes atypiques d'emplois.
b. Les emplois atypiques se développent
L'emploi
« atypique » se
définit par défaut : il s'agit d'un
emploi ne correspondant pas à la norme
habituelle du travail à temps plein et à
durée indéterminée. On peut donc
recenser toutes sortes de situations : les contrats
à durée déterminée (CDD), les
intérims, le travail à temps partiel subi,
les stages, etc. Ces emplois concernent de plus en plus
de personnes, puisque 6 % des salariés sont
aujourd'hui à temps partiel subi (notamment des
femmes), alors que le travail temporaire et les CDD
se développent :
La précarité a fortement augmenté chez les jeunes puisque près d'un jeune sur deux est touché en 2010 contre seulement 18 % en 1980.
Les causes de cette progression sont nombreuses. Les entreprises souhaitent ajuster au mieux leur stock de main-d'œuvre, et développent donc ces formes d'emplois flexibles, en arguant que les procédures de licenciement sont trop lourdes pour des salariés classiques.
Le volant de chômage (part de la population active non occupée, immédiatement disponible, et peu exigeante) est au reste suffisamment étendu pour permettre le recrutement de travailleurs pour des emplois atypiques.
De plus, les nouveaux impératifs de répartitions horaires du temps de travail (pour optimiser l'usage des machines ou pour satisfaire la clientèle par des heures d'ouverture élargies) nécessitent souvent le recours à l'emploi atypique.
Date |
1982 |
1997 |
1999 |
2006 |
2010 |
Intérim |
129 000 |
330 000 |
447 000 |
548 000 |
467 000 |
CDD |
311 00 |
849 000 |
892 000 |
1 190 000 |
1 876 000 |
Source : INSEE, enquête emploi 2010.
La précarité a fortement augmenté chez les jeunes puisque près d'un jeune sur deux est touché en 2010 contre seulement 18 % en 1980.
Les causes de cette progression sont nombreuses. Les entreprises souhaitent ajuster au mieux leur stock de main-d'œuvre, et développent donc ces formes d'emplois flexibles, en arguant que les procédures de licenciement sont trop lourdes pour des salariés classiques.
Le volant de chômage (part de la population active non occupée, immédiatement disponible, et peu exigeante) est au reste suffisamment étendu pour permettre le recrutement de travailleurs pour des emplois atypiques.
De plus, les nouveaux impératifs de répartitions horaires du temps de travail (pour optimiser l'usage des machines ou pour satisfaire la clientèle par des heures d'ouverture élargies) nécessitent souvent le recours à l'emploi atypique.
2. Des conséquences sociales manifestes
a. La segmentation du marché du travail
On aurait tendance à croire que ces emplois
atypiques constituent un marchepied vers des formes
d'emplois plus traditionnelles. Cette vision est assez
fausse si l'on considère la
« dualité » ou la
« segmentation » du marché
du travail.
Le constat est simple : il existe peu ou prou deux types de marchés du travail. Le premier est constitué des travailleurs en CDI, qualifiés et diplômés, qui, s'ils changent d'emploi, ne changent pas de statut. Le second est constitué des travailleurs condamnés aux formes atypiques d'emplois, du fait de leur manque de qualification, ou de leur origine sociale, et qui enchaînent les « petits boulots ». Or, les deux marchés sont étanches l'un à l'autre, les emplois atypiques ne permettant pas, dans la plupart des cas, d'accéder aux emplois classiques. Outre la dévalorisation personnelle que cela engendre, cette situation empêche d'envisager sereinement l'avenir.
Le constat est simple : il existe peu ou prou deux types de marchés du travail. Le premier est constitué des travailleurs en CDI, qualifiés et diplômés, qui, s'ils changent d'emploi, ne changent pas de statut. Le second est constitué des travailleurs condamnés aux formes atypiques d'emplois, du fait de leur manque de qualification, ou de leur origine sociale, et qui enchaînent les « petits boulots ». Or, les deux marchés sont étanches l'un à l'autre, les emplois atypiques ne permettant pas, dans la plupart des cas, d'accéder aux emplois classiques. Outre la dévalorisation personnelle que cela engendre, cette situation empêche d'envisager sereinement l'avenir.
b. La montée des inégalités et
de la précarité
La flexibilité est associée très
largement à une précarité
sociale : les nouveaux emplois
« flexibles » ou atypiques
n'assurent pas de protection sociale optimale, ni
des revenus satisfaisants.
La situation anglaise est de ce point de vue exemplaire, puisqu'on a vu se généraliser la situation de working poors, c'est-à-dire de travailleurs salariés se situant au niveau du seuil de pauvreté. Pour sa part, l'INSEE recense plus de 1.5 million de travailleurs pauvres en France. La multiplication des CDD, des temps partiels ou saisonniers, ne fait finalement que renforcer les situations précaires, du fait de la faiblesse et de l'irrégularité des revenus.
De plus, ces travailleurs s'intègrent peu dans leurs entreprises respectives car ils sont souvent de passage, ce qui constitue à terme une perte de l'identité salariale. On ne peut donc faire l'économie d'une réflexion sur l'intérêt social de la multiplication des emplois atypiques.
La situation anglaise est de ce point de vue exemplaire, puisqu'on a vu se généraliser la situation de working poors, c'est-à-dire de travailleurs salariés se situant au niveau du seuil de pauvreté. Pour sa part, l'INSEE recense plus de 1.5 million de travailleurs pauvres en France. La multiplication des CDD, des temps partiels ou saisonniers, ne fait finalement que renforcer les situations précaires, du fait de la faiblesse et de l'irrégularité des revenus.
De plus, ces travailleurs s'intègrent peu dans leurs entreprises respectives car ils sont souvent de passage, ce qui constitue à terme une perte de l'identité salariale. On ne peut donc faire l'économie d'une réflexion sur l'intérêt social de la multiplication des emplois atypiques.
L'essentiel
La volonté de flexibilité de l'emploi se
traduit par une augmentation continue des formes atypiques
d'emplois, notamment sous forme de travail temporaire
ou de temps partiels. Les conséquences sociales
ne sont pas anodines : le monde du travail est
segmenté entre un marché interne et
marché externe réservé aux moins
qualifiés, connaissant une large
précarité pécuniaire et sociale.
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