Le probème de l'induction : comment accéder à la connaissance de l'universel et du nécessaire ?
Or ce processus et ce passage sont problématiques ; c’est pourquoi on parle classiquement du « problème de l’induction » pour désigner l’un des problèmes fondamentaux de la réflexion sur la science, c’est-à-dire de l’épistémologie.
Par exemple, je sais que quelques hommes (et non plus seulement cet homme singulier) ont des cheveux bruns et une taille élevée.
À partir de là, mon expérience s’élargissant ou s’accroissant, on pourra dire que j’ai acquis une connaissance générale des êtres humains, qui me permet d’affirmer par exemple qu’« un grand nombre d’hommes » ont deux bras et deux jambes ; toutefois le général n’est en aucun cas l’universel : car par l’expérience je ne pourrai jamais connaître tous les individus humains possibles, à la fois passés, présents et à venir.
En d’autres termes, constater qu’un fait ou un événement sont possibles ne prouve pas encore qu’ils soient absolument nécessaires : il est possible pour un homme d’avoir les cheveux bruns mais ce n’est nullement une nécessité car seul peut être dit nécessaire ce dont le contraire est radicalement impossible.
Le problème vient alors de ce que la science implique des caractéristiques bien différentes de celles de l’expérience.
• elle doit être vraie pour tous ;
• son contenu, ses énoncés doivent être tels qu’ils soient vrais toujours et partout : elle doit donc porter, non sur des phénomènes particuliers ou contingents (sur ce qui arrive seulement une fois par hasard, par exemple), mais sur des phénomènes se produisant toujours de façon régulière et identique (ainsi des mouvements des astres qui se produisent toujours suivant des lois universelles et invariables).
C’est pourquoi Aristote écrit qu’« il n’y a de science que de l’universel » et que ce qui est « particulier ne saurait être objet de science » : la science doit consister alors à rechercher, soit des définitions universelles (une définition de l’essence de l’homme, et non de tel individu humain), soit des liens de causalité universels (telle cause entraîne toujours tel effet), soit encore (comme le fait la science moderne) des lois universelles.
Elle doit nous faire connaître, dit Aristote, non pas seulement « les faits », mais « le pourquoi », les causes de ces faits et de leur nécessité ; elle doit nous apprendre, pour reprendre une formule de Leibniz, pourquoi il est nécessaire que les choses soient ainsi et non pas autrement.
Mais comment alors est-il encore possible de fonder une science universelle ?
On peut, dans l’ordre pratique, continuer de croire que le soleil se lèvera toujours, que le pain continuera de nous nourrir, et d’agir « comme si » c’était le cas – mais de tels énoncés universels ne sauraient avoir de validité logique ou scientifiques – ils ne peuvent être légitimes que s’ils proviennent d’une source autre que la seule expérience.
De façon plus précise, Aristote reconnaît que l’expérience peut constituer le point de départ nécessaire de notre connaissance de la réalité mais que nous n’accédons à l’universel que lorsque l’expérience répétée de cas semblables éveille en nous la capacité d’avoir enfin une intuition de la forme universelle qui est toujours « enveloppée » dans le singulier lui-même : l’expérience serait donc le commencement mais non le fondement de la science universelle qui ne dépend pas des sens mais de la Raison ou de l’esprit intuitif.
En ce sens, on considèrera les théories scientifiques comme universellement vraies dans la mesure où elles ont été « corroborées », c’est-à-dire confirmées par un grand nombre de tests ; mais cette vérité doit nécessairement être pensée comme étant provisoire, toujours susceptible d’être remise en question : aussi grand que soit le nombre d’expérimentations menées, il ne saurait pourtant pas prouver que cette loi ou cette théorie ne seront jamais réfutées à l’avenir.
Ainsi Karl Popper met en place une conception rationaliste et critique de la vérité scientifique : une théorie scientifique est toujours susceptible d’être repensée, réévaluée, corrigée – cette possibilité de changement est preuve même du sérieux scientifique. La science authentique est toujours ouverte au doute et à la reconstruction.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain, IV : sur l’illégitimité des énoncés universels issus de l’expérience.
Bertrand Russell, Problèmes de philosophie, IV : « Sur l’induction ».
Karl Popper, Conjectures et réfutations : Avant-propos et texte sur l’induction et le critère « faillibiliste » de la science.

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