Renoncer à la religion est-ce renoncer à toute forme de sacré ?- Terminale- Philosophie - Maxicours

Renoncer à la religion est-ce renoncer à toute forme de sacré ?

Objectif

Savoir si le fait de renoncer à la religion implique de renoncer à toute forme de sacré

Points clés
  • Le sacré, auquel appartient la religion, s'oppose au profane.
  • Cependant, la religion n'est pas que sacrée : elle fait parfois appel à la magie ou encore aux miracles.
  • De même, le sacré se trouve ailleurs que dans la religion.

Renoncer à la religion serait renoncer, d’une certaine manière, à croire que Dieu existe. Après les leçons du rationalisme des Lumières et les violentes critiques par les philosophes du XVIIIe siècle, de l’ignorance, de l’intolérance et de la superstition (que véhiculaient certaines formes excessives de croyance religieuse et les abus de l’Église catholique), après que Marx, Nietzsche et Freud aient dénoncé, chacun à leur manière, l’illusion religieuse, ne peut-on pas penser, en effet, qu’il faille renoncer à la religion, c’est-à-dire renoncer à croire en Dieu ?
Mais la religion englobe-t-elle, à elle seule, la dimension du sacré ? Dit autrement : peut-on concevoir que le sacré apparaisse dans un monde laïcisé, c’est-à-dire dans un monde profane ?

1. Le profane et le sacré
a. La définition proposée par Durkheim

Pour Émile Durkheim (1858-1917), sociologue français, le terme même de « religion » induit l’opposition entre le profane et le sacré : cela signifie que toute conception religieuse du monde suppose cette opposition. Durkheim propose finalement, à partir de la notion de « sacré », de définir la religion de la manière suivante :

« Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c’est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui adhérent. »
(Les formes élémentaires de la vie religieuse, 1912)
b. L'analyse de Mircea Eliade et de Roger Caillois

Pour Mircea Eliade (1907-1986), écrivain et philosophe roumain, le sacré est également une dimension fondamentale de l’expérience religieuse. Le sacré et le profane constituent deux manières radicalement différentes d’appartenir au monde :

« Quel que soit le contexte historique dans lequel il est plongé, l’homo religiosus [l’homme religieux] croit toujours qu’il existe une réalité absolue, le sacré, qui transcende ce monde-ci, mais qui s’y manifeste et, de ce fait, le sanctifie et le rend réel. »
(Le sacré et le profane, 1965)

Roger Caillois (1913-1978), sociologue et écrivain français, distingue pour sa part le monde de l’« usage commun » de celui du « sacré » :

« Le monde du sacré (…) apparaît comme celui du dangereux et du défendu : l’individu ne peut s’en approcher sans mettre en branle des forces dont il n’est pas le maître et devant lesquelles sa faiblesse se sent désarmé »
(L’individu et le sacré, 1950)

C’est pourquoi le profane appartient à la « réalité », par rapport au sacré qui appartient au domaine de l’« irréalité ».

2. La frontière entre ce qui est proprement religieux et ce qui ne l'est pas n'est pas toujours clairement définie
a. Le « sacré » ne correspond pas au « religieux »

On voit bien que pour Mircea Eliade ou pour Roger Caillois, la dimension du sacré excède la dimension proprement religieuse. Il y aurait à ce titre du « religieux » dans ce qui ne l’est pas. On pourrait en dire autant de ce qui relève du rituel ou du magique, qu’on ne doit pas confondre avec le religieux.
Le rituel peut concerner les pratiques humaines réglées, répétitives, liées à des codes donnés, que les hommes se sont fabriqués et imposés. Cela peut permettre à certains de croire qu’ils conjurent le hasard ou qu’ils se soustraient aux aléas de vie, ou encore qu’ils maîtrisent le temps ou les choses.
La magie est encore d’un autre ordre : le magicien pense qu’il peut agir sur la nature, et provoquer, par exemple, à l’aide d’incantations, certaines modifications (le magicien ou le sorcier a le pouvoir de provoquer la pluie). En s’adressant aux puissances surnaturelles ou à des esprits invisibles, l’homme a la sensation de communiquer avec un monde supra-humain. Nous nous trouvons ici dans la sphère du sacré.

b. Le religieux peut aussi avoir recours à la magie ou aux miracles

Même si les rites et la magie, tout en étant bien distincts, ne peuvent être assimilés à la religion, laquelle le plus souvent se réfère et se subordonne à un ou à plusieurs dieux – c’est le cas des trois religions monothéistes mais aussi de certaines religions polythéistes –, ils peuvent évidemment coexister.
Les cérémonies chrétiennes obéissent par exemple à un grand nombre de rites (mais les francs-maçons, qui possèdent les leurs, ne se fédèrent à aucune religion, et se considèrent comme des laïques). La religion des Haïtiens ou de certains pays africains se présente sous la forme d’un syncrétisme, au sein duquel on reconnaît le christianisme et le vaudou, lui-même lié aux pratiques magiques. On voit bien qu’à travers une religion apparemment unique, se sont mélangées différentes pratiques religieuses, et que les individus ont incorporé le christianisme tout en conservant les croyances liées à leur propre culture.
En outre, l’athée ne considère-t-il pas que certains épisodes de la Bible sont tout aussi bien « magiques » ? Jésus, dans le Nouveau testament, est le fils d’une femme vierge, il multiplie les pains, il marche sur l’eau… Ces miracles peuvent laisser dubitatifs.

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