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Le Modèle de Clausewitz

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Objectif
  • Être capable de mobiliser le modèle de Clausewitz pour appréhender les conflits contemporains.
Points clés
  • Carl von Clausewitz est un officier prussien ayant participé à de nombreux conflits de son temps. Il participe à la réforme de l’armée prussienne et élabore De la guerre, un traité majeur de stratégie militaire.
  • Son ouvrage cherche à définir et appréhender la guerre dans sa globalité. Il élabore des concepts comme ceux de « guerre absolue » ou de « guerre réelle ».
  • Certains éléments de son analyse restent pertinents pour comprendre les conflits contemporains.
1. Carl von Clausewitz : vie et contexte

Carl von Clausewitz, né en 1780, est un officier prussien issu d’un milieu modeste. Son père a servi comme officier durant la Guerre de Sept Ans mais a été démis de ses fonctions à l’issue du conflit en raison de son extraction modeste. Suite à l’œuvre de Clausewitz, Frédéric-Guillaume III reconnait la noblesse de sa famille en 1827.

Carl von Clausewitz participe à la campagne du Rhin en 1793 et 1794 comme cadet à l’âge de 13 ans. Il intègre la prestigieuse Académie de Berlin en 1801. Durant la campagne de 1806, il est capturé et passe sa captivité en France et en Suisse. À son retour, il est l’adjoint du général Gerhard von Scharnhorst et participe à la réforme de l’armée prussienne.

Cette réforme, menée sous von Scharnhorst, aboutit à la création d’une armée de réserve et à l’abolition des châtiments corporels dans l’armée.

On lui confie alors la charge de la formation militaire du prince héritier prussien, le futur Guillaume Ier. Après avoir refusé de collaborer dans l’armée napoléonienne, il devient directeur de l’Académie militaire de Berlin de 1818 à 1830. Durant cette période, il rédige son ouvrage De la guerre. Il décède du choléra en 1831.

2. « De la guerre », traité majeur de stratégie militaire

L’ouvrage de Clausewitz, De la guerre, cherche à définir et à comprendre la guerre dans sa globalité.

a. La guerre est un duel

Clausewitz définit la guerre comme un duel entre deux parties, l’un cherchant à dominer l’autre :

« La guerre est un acte de violence dont l’objectif est de contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté (...) Pour atteindre cette fin avec certitude nous devons désarmer l’ennemi ».

Pour y parvenir, Clausewitz utilise l’expression « d'ascension aux extrêmes », c’est-à-dire de désarmement totale de l’ennemi et de guerre absolue.

La guerre absolue selon Clausewitz est un modèle conceptuel : celui de la guerre durant laquelle la violence se déchaîne jusqu’aux extrêmes, sans limite.

Ce type de guerre est rare. Clausewitz prend pour modèle les guerres révolutionnaires. Dans la réalité, les guerres sont le fait d’États qui proportionnent leur effort et leur stratégie militaire à l’objectif. C’est ce qu’il nomme la guerre réelle.

Exemple
Clausewitz évoque la Guerre de Sept Ans (1756-1763), guerre « classique » opposant deux coalitions. C’est l’une des premières guerres « mondiales » car les belligérants s’opposent en Europe mais aussi dans les colonies. C’est une guerre régulière.
b. La guerre est fondamentalement politique

La guerre selon Clausewitz est la guerre « entre États » : c’est la « continuation de la politique selon d’autres moyens ».

En effet, selon lui, la guerre revêt une dimension politique car c’est un moyen d’action pour les États, qui leur permet de promouvoir leurs intérêts ou de répondre à une agression.

« Nous voyons donc que la guerre n’est pas seulement un acte politique, mais un véritable instrument politique. »

Pour Clausewitz, les guerres révolutionnaires et napoléoniennes ont montré un exemple de rapprochement entre État et citoyens par la participation à la guerre, provoquant une radicalisation de celle-ci :

« La guerre était soudain redevenue l’affaire du peuple et d’un peuple de 30 millions d’habitants qui se considéraient tous comme citoyens de l’État. »
c. La temporalité de la guerre selon Clausewitz

Clausewitz élabore également une temporalité de la guerre. Pour lui, il est impossible de gagner une guerre. C’est un phénomène marqué par la discontinuité de la violence, avec des épisodes de violence bilatérales, unilatérales ou d’absence momentanée de violence (« d’inaction »).

Ainsi, la guerre se termine temporairement lorsqu’un État est parvenu à dominer un autre.

3. Le modèle de Clausewitz à l’épreuve du terrorisme

Le modèle de Clausewitz suppose donc une guerre entre États. C’est l’art de la guerre réelle, encadrée par le droit international. Cette forme de guerre classique est de plus en plus rare.

En effet, on voit aujourd’hui davantage de guerres irrégulières (ou asymétriques) : phénomènes de guerillas aux combattants très mobiles, usage du terrorisme, conflits transcendant les frontières des États, guerres civiles liées à l’absence d’État, etc.

Prenons l’exemple de l’entité terroriste Al Qaïda, fondée en 1987. L’utilisation du terrorisme comme moyen d’action contrevient aux règles habituelles de la guerre régulière :

  • choc des populations civiles ;
  • pas de déclaration de guerre ;
  • pas de revendication précise ;
  • pas de rupture géopolitique (pas de changement dans les rapports de force mondiaux).
Le terrorisme est une série d’actes volontairement médiatisés, prenant pour cibles des objectifs non militaires afin de créer un climat d’insécurité et de peur chez les populations, en vue d’objectifs idéologiques ou politiques.
Remarque
Malgré cela, les États gardent un vocabulaire guerrier. Lors des attentats terroristes de 2016 en France, le président François Hollande annonce que la France est en guerre. Or, cela ne correspond pas à une réalité légale. La France est alors engagée dans des coalitions hors du territoire national. Cependant, il n’y a pas de cible étatique définie.

Le terrorisme permet donc de contourner la puissance militaire des États. Les organisations terroristes mènent une guerre irrégulière à dimension idéologique (l’islamisme dans le cas d’Al Qaïda).

Les moyens de lutte sont donc difficiles à déterminer. Il n’est pas question de duel, tel que défini par Clausewitz. La guerre menée par Al Qaïda ou Daesh est entretenue par la menace d’attentats, davantage que par des combats. L’impact psychologique dépasse les effets stratégiques conventionnels. Cependant, les cibles sont bien des États.

Exemple
Un texte d’Oussama Ben Laden et Ayman al-Zawahiri datant de 1988 évoque deux cibles majeures : les ennemis proches (c’est-à-dire les régimes politiques du monde arabo-musulman) et les ennemis lointains (c’est-à-dire le monde occidental).

Plus récemment, l’organisation terroriste Daesh s’est distinguée d’Al Qaïda car elle s’est revendiquée comme une entité politique (DAESH signifie « État islamique ») :

  • revendication d’un territoire ;
  • nomination d’un calife, censé représenter le pouvoir politique et religieux de l’entité et au-delà, du monde musulman dans sa totalité.

Cependant, comme Al Qaïda, Daesh se caractérise par sa manière de mener des guerres irrégulières : méthodes de guérilla, infériorité numérique entraînant une guerre par la terreur, absence de distinction entre civils et militaires, etc.

En conclusion, on constate que les thèses de Clausewitz sont en partie dépassées. Cependant, elles restent pertinentes sur certains aspects. La guerre irrégulière n’est pas totalement inconnue au XIXe siècle. On a des exemples de guérillas (« petite guerre ») menées face aux troupes de Napoléon.

Plus généralement, la distinction de Clausewitz entre guerre absolue et guerre réelle, élaborant une échelle dans l’implication des acteurs, reste utile dans la lecture actuelle des conflits. Enfin, n’oublions pas que les acteurs non conventionnels, y compris terroristes, conservent un objectif avant tout politique.

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