Montesquieu
Charles-Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu (1689-1755) connaît la gloire à 32 ans, à la parution des Lettres persanes, œuvre considérée à la fois comme un roman épistolaire, un livre politique et philosophique, dans lequel Montesquieu ironise sur les mœurs sociales de son époque et introduit l'idée de « relativisme culturel ». Il est parfois difficile de situer Montesquieu, et bien qu'il ne soit pas considéré comme un philosophe à part entière, son ouvrage majeur, L'esprit des lois, paru en 1748, et œuvre de toute une vie, fait de lui l'une des figures majeures des théoriciens de la philosophie politique et juridique du XVIIIe siècle.
« Les lois », écrit
d'emblée Montesquieu dans L'Esprit des
lois (Première partie, Livre 1, chapitre 1),
« dans la signification la plus
étendue, sont les rapports nécessaires
qui dérivent de la nature des
choses ». Montesquieu établit
l'existence d'une « raison
primitive », grâce à laquelle
sont établies ces lois naturelles
régissant les rapports des êtres entre
eux. Il les distingue des lois que les hommes
établissent, qu'on appelle les lois
positives.
Régis par les lois naturelles,
antérieures à l'état de
société, les hommes, explique
Montesquieu, vivent dans un état de paix et
d'égalité. Il donne ainsi
tort à Hobbes, qui fait de l'état de
nature un état de guerre permanent.
Le désir de vivre en société fait
partie de la loi naturelle elle-même, et c'est
parce que les hommes vivent en société
qu'ils se déclarent la guerre : consciente
de sa force, chaque « société
particulière » tend à
s'opposer et à se mesurer aux autres, afin d'en
retirer une domination qui lui procurera certains
avantages.
Montesquieu établit une distinction entre le
droit des gens, le droit politique et le droit civil.
Selon lui, il existe dans toute
société, même chez les
Iroquois, qui mangent leurs prisonniers, un droit
des gens. Le droit des gens s'accompagne d'un
droit politique, sans lequel le droit des gens
ne pourrait être garanti. Il faut donc que toute
société se dote d'un gouvernement. Ainsi
s'établit l'État politique. Montesquieu
explique ensuite que l'État politique
dépend lui-même de l'État civil,
relatif au droit
civil, lequel traduit l'union de
toutes les volontés individuelles.
La grande originalité de Montesquieu vient du
fait qu'il fasse dépendre les lois de la culture
de chaque pays ; ainsi, des lois qui conviennent
à un peuple donné peuvent très
bien ne pas convenir à un autre peuple. C'est
pourquoi, concernant la pensée de
Montesquieu, on a pu évoquer son
« relativisme culturel ». Pour
établir des lois, il faut tenir compte des
coutumes propres à chaque communauté. La
religion, par exemple, est une donnée
essentielle de la culture, car elle façonne les
traditions et les mœurs.
Les lois doivent en outre tenir compte des climats des
pays : on peut ainsi comprendre que les
mentalités diffèrent selon que les
individus résident dans « un climat
glacé, brûlant ou
tempéré ». Les lois doivent
également être adaptées à la
situation des gens. Les pasteurs, les laboureurs ou les
chasseurs n'ont pas le même mode de vie.
D'une manière plus générale, on ne
doit pas vouloir, estime Montesquieu,
« changer l'esprit d'une
nation ».
Montesquieu établit qu'il existe trois sortes de gouvernement : le républicain, le monarchique et le despotique.
- Au sein d'un régime despotique, un seul homme exerce le pouvoir. Le despote estime « qu'il est tout, et que les autres ne sont rien », écrit Montesquieu. Le principe de l'État despotique est la crainte.
- Dans un régime monarchique, le prince est à l'origine du pouvoir politique et civil, et il est soumis à des lois. La noblesse y joue un rôle fondamental, puisqu'elle incarne « le pouvoir intermédiaire » sans lequel la monarchie serait en fait un despotisme : « Point de monarque, point de noblesse; point de noblesse, point de monarque » dit Montesquieu (L'Esprit des lois, Livre II, chapitre IV). Le principe de l'État monarchique est l'honneur : dans un système hiérarchisé, chaque individu respecte le rang qu'il occupe.
- Un régime républicain, enfin, est un régime où le peuple détient une puissance souveraine. Le principe de la démocratie est la vertu, caractérisée par le dévouement à la communauté.
Montesquieu, lui-même issu de la noblesse,
affiche sa préférence pour le
régime monarchique, et cite en exemple la
monarchie constitutionnelle anglaise, après qu'a
été établie,
précisément, la constitution issue
de la Révolution de 1689. L'état d'esprit
d'un gouvernement, caractérisé selon sa
nature par la crainte, l'honneur ou la vertu, est pour
Montesquieu aussi important que la nature
elle-même de ce gouvernement.
C'est habituellement à Montesquieu que nous nous référons toujours lorsqu'est évoquée la séparation des pouvoirs, nommée, dans L'Esprit des lois, « distribution des pouvoirs », distribution sans laquelle l'État ne peut trouver son équilibre. Le pouvoir législatif correspond au pouvoir de faire les lois ; le pouvoir exécutif permet de les faire appliquer, et le pouvoir judiciaire « juge les crimes ou les différends des particuliers ». Ces trois pouvoirs représentent par conséquent trois organes indépendants les uns des autres, mais néanmoins coordonnés entre eux. Ils ne sont pas à proprement parler « séparés » en effet, car ils ne peuvent exister les uns sans les autres. Au moyen de la formule selon laquelle « seul le pouvoir arrête le pouvoir », Montesquieu entend éviter le pire des régimes, le despotisme. Ce qu'entend promouvoir en premier lieu Montesquieu, c'est la liberté.

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