« Madame Bovary », Gustave Flaubert : Les thèmes - Maxicours

« Madame Bovary », Gustave Flaubert : Les thèmes

Objectif
Découvrir que Madame Bovary, cette œuvre de Gustave Flaubert, oscille entre les thèmes du romantisme et ceux du réalisme.
Le roman Madame Bovary est paru en 1857, il a été édité par Michel Lévy frères, après de nombreuses années d’écriture.
À l’époque de la parution de ce livre, le réalisme, qui est un nouveau courant de pensée littéraire et picturale, en est à ses prémices. Ce roman de Flaubert présente des aspects à la fois du réalisme naissant mais également quelques éléments romantiques, ce que revendique Gustave Flaubert dans sa correspondance avec Louise Colet :

« Il y a en moi, littérairement parlant, deux bonshommes distincts : un qui est pétri de gueulades, de lyrisme, de grands vols d’aigle, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l’idée ; un autre qui fouille et creuse le vrai tant qu’il peut. »
  Gustave Flaubert, 16 janvier 1852
1. Les thèmes et le lexique romantiques
a. Les thèmes
La révolte d'Emma, qui se manifeste par son désir d’évasion de ce monde étriqué qui l’entoure.
Lors de son mariage avec Charles, on note l’opposition irréductible entre son désir d’une cérémonie nocturne aux flambeaux et le matérialisme de son père qui pense seulement à la nourriture et aux plaisirs. On appelle « bovarysme » ce désir forcené d’une autre existence plus exaltante. Emma cherche à s’échapper sans cesse de ce monde ennuyeux qui l’étouffe.

Les émois de la passion : la conversation entre Emma et Léon, l’amour platonique pour Léon, le passage où Rodolphe séduit Emma aux Comices, la balade à cheval…

Le goût de la rêverie : les lectures d’Emma au couvent, le rêve de lune de miel, le coucher de soleil à Tostes, Emma qui lit des vers de Lamartine à Charles, le bal à la Vaubyessard…

Une fatalité romantique : un échec qui met définitivement un terme à toute tentative d’évasion, avec le suicide d’Emma. 
b. « Madame Bovary, c’est moi ! »
Doc.1. Portrait de Gustave Flaubert

Cette exclamation de Flaubert « Madame Bovary, c’est moi ! » montre les traits romantiques communs de l’auteur et de son personnage :

Flaubert a éprouvé un goût démesuré pour la lecture, notamment pour René de Chateaubriand.

Le goût de la rêverie, ce qu’il appelait son « infini besoin de sensations intenses. »

Les émois de la passion : Flaubert a éprouvé lui-même, pour Élisa Schlésinger notamment, cette passion romantique qu’il entend condamner.

La révolte : Flaubert partage le dégoût d’Emma, même s’il s’en défend : « Croyez-vous donc que cette ignoble réalité, dont la reproduction vous dégoûte, ne me fasse tout autant qu’à vous sauter le cœur ? Si vous me connaissiez davantage, vous sauriez que j’ai la vie ordinaire en exécration. Je m’en suis toujours personnellement écarté autant que j’ai pu », écrit-il dans sa correspondance.

À la différence d’Emma toutefois, il ne fuira pas dans un rêve éveillé mais cherchera à sublimer la réalité par le travail artistique
c. Le lexique
Voici quelques mots qui appartiennent à la thématique romantique :

les paysages : montagne, cascade, glacier, précipice, soleil couchant, clair de lune, tombeau, ruine, etc.
le cœur et l'esprit : inspiration, génie, infini, idéal, passion, etc.
→ l'exotisme : bayadère, sopha, etc.
d. Le pastiche du romantisme
Cependant, Madame Bovary se présente également comme une critique du romantisme. Celle-ci s’exprime notamment :

• dans les discours amoureux de Rodolphe qui sont une réutilisation des poncifs romantiques.
Or, Rodolphe cherche à manipuler Emma ;

• dans les conversations de Léon et Emma qui sont teintées par leurs lectures, dans lesquelles ils multiplient les lieux communs du romantisme (allusions à Lamartine) ;

• par les personnages masculins de Madame Bovary qui ne sont pas des héros courageux, exaltés, lyriques mais petits et médiocres, des anti-héros du quotidien ;

• dans l'inadéquation cruelle des idéaux romantiques avec la société bourgeoise.
2. Une œuvre réaliste
a. Les caractéristiques réalistes
Cependant, ces éléments ne peuvent pas à eux seuls permettre de dire qu’il s’agit d’un roman romantique, Flaubert s’appuie sur la réalité.

Il s’est appuyé sur des faits réels pour écrire son récit.
En 1851, l’attention de Flaubert est attirée par un fait divers : en 1848, Eugène Delamare, un médecin habitant le village de Ry en Haute-Normandie, se remarie avec une femme assez belle d’environ 17 ans. Celle-ci contracte des dettes, a une fille, une aventure amoureuse et meurt empoisonnée.

Il enquête sur place afin de mieux comprendre les personnages de son roman et pour coller à la réalité, il collecte et lit de nombreux documents tels que des traités de médecine.

Il évoque les mutations économiques : cette société vit une mutation économique avec le développement de l’industrie, du progrès technique, des voies de communication (la visite sur le chantier de la filature de lin, les Comices…).

Il brosse un tableau sociologique de la province. Flaubert inscrit ses personnages dans une réalité sociale, ils possèdent tous une identité bien définie. Il présente toutes les strates de la société : les aristocrates (la Vaubyessard), les notables terriens (Rodolphe de la Huchette), les notables de la culture (la science avec Homais, Bovary, le droit avec maître Guillaumin…), la notabilité des affaires (Lheureux), politique (M. Tuvache, le marquis d’Andervilliers…), la petite bourgeoisie villageoise (Madame Lefrançois), le petit peuple villageois (la nourrice, Hippolyte, Félicité…), les paysans (la clientèle de Charles, le père Rouault, les paysans pauvres…), et même l’aveugle-vagabond.

Il met en scène la bêtise : il a dépeint deux personnages, Homais et Bournisien, qu’il caricature, montrant leurs préoccupations toutes matérielles.

• Chaque personnage possède le langage de sa classe sociale, en accord avec sa psychologie. 
b. Les désenchantements d’une génération
Flaubert se montre différent de Victor Hugo ou George Sand, chez qui le réalisme social a un fort caractère militant et politique qui met en avant un optimisme révolutionnaire et une foi en l’homme : en effet, il partage les désenchantements d’une génération imprégnée d’idéaux romantiques brisés par l’échec de la révolution de 1848.
L'essentiel
Dans ce roman Madame Bovary, paru en 1857, les thèmes des deux courants romantique et réaliste se côtoient.

Emma Bovary, jeune femme rêveuse nourrie de littérature sentimentale, qui idéalise la vie et l’amour, est la représentation du romantisme. Tout le reste, c’est du réalisme : le mari ennuyeux, l’enfant la réclamant sans cesse, les problèmes matériels et financiers, le comportement des voisins, l’étouffement de la société…

Ces deux aspects opposés sont également réunis dans la même personne de Flaubert qui avait pleinement conscience de l’existence de ces deux tendances fondamentales :
« Il y a en moi deux bonshommes distincts, un qui est épris de gueulades, de lyrisme, de grands vols d’aigle […] ; un autre qui creuse et qui fouille dans le vrai tant qu’il peut, qui aime à accuser le petit fait aussi puissamment que le grand, qui voudrait vous faire sentir presque matériellement les choses qu’il reproduit. »

Ainsi la réalité est laide, le romantisme destructeur : aucun des deux termes ne triomphe de l’autre, Flaubert réfute l’un et l’autre.

Vous avez déjà mis une note à ce cours.

Découvrez les autres cours offerts par Maxicours !

Découvrez Maxicours

Comment as-tu trouvé ce cours ?

Évalue ce cours !

 

quote blanc icon

Découvrez Maxicours

Exerce toi en t’abonnant

Des profs en ligne

  • 6 j/7 de 17 h à 20 h
  • Par chat, audio, vidéo
  • Sur les matières principales

Des ressources riches

  • Fiches, vidéos de cours
  • Exercices & corrigés
  • Modules de révisions Bac et Brevet

Des outils ludiques

  • Coach virtuel
  • Quiz interactifs
  • Planning de révision

Des tableaux de bord

  • Suivi de la progression
  • Score d’assiduité
  • Un compte Parent

Inscrivez-vous à notre newsletter !

Votre adresse e-mail sera exclusivement utilisée pour vous envoyer notre newsletter. Vous pourrez vous désinscrire à tout moment, à travers le lien de désinscription présent dans chaque newsletter. Conformément à la Loi Informatique et Libertés n°78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, au RGPD n°2016/679 et à la Loi pour une République numérique du 7 octobre 2016, vous disposez du droit d’accès, de rectification, de limitation, d’opposition, de suppression, du droit à la portabilité de vos données, de transmettre des directives sur leur sort en cas de décès. Vous pouvez exercer ces droits en adressant un mail à : contact-donnees@sejer.fr. Vous avez la possibilité de former une réclamation auprès de l’autorité compétente. En savoir plus sur notre politique de confidentialité