Zazie dans le métro : les auteurs et leurs influences
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Objectifs
- Faire connaissance avec l'auteur du roman.
- Comprendre les enjeux littéraires qui lui sont attachés.
- Situer le réalisateur par rapport à l'œuvre.
- Envisager leurs objectifs communs.
- Comprendre les enjeux littéraires qui lui sont attachés.
- Situer le réalisateur par rapport à l'œuvre.
- Envisager leurs objectifs communs.
1. L'auteur du roman
a. Biographie
Né en 1903 au
Havre, Raymond
Queneau grandit dans une famille de
merciers. Il entame dès 1920 des études de
philosophie à la Sorbonne. Il découvre
et fréquente les surréalistes à partir
de 1924, mais rompra
avec ce mouvement et André Breton en
particulier pour des raisons, sans doute, d'ordre
politique en 1928.
Quatre ans plus tard, en 1932, il entre au « Cercle
de la Russie neuve » et au « Front commun
contre le fascisme », manifestant ainsi son
engagement dans la société et le
monde politique. Il entamera en parallèle une
psychanalyse qu'il achèvera en 1942. C'est en 1938 qu'il participe au
comité de lecture des
Éditions Gallimard et en deviendra le
secrétaire général en 1941, avant de devenir
directeur de l'encyclopédie
de la Pléiade.
À la libération, il fréquente le groupe de Saint-Germain-des-Près avec des personnalités comme Jacques Prévert, ou Boris Vian, qui sont comme lui, à l'origine des réflexions sur le renouvellement du langage et d'une fantaisie créative. Parallèlement, il continue ses activités d'éditeur, et se lance dans le journalisme, la traduction ou l'écriture de scénarios. En 1951, il devient membre de l'Académie Goncourt et du Collège de Pataphysique (Parodie par l'absurde des méthodes et théories scientifiques). Ses recherches littéraires lui font créer en 1960, l'OuLiPo en collaboration avec François Le Lionnais et qui a pour vocation de créer de nouveaux langages.
Il décèdera le 25 octobre 1976, à Paris.
→ 1933 : Le Chiendent, Gallimard, Paris
→ 1947 : Exercices de style, Gallimard, Paris.
→ 1959 : Zazie dans le métro, Gallimard, Paris.
→ 1961 : Cent mille milliards de poèmes, Gallimard, Paris.
→ 1965 : Les fleurs bleues, Gallimard, Paris.
À la libération, il fréquente le groupe de Saint-Germain-des-Près avec des personnalités comme Jacques Prévert, ou Boris Vian, qui sont comme lui, à l'origine des réflexions sur le renouvellement du langage et d'une fantaisie créative. Parallèlement, il continue ses activités d'éditeur, et se lance dans le journalisme, la traduction ou l'écriture de scénarios. En 1951, il devient membre de l'Académie Goncourt et du Collège de Pataphysique (Parodie par l'absurde des méthodes et théories scientifiques). Ses recherches littéraires lui font créer en 1960, l'OuLiPo en collaboration avec François Le Lionnais et qui a pour vocation de créer de nouveaux langages.
Il décèdera le 25 octobre 1976, à Paris.
→ 1933 : Le Chiendent, Gallimard, Paris
→ 1947 : Exercices de style, Gallimard, Paris.
→ 1959 : Zazie dans le métro, Gallimard, Paris.
→ 1961 : Cent mille milliards de poèmes, Gallimard, Paris.
→ 1965 : Les fleurs bleues, Gallimard, Paris.
b. Engagement et conceptions littéraires
Auteur moderne et insaisissable, Raymond Queneau traverse
les influences littéraires sans jamais s'attarder
sur aucune. Du surréalisme à la
littérature
engagée en passant par l'OuLiPo
ou le nouveau roman, sa
conception scripturale multiplie les sources tout en
restant originale.
• Surréalisme : une influence fondamentale
Mouvement littéraire qualifié de « révolution » par son fondateur André Breton, le surréalisme allie volonté d'onirisme, exploration de l'inconscient, langage irrationnel renouvelé et déconstruction des modèles littéraires canoniques. L'esthétique de Queneau synthétise cette volonté surréaliste de s'affranchir des contraintes formelles (exemple : les lipogrammes en E), héritée des poètes modernes de la seconde moitié du 19e siècle dont Baudelaire ou Rimbaud.
Du mouvement Dada au début du 20e siècle qui a été créé en réaction aux atrocités traumatisantes de la Première Guerre mondiale, il retiendra les préceptes qui préconisent l'art de la provocation, la subversion et la volonté de réconcilier l'Art avec le peuple (exemple : le renouvellement du langage dans Zazie dans le métro, les mots valises ou encore les jeux sur les niveaux de langue).
Des recherches de Sigmund Freud et de la psychanalyse, il retiendra le concept de l'inconscient à l'origine d'une création littéraire et accordera à l'onirisme une importance non négligeable.
En définitive son expérience avec le surréalisme lui aura donné le goût du renouveau en littérature, et la volonté de conquête de nouvelles formes notamment romanesques. Cette quête littéraire donnera lieu à la création de l'OuLiPo (Ouvroir de littérature potentielle) en 1960, un an après la publication à grand succès de Zazie dans le métro.
• OuLiPo
Ces auteurs se définissent comme étant une « sorte de groupe de recherches de littérature expérimentale » dira Queneau. Ils sentent un appauvrissement de la littérature et de la quête de modernité depuis le surréalisme qui a affranchi la plus grande partie des contraintes formelles. Ce groupe de travail a pour vocation de créer un nouveau langage en faisant des trouvailles phonétiques, une satire subtile de la société, en inventant de nouveaux termes ou en multipliant les jeux de mots. De fait, Queneau définit leur quête en disant « nous appelons littérature potentielle la recherche de formes et de structures nouvelles [...], dans lesquelles le poète ira choisir à partir du moment où il aura envie de sortir de ce que l'on appelle l'inspiration ». Il s'agit donc ici clairement d'une quête du travail de l'écrivain qui crée de nouvelles formes poétiques et romanesques en passant par l'humour et une fantaisie malicieuse.
• Surréalisme : une influence fondamentale
Mouvement littéraire qualifié de « révolution » par son fondateur André Breton, le surréalisme allie volonté d'onirisme, exploration de l'inconscient, langage irrationnel renouvelé et déconstruction des modèles littéraires canoniques. L'esthétique de Queneau synthétise cette volonté surréaliste de s'affranchir des contraintes formelles (exemple : les lipogrammes en E), héritée des poètes modernes de la seconde moitié du 19e siècle dont Baudelaire ou Rimbaud.
Du mouvement Dada au début du 20e siècle qui a été créé en réaction aux atrocités traumatisantes de la Première Guerre mondiale, il retiendra les préceptes qui préconisent l'art de la provocation, la subversion et la volonté de réconcilier l'Art avec le peuple (exemple : le renouvellement du langage dans Zazie dans le métro, les mots valises ou encore les jeux sur les niveaux de langue).
Des recherches de Sigmund Freud et de la psychanalyse, il retiendra le concept de l'inconscient à l'origine d'une création littéraire et accordera à l'onirisme une importance non négligeable.
En définitive son expérience avec le surréalisme lui aura donné le goût du renouveau en littérature, et la volonté de conquête de nouvelles formes notamment romanesques. Cette quête littéraire donnera lieu à la création de l'OuLiPo (Ouvroir de littérature potentielle) en 1960, un an après la publication à grand succès de Zazie dans le métro.
• OuLiPo
Ces auteurs se définissent comme étant une « sorte de groupe de recherches de littérature expérimentale » dira Queneau. Ils sentent un appauvrissement de la littérature et de la quête de modernité depuis le surréalisme qui a affranchi la plus grande partie des contraintes formelles. Ce groupe de travail a pour vocation de créer un nouveau langage en faisant des trouvailles phonétiques, une satire subtile de la société, en inventant de nouveaux termes ou en multipliant les jeux de mots. De fait, Queneau définit leur quête en disant « nous appelons littérature potentielle la recherche de formes et de structures nouvelles [...], dans lesquelles le poète ira choisir à partir du moment où il aura envie de sortir de ce que l'on appelle l'inspiration ». Il s'agit donc ici clairement d'une quête du travail de l'écrivain qui crée de nouvelles formes poétiques et romanesques en passant par l'humour et une fantaisie malicieuse.
2. Le réalisateur du film
a. Biographie
![]() |
Doc. 1. Louis Malle en 1980 |
Louis Malle naît le 30 octobre 1932 à Thumeries, en France. Il grandit dans une famille de la grande bourgeoisie catholique et fera ses études dans un collège jésuite. En 1948, il obtient son baccalauréat à 16 ans et entame ses études supérieures à Science Po avant de rejoindre l'IDHEC (FEMIS, École de cinéma). Il décroche la Palme d'or à Cannes en 1956 pour son œuvre Le monde du silence, tournée sur la Calypso en compagnie de l'équipe Cousteau. Il a alors 23 ans.
C'est en 1957 qu'il présente au public son premier long métrage, Ascenseur pour l'échafaud, empreint de modernité. Le chef d'œuvre de sa carrière, récompensé par 6 prix, Au revoir les enfants, est présenté en 1987. Il s'était inspiré d'un événement qui l'avait choqué durant l'occupation : l'un des enfants juifs de son collège fut arrêté et Louis Malle en fut témoin. Il dira en interview dans Le Monde en 1987 : « Depuis, je n'ai jamais pu m'enlever de l'idée que nous étions tous, moi comme les autres, un peu coupables de sa mort ». Il meurt le 23 novembre 1955 à Berverly Hills en Californie.
b. Réalisation et conception
cinématographique
• Un réalisateur
engagé
Ses différents films témoignent de son engagement dans le monde qui l'entoure. Si le plus bel exemple reste Au revoir les enfants, l'ensemble de ses créations aborde des sujets sensibles qui défrayent la chronique. Ainsi traite-t-il de l'inceste dans Le Souffle au cœur (1971), l'érotisme dans Les Amants (1958), la Résistance vue par un collaborateur dans Lacombe Lucien en (1974). C'est donc avec un regard critique mais empreint de sensibilité que Louis Malle représente un monde complexe et violent, soumis aux passions des Hommes.
• Un réalisateur anticonformiste
Issu d'une famille traditionaliste, Louis Malle se rebelle contre ses origines de la haute bourgeoisie, se détourne de la carrière attendue et se consacre à un cinéma anticonformiste. Notons que la plupart de ses réalisations firent l'objet de scandales. Chacune de ses œuvres marque l'acceptation de l'absurdité du monde, ainsi qu'une recherche perpétuelle de liberté en s'affranchissant des dogmes du 7e Art. Zazie dans le métro en est un exemple probant si l'on considère les jeux de ralentis, de répétition et d'effets de montage. La réalisation est impertinente, imprévisible et semble déconstruite, à l'instar des modèles littéraires que Louis Malle admire : Ionesco, Camus ou Queneau.
Ses différents films témoignent de son engagement dans le monde qui l'entoure. Si le plus bel exemple reste Au revoir les enfants, l'ensemble de ses créations aborde des sujets sensibles qui défrayent la chronique. Ainsi traite-t-il de l'inceste dans Le Souffle au cœur (1971), l'érotisme dans Les Amants (1958), la Résistance vue par un collaborateur dans Lacombe Lucien en (1974). C'est donc avec un regard critique mais empreint de sensibilité que Louis Malle représente un monde complexe et violent, soumis aux passions des Hommes.
• Un réalisateur anticonformiste
Issu d'une famille traditionaliste, Louis Malle se rebelle contre ses origines de la haute bourgeoisie, se détourne de la carrière attendue et se consacre à un cinéma anticonformiste. Notons que la plupart de ses réalisations firent l'objet de scandales. Chacune de ses œuvres marque l'acceptation de l'absurdité du monde, ainsi qu'une recherche perpétuelle de liberté en s'affranchissant des dogmes du 7e Art. Zazie dans le métro en est un exemple probant si l'on considère les jeux de ralentis, de répétition et d'effets de montage. La réalisation est impertinente, imprévisible et semble déconstruite, à l'instar des modèles littéraires que Louis Malle admire : Ionesco, Camus ou Queneau.
3. Contexte et enjeux des oeuvres
a. Contexte
Dans une société traumatisée par la
Seconde Guerre mondiale, ces deux créateurs
cherchent une forme de construction nouvelle. Ainsi, le
roman comme le film vont s'affranchir des attentes et
des codes traditionnels, pour établir une
logique et une réflexion innovante sur leur Art.
Si cette logique apporta un vif succès à
Raymond Queneau lors de la publication de Zazie dans
le métro, il n'en fut pas de même pour
l'adaptation cinématographique jugée
trop avant-gardiste et boudée par un public
dérouté.
![]() |
Doc. 2. Couverture du roman de Raymond
Queneau Zazie dans le métro - Gallimard / NRF 1959 |
b. Des oeuvres originales
« Zazie nous a donné du fil à
retordre parce qu’on cherchait constamment des
équivalences à ce que Queneau avait fait
avec la littérature. J’ai même
été si loin dans le sens qu’il y a
beaucoup de choses dans Zazie qu’on remarque
à peine », affirme Louis Malle dans son entrevue avec
Philip French.
Ce film est donc la représentation absolue de la création scripturale de Queneau à laquelle, en plus de retranscrire l'onirisme enfantin de Zazie, Louis Malle ajoute ses influences surréalistes et un renouvellement des formes et moyens d'expression. D'ailleurs, il affirmera que « l'une des premières œuvres de Queneau était intitulée Exercices de style… voilà ce que c’était pour [lui], un exercice de style pour approfondir [sa] connaissance de ce mode d’expression ». Là où l'œuvre romanesque paraît déconstruite et profondément inattendue, Louis Malle crée un équivalent dans son Art, dans le but de rendre le spectateur aussi actif que le lecteur dans la construction du sens de l'œuvre.
Ce film est donc la représentation absolue de la création scripturale de Queneau à laquelle, en plus de retranscrire l'onirisme enfantin de Zazie, Louis Malle ajoute ses influences surréalistes et un renouvellement des formes et moyens d'expression. D'ailleurs, il affirmera que « l'une des premières œuvres de Queneau était intitulée Exercices de style… voilà ce que c’était pour [lui], un exercice de style pour approfondir [sa] connaissance de ce mode d’expression ». Là où l'œuvre romanesque paraît déconstruite et profondément inattendue, Louis Malle crée un équivalent dans son Art, dans le but de rendre le spectateur aussi actif que le lecteur dans la construction du sens de l'œuvre.
L'essentiel
Artistes engagés dans un siècle où le
langage et les formes artistiques canoniques
sont remises en question, ces deux auteurs aux
parcours différents, apportent une
compréhension personnelle et originale à
Zazie dans le
métro. Poussés par une
réflexion sur l'Art comme moyen d'expression dans une
époque où l'absurdité de la condition humaine
domine, chacun voit dans cette œuvre le lieu d'une
émancipation artistique. Si les deux
œuvres paraissent résolument atypiques, c'est
qu'elles réinventent les codes, les images, les mots
par une fantaisie créatrice qui dépasse
l'absurdité brutale du monde et redonne à la
société un souffle nouveau.
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