Les fondements de l'intervention de l'État
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- Distinguer l'État gendarme de l'État-providence.
- Tout au long du XXe siècle, la place de l’État dans le domaine social et économique s’est étoffée.
- L’État gendarme, qui ne se préoccupe que de ses fonctions régaliennes, a fait place à l’État-providence qui intervient fortement pour améliorer le bien-être des individus. Mais cet État-providence est remis en cause depuis les années 1980, il perd de sa légitimité auprès des citoyens et laisse place de plus en plus aux conceptions minimalistes des libéraux.
Depuis le XIXe siècle, l’État est progressivement intervenu de plus en plus dans la vie économique mais aussi sociale mais cela ne va pas sans débats.
Cette conception bien restrictive est largement
théorique ; certains auteurs (comme Adam
Smith au XVIIIe siècle)
préconisent en fait que l’État
intervienne aussi dans la production de certains
biens collectifs (qui seraient trop
coûteux et pas assez rentables pour les
entreprises privées) comme les infrastructures
(transport, énergie…).
Cette conception de l’État est
libérale. Le libéralisme
apparaît au XVIIIe siècle
et prône la liberté pour les individus du
point de vue politique mais aussi
économique.
Au niveau économique, l’État doit
intervenir le moins possible et laisser faire le
marché pour réguler les échanges
entre les agents économiques (grâce au
mécanisme de la loi de l’offre et de la
demande). L’État ne peut
qu’apporter des dysfonctionnements à ce
principe et créer des
déséquilibres (chômage,
sous-production…).
Les conceptions libérales se sont adaptées au monde moderne dans lequel l’État tient une place importante. Néanmoins, la philosophie reste la même, et l’État doit intervenir le moins possible. Il intervient pour :
- déréglementer : il faut supprimer les entraves au bon fonctionnement du marché comme l’encadrement des prix ou du crédit, les droits de douane… ;
- favoriser la concurrence : il faut protéger les relations commerciales (droit commercial), éviter les positions de monopole, protéger les innovations (brevets)… ;
- veiller à la stabilité monétaire et à l’équilibre du budget de l’État ;
- déréguler : moins d’intervention dans les domaines économiques et sociaux, privatisations, baisse des impôts…
Ces conceptions sont majoritaires aujourd’hui dans les pays développés en réaction au fort interventionnisme des Trente Glorieuses.
Du point de vue social, le symbole est le
système de sécurité sociale.
Des assurances sociales existent dès la fin du
XIXe siècle (notamment dans
l’Allemagne de Bismarck) mais c’est
après la Seconde Guerre mondiale que vont se
mettre en place des systèmes à la fois
d’assurance mais aussi
d’assistance dans les pays les plus
développés. Le rapport du
député anglais Beveridge organise
le système d’assistance sociale et lui
attribue le nom de Welfare State
(l’État du bien-être).
La conception économique de
L’État-providence est en partie
liée aux théories keynésiennes.
J. M. Keynes considère que
l’État a un rôle actif à
jouer dans la relance de l’activité
économique. En période de crise,
c’est à l’État
d’impulser une nouvelle croissance par une
politique monétaire (baisse des taux
d’intérêt) mais surtout
budgétaire (augmentation des
dépenses de l’État en vue de
créer de l’activité
économique et des revenus
supplémentaires) appropriée. Il est donc
en contradiction avec les thèses
libérales de la liberté du
marché ; pour Keynes, le marché peut
connaître des dysfonctionnements graves
s’il n’est pas régulé.
![]() |
Doc 1 : John Maynard Keynes (1883-1946), économiste britannique |
L’État-providence s’est
considérablement renforcé tout au long
des Trente Glorieuses, les systèmes de
sécurité sociale se sont étendus
et l’intervention économique de
l’État a été très
importante. Ce rôle de plus en plus
prépondérant joué par
l’État illustre la loi de Wagner
énoncée dès le
XIXe siècle qui stipulait que
les fonctions de l’État vont en
s’étoffant avec le
développement. La progression du niveau de
vie augmente la demande de services publics
(santé, éducation…), et la
complexification des relations marchandes exige une
intervention plus forte pour les réguler et
compenser les inégalités
créées par le marché.
L’État-providence est remis en cause
depuis la crise des années 1980 car il
est :
- coûteux : la sécurité sociale est en déficit chronique du fait de l’augmentation des dépenses (en raison notamment du vieillissement démographique) et la baisse des recettes (les entreprises cotisent de moins en moins pour leurs salariés). Le budget de l’État lui-même est en déficit alors que les normes européennes sont de plus en plus restrictives (le déficit ne doit pas dépasser 3 % du PIB) ;
- peu efficace : malgré les sommes dépensées, la précarité des individus augmente ; la France a ainsi vu son nombre de RMistes multiplié par 10 environ depuis sa création à la fin des années 1980 et les inégalités de revenus progressent.
- moins légitime : nombre d’individus contestent de plus en plus les dépenses collectives. L’individualisme augmente notamment chez les jeunes et les plus favorisés qui ne veulent plus forcement cotiser de manière collective et pour un système jugé moins efficace et trop coûteux.
Ces critiques sont essentiellement libérales mais elles sont à l’origine de nombre de réformes qui mettent plus en avant l’aspect individuel de la sécurité sociale ; les malades cotisent de plus en plus, les actifs ont des retraites complémentaires…, ce qui rapproche la France des modèles anglo-saxons.

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