Quel rapport peut-on établir entre la perception et le corps ?
Toute conscience est conscience de quelque chose : cela signifie aussi qu’elle n’existe pas en dehors du monde. La perception de soi dépend ainsi de la perception du monde.
Être dans le monde, c’est d’une certaine manière renoncer à vouloir expliquer, comprendre ce monde ; c’est d’abord le percevoir, et le percevoir c’est l’investir : mais en même temps que la conscience investit le monde, elle est investie par lui. La distinction habituellement établie entre un sujet percevant et un objet perçu s’estompe : en même temps que je pénètre le monde, je suis pénétré par lui. Pour Husserl, comme ensuite pour Merleau-Ponty, la philosophie doit se donner la tâche de décrire le monde, plutôt que de l’expliquer.
Mais le terme de « conscience » pose aujourd’hui de nouveaux problèmes ; définir ce qu’est la conscience n’est plus une tâche réservée aux seuls philosophes. La conscience est devenue un objet de recherche pour les neurosciences, qui cherchent à décrire son mode de fonctionnement. Le cerveau étant le siège de la pensée, que se passe-t-il, précisément, dans ce cerveau lors que nous pensons ou lorsque nous ressentons certaines émotions ? La conscience n’existe pas sans le support biologique (le cerveau) qui est le sien. La conscience est donc une affaire de neurones. Un grand nombre de pathologies mentales, jadis expliquées par la psychanalyse ou la psychologie, sont, on le sait, dues à des lésions cervicales. Il a par exemple été démontré que certaines dégénérescences neuronales provoquent des troubles de la mémoire ou du comportement.
Autrement dit, les sciences cognitives, pour la majorité des courants qui la représentent, affirment que le corps peut tout, puisqu’il est la condition de possibilité de la pensée. Il n’existe pas de pensée sans corps. Cela ne signifie pas pour autant, pour d’autres courants, que la pensée possède une existence propre, indépendant du corps qui a permis l’expression de cette pensée : les créations intellectuelles de l’homme (une œuvre d’art, une découverte scientifique) demeurent après la mort de leur créateur. Il n’en demeure pas moins que lorsque l’homme meurt, la pensée de l’individu ne produit plus rien. Il n’en demeure plus que des traces.
Mais peut-on penser la perception de soi selon la perception que l’on a de son esprit, d’une part, et de celle que l’on a de son corps, d’autre part ? La perception de soi dépend à la fois de l’idée que nous nous faisons de l’un et de l’autre. La question de la perception de soi est en outre liée à la question de la connaissance de soi. Ce que nous percevons de nous-même correspond-il à la perception que les autres ont de nous ? Cela n’est pas certain.
Notre personnalité s’est en grande partie construite à partir des autres ; la notion d’intersubjectivité est d’ailleurs un concept central de la phénoménologie elle-même. Le sujet se constitue avec et pour les autres. La perception de soi toujours à ce titre la perception de soi à travers les relations que nous tissons avec les autres.

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