Travail et intégration sociale
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- Connaitre les liens entre travail et intégration sociale.
- Le travail est devenu, dans la société industrielle, un créateur de lien social et l'un des principaux lieux d'intégration. Aujourd'hui, la précarité et la flexibilité des contrats de travail mettent en danger ce rôle. La crise actuelle amplifie ce phénomène et prive d'emploi une partie importante de la population active européenne.
- Ne faut-il pas développer des instances d'intégration complémentaires à l'emploi voire qui pourraient s'y substituer dans certains cas ?
À la fin du XIXe siècle,
le sociologue Émile Durkheim constate
l'accroissement de la
« densité »
matérielle et morale de la société
moderne (contacts plus fréquents, distances
réduites entre individus). Dans ce contexte,
c'est la division du travail qui permet de
développer les interdépendances et la
coopération. La solidarité
« mécanique » fait
place à une solidarité
« organique », plus
complexe.
La solidarité mécanique fait
référence aux sociétés
traditionnelles où les individus entrent en
contact du fait de leurs ressemblances. La
solidarité organique trouve sa place dans les
sociétés modernes, industrielles et
urbaines. Le lien y est plus utilitariste, les
individus entrent en relation car ils sont
différents et ont besoin les uns des autres.
Ainsi, le rôle de la division du travail va bien
au-delà de ses effets économiques. Il
s'agit d'une véritable socialisation, qui s'est
maintenue jusqu'à aujourd'hui : le
titulaire d'un emploi relève à la fois
d'un collectif de travail (atelier, corporation), d'un
statut (ouvrier, cadre) associé à une
activité syndicale, enfin de la condition de
salarié, à laquelle sont associés
droits et protections sociales. Le travail permet donc
aux individus de construire une identité
professionnelle et un statut social.
Cette identité peut se retrouver dans la
fierté d'avoir accompli une tâche
spectaculaire (les ingénieurs du viaduc de
Millau, les ouvriers du tunnel sous la Manche, etc.),
d'appartenir à une entreprise
réputée (Apple, Canon...) ou dans les
luttes syndicales médiatisées
(Continental).
La crise économique et ses effets destructeurs
sur le lien social construit par le travail ont
amené certains sociologues à remettre en
cause la fonction intégratrice du
travail.
- D'une part, le travail n'a pas toujours été et n'est pas dans toutes les sociétés, l'activité essentielle des individus : les activités politiques, culturelles, familiales, peuvent tout autant créer du lien social.
- D'autre part, la segmentation du marché du travail et la flexibilité des statuts, des conditions de travail et des rémunérations, permettent de moins en moins aux individus de trouver dans leur travail la stabilité nécessaire à leur intégration sociale et à la construction de leur identité.
La multiplication des travailleurs pauvres et précaires remet en question la place centrale du travail dans la vie économique et sociale des individus. Robert Castel parle de société du « précariat » pour désigner la situation actuelle. Plus de 12 % de la population active a un emploi précaire et celui-ci progresse chez les jeunes.
Le chômage d'exclusion, qui touche les individus ne correspondant pas aux exigences du marché du travail, par manque de qualification ou en raison de stigmates sociaux, illustre le rôle ambigu du travail dans notre société.
- D'une part, le travail ne peut plus intégrer la totalité de la population en âge de travailler, d'autant plus avec la crise actuelle. En Espagne par exemple, près d'un actif sur quatre est au chômage !
- D'autre part, il demeure une condition irremplaçable de l'intégration sociale, bien au-delà de la dimension économique. Les enquêtes les plus récentes démontrent que les exclus eux-mêmes survivent socialement en participant à de nombreuses activités souterraines, génératrices de relations et de réseaux : travail au noir, trafics divers...
Le travail, qui reste le facteur principal d'obtention d'un revenu, est donc d'intégration dans la société de consommation. De plus les individus privés d'emploi sont de plus en plus considérés comme des « assistés » et stigmatisés ce qui montre à quel point l'emploi reste central dans l'intégration des individus.
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