Dys-difficultés : qu’est-ce que c’est ?
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Il n’arrive pas bien à compter, inverse des lettres, se repère mal dans l’espace, a des difficultés à écrire ou mémoriser… À partir de quand ces signes doivent-il inquiéter chez un enfant ? Quels troubles se cachent derrière les mots de dyslexie, dysorthographie, dyscalculie…? Comment s’y retrouver ? Qui peut nous aider à poser un diagnostic ? Quelle prise en charge est-elle possible ? On vous dit tout !
De quels troubles parle-t-on ?
Lecture, calcul, concentration, expression écrite ou orale… On estime qu’en France, au moins 15% des enfants rencontrent des difficultés dans leurs acquisitions. Ce que l’on regroupe sous l’expression de “troubles spécifiques des apprentissages” ou “troubles dys”, en revanche, concerne entre 5 et 7 % des enfants scolarisés.
Pourquoi “troubles dys” ? Le préfixe grec “dys” renvoie à une difficulté. L’expression englobe des difficultés à apprendre à lire, écrire, orthographier, calculer, s’exprimer, chez des enfants ayant un environnement social équilibré et ne présentant pas de problème psychomoteur, neurologique ou psychiatrique.
Ces troubles spécifiques des apprentissages sont la dyslexie (autour de la lecture), la dysorthographie (concernant l’expression écrite) et la dyscalculie (pour le calcul). Ils peuvent aussi être associés à la dysphasie (langage oral), la dyspraxie (la coordination), ou la dysgraphie (l’écriture). Dans près de la moitié des cas, un enfant présente plusieurs troubles.
- La dyslexie
Ce trouble de la lecture se caractérise par des difficultés variées comme une confusion entre des sons proches (t/d par exemple), des omissions auditives (“tabe” pour “table”), une confusion visuelle entre des lettres de forme proche (p/q), ou une inversion de lettres (“pla” pour “pal”). L’enfant dyslexique est naturellement plus à l’aise à l’oral qu’à l’écrit.
- La dysorthographie
Ce trouble de l’expression écrite se traduit par des difficultés à transcrire des homophones (eau/haut), une confusion dans le genre et le nombre ou des erreurs de syntaxe. Concrètement, l’enfant fait beaucoup de fautes d’orthographe, a du mal à conjuguer les verbes, et ses phrases sont difficiles à comprendre.
- La dyspraxie et la dysgraphie
La dyspraxie est un trouble de la coordination se caractérisant par des difficultés motrices pour planifier et exécuter des gestes complexes. Il se traduit par une grande maladresse et une anomalie de repérage spatial et temporel. Quand il s’applique à l’écriture, il s’agit de dysgraphie. L’enfant a du mal à se concentrer à la fois sur le tracé des lettres, l’orthographe et la compréhension. Il va donc écrire lentement et laborieusement.
- La dyscalculie
Ce trouble du calcul repose sur une mauvaise perception des quantités numériques. L’enfant a du mal à compter, à retenir l’ordre des nombres ou à raisonner dans un calcul ou un problème.
- La dysphasie
Ce trouble du langage oral peut concerner la phonologie (difficulté de prononciation), le vocabulaire ou la syntaxe. L’enfant a du mal à construire une phrase, décrire un objet, utiliser à bon escient des mots variés etc.
Comment les repérer ?
Très tôt, la famille ou le corps enseignant peut observer des signes comme l’inversion de sons ou de lettres, ou une acquisition laborieuse du langage. Concernant la lecture et l’écriture, il faut, toutefois, attendre la fin de la classe de CE1 pour pouvoir poser un vrai constat. Le diagnostic du trouble du langage écrit, en effet, ne peut être envisagé que s’il existe un retard durable dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, par rapport au niveau requis.
Avant cela, vers 5-6 ans, quelques signes peuvent alerter : dessin de bonhomme mal structuré, difficulté à raconter une histoire, repères spatiaux et temporels mal maîtrisés, difficultés à repérer ou répéter certains sons…
Après avoir exclu l’existence d’une déficience intellectuelle, neurosensorielle ou psychiatrique, seul un professionnel de la santé est à même de faire un dépistage, à partir de tests adaptés à l’âge de l’enfant. Il pourra faire passer d’autres examens (audition, vue, psychomotricité…) et diriger, par exemple, vers un orthophoniste, un psychomotricien ou un neuropsychologue. Ce diagnostic médical est indispensable au suivi de l’enfant et à l’adaptation de son parcours scolaire.
Quelle prise en charge ?
Il n’existe pas de technique ou de traitement miraculeux, ces troubles spécifiques des apprentissages sont durables. Une prise en charge adaptée, toutefois, améliore grandement le quotidien. Autrement dit, l’enfant va apprendre à vivre avec cette spécificité et à compenser et dépasser les difficultés rencontrées.
Un trouble de l’apprentissage nécessite une adaptation pédagogique à l’école. Différentes mesures pourront être mises en place pour aider l’enfant ou l’adolescent : lecture orale des consignes, utilisation d’un ordinateur, temps supplémentaire pendant les épreuves… Ce type d’adaptation peut se poursuivre jusqu’au brevet et au baccalauréat. Mais la famille et le corps enseignant doivent avoir, chaque année, un suivi régulier et attentif, accompagné des professionnels de la santé adaptés.
Que faut-il retenir ? Inutile de s’inquiéter dès qu’une difficulté surgit, cela fait partie des apprentissages de l’enfance ! En revanche, en se repérant au niveau attendu par âge et par classe, il faut rester vigilant quand un trouble s’installe et devient gênant, dans la lecture, l’écriture, le langage ou le calcul. Plus vite un trouble est pris en charge par un professionnel, meilleure sera l’adaptation, notamment scolaire. L’enfant aura alors tous les outils pour dépasser et contourner ses difficultés, en gardant confiance en lui !