Lorenzaccio : résumé et personnages
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Objectif
Comprendre en quoi la complexité de l’intrigue
et la multiplicité des personnages sont un des enjeux
qui font la singularité de la pièce de
Musset.
1. Résumé de la pièce
L’intrigue est complexe car à
l’intrigue principale se mêlent des intrigues
secondaires. Elle s’étale sur plusieurs
jours. La pièce s’étend sur
5 actes, chacun
présentant une grande diversité de
tableaux.
a. Acte I
Tout en présentant la situation à Florence
en 1537, l'acte I
amorce les différentes intrigues de la
pièce.
• L’intrigue principale concerne Alexandre de Médicis, duc de Florence qui dirige la ville en tyran, et Lorenzo de Médicis, son cousin. Dans un jardin, la nuit, Lorenzo, complice d’Alexandre, l’aide à compromettre et enlever une jeune fille sous les yeux de son frère, Maffio, impuissant à les arrêter (s.1). Au matin dans les rues, la ville est présentée dans une atmosphère carnavalesque où les grands de la cité, masqués et travestis, sortent d’un bal. C’est l’occasion pour le peuple florentin de commenter la vie publique et l’atmosphère de débauche instaurée par Alexandre et ses proches (s.2).
Peu après, au palais, le cardinal Valori, représentant du Pape, soutenu par le chancelier sire Maurice, vient mettre en garde Alexandre contre Lorenzo. Le duc balaye ses inquiétudes en brossant de son cousin un portrait peu flatteur mais affectueux. Comédie ou aversion sincère, Lorenzo, provoqué en duel, s’évanouit à la vue d’une épée (s.4).
• S’amorcent parallèlement deux intrigues secondaires. D’une part, la marquise Cibo, espionnée par son beau-frère le cardinal Cibo, est courtisée par Alexandre et pourrait lui céder dans l’espoir d’influencer sa politique (s.3). D’autre part, à la foire, alors que le peuple discute du Pape et de l’Empereur qui détiennent le pouvoir de la cité, un incident éclate entre Julien Salviati, proche d’Alexandre, et Léon Strozzi, d’une famille républicaine, qui veut défendre l’honneur de sa sœur, la jeune Louise, approchée grossièrement par Julien (s.5). Le soir, Marie Soderini, la mère de Lorenzo, attristée par la vie de son fils, évoque un Lorenzo passé, différent et vertueux, tandis que les citoyens bannis de la ville, dont Maffio, quittent Florence en la maudissant (s.6).
• L’intrigue principale concerne Alexandre de Médicis, duc de Florence qui dirige la ville en tyran, et Lorenzo de Médicis, son cousin. Dans un jardin, la nuit, Lorenzo, complice d’Alexandre, l’aide à compromettre et enlever une jeune fille sous les yeux de son frère, Maffio, impuissant à les arrêter (s.1). Au matin dans les rues, la ville est présentée dans une atmosphère carnavalesque où les grands de la cité, masqués et travestis, sortent d’un bal. C’est l’occasion pour le peuple florentin de commenter la vie publique et l’atmosphère de débauche instaurée par Alexandre et ses proches (s.2).
Peu après, au palais, le cardinal Valori, représentant du Pape, soutenu par le chancelier sire Maurice, vient mettre en garde Alexandre contre Lorenzo. Le duc balaye ses inquiétudes en brossant de son cousin un portrait peu flatteur mais affectueux. Comédie ou aversion sincère, Lorenzo, provoqué en duel, s’évanouit à la vue d’une épée (s.4).
• S’amorcent parallèlement deux intrigues secondaires. D’une part, la marquise Cibo, espionnée par son beau-frère le cardinal Cibo, est courtisée par Alexandre et pourrait lui céder dans l’espoir d’influencer sa politique (s.3). D’autre part, à la foire, alors que le peuple discute du Pape et de l’Empereur qui détiennent le pouvoir de la cité, un incident éclate entre Julien Salviati, proche d’Alexandre, et Léon Strozzi, d’une famille républicaine, qui veut défendre l’honneur de sa sœur, la jeune Louise, approchée grossièrement par Julien (s.5). Le soir, Marie Soderini, la mère de Lorenzo, attristée par la vie de son fils, évoque un Lorenzo passé, différent et vertueux, tandis que les citoyens bannis de la ville, dont Maffio, quittent Florence en la maudissant (s.6).
b. Acte II
• Le conflit entre les Strozzi et Julien Salviati
s’intensifie : Philippe
Strozzi, républicain, exprime son
inquiétude face au désir de
vengeance et à la colère de son fils
Pierre (s.1). Peu
après, alors que Lorenzo est chez les Strozzi et
semble avoir la confiance de Philippe, Pierre annonce
qu’il a tué Julien Salviati (s.5). Mais Julien, seulement
blessé, vient demander vengeance au duc
(s.7).
Chez les Cibo, le cardinal révèle ses ambitions personnelles et, profitant du secret de la confession, engage sa belle-sœur, la marquise, à céder aux avances d’Alexandre (s.3).
• Lorenzo rencontre le peintre Tebaldeo qui soutient une conception pure et exigeante de l’art mais accepte néanmoins de faire le portrait du duc (s.2). En compagnie de sa mère et sa tante Catherine, Lorenzo évoque l’histoire de Brutus. Alexandre exprime son désir de séduire Catherine (s.4). Au palais, alors qu’Alexandre pose pour son portrait, Lorenzo lui dérobe sa cotte de mailles, esquissant ainsi son projet d’assassinat (s.6).
Chez les Cibo, le cardinal révèle ses ambitions personnelles et, profitant du secret de la confession, engage sa belle-sœur, la marquise, à céder aux avances d’Alexandre (s.3).
• Lorenzo rencontre le peintre Tebaldeo qui soutient une conception pure et exigeante de l’art mais accepte néanmoins de faire le portrait du duc (s.2). En compagnie de sa mère et sa tante Catherine, Lorenzo évoque l’histoire de Brutus. Alexandre exprime son désir de séduire Catherine (s.4). Au palais, alors qu’Alexandre pose pour son portrait, Lorenzo lui dérobe sa cotte de mailles, esquissant ainsi son projet d’assassinat (s.6).
c. Acte III
• Cet acte présente une certaine
unité dans la mesure où il
révèle explicitement le projet de
Lorenzo : l’assassinat du
duc Alexandre. Dans sa chambre, Lorenzo
s’exerce au combat avec Scoronconcolo : ses
entraînements cachent le projet de tuer un ennemi
(s.1). Chez les
Strozzi, Pierre annonce
à son père la conjuration qui se
prépare avec les Pazzi contre les Médicis
(s.2) mais les
inquiétudes de Philippe se confirment lorsque
Thomas et Pierre, deux de ses fils, sont
arrêtés par des officiers allemands qui
contrôlent la ville. Lorenzo, au cours d’une
discussion avec Philippe, fait tomber le masque de
débauché au service d’Alexandre
qu’il porte depuis des années et lui
révèle son projet de meurtre. Il
apparaît comme un « Brutus moderne
» (s.3). Lors
d’un dîner chez les Strozzi, Louise meurt
empoisonnée, ce qui attise le désir de
vengeance des républicains (s.7). Catherine, la tante de
Lorenzo, annonce à Marie qu’elle a
reçu un billet d’Alexandre (s.4), tandis que ce dernier, chez la
marquise Cibo qui lui a cédé, se montre
indifférent aux discours politiques
qu’elle lui tient (s.5-6).
d. Acte IV
• Cet acte voit se profiler progressivement le
meurtre, des préparatifs à sa
réalisation effective.
Chez les Cibo, la marquise, victime d’un chantage de son beau-frère le cardinal, révèle à son mari avoir cédé à Alexandre (s.4). Les fils Strozzi, à leur libération, apprennent la mort de leur sœur (s.2). À l’enterrement de Louise, Pierre s’oppose à son père Philippe qui refuse de participer à l’action de son fils (s.6). Devant le refus de Philippe, les républicains bannis de Florence se désolidarisent de Pierre qui souhaite s’allier avec le roi de France (s.8).
• Au palais du duc, Lorenzo donne à Alexandre un rendez-vous avec Catherine dans sa chambre. Il expose son plan à Scoronconcolo (s.4) et finalise les préparatifs. Catherine vient lui faire part du billet reçu d’Alexandre et Lorenzo attise sa propre haine contre son cousin (s.5). Dans les rues de la ville, il avertit les républicains de son acte à venir pour les exhorter à préparer leur soulèvement mais n’est pas pris au sérieux (s.7). Sa détermination s’affirme, il est proche du délire (s.9). Au palais, l’envoyé du Pape et le cardinal Cibo mettent à nouveau le duc en garde contre Lorenzo (s.10). Dans la chambre, l'assassinat d’Alexandre s’accomplit et laisse Lorenzo dans un état d’extase (s.11).
Chez les Cibo, la marquise, victime d’un chantage de son beau-frère le cardinal, révèle à son mari avoir cédé à Alexandre (s.4). Les fils Strozzi, à leur libération, apprennent la mort de leur sœur (s.2). À l’enterrement de Louise, Pierre s’oppose à son père Philippe qui refuse de participer à l’action de son fils (s.6). Devant le refus de Philippe, les républicains bannis de Florence se désolidarisent de Pierre qui souhaite s’allier avec le roi de France (s.8).
• Au palais du duc, Lorenzo donne à Alexandre un rendez-vous avec Catherine dans sa chambre. Il expose son plan à Scoronconcolo (s.4) et finalise les préparatifs. Catherine vient lui faire part du billet reçu d’Alexandre et Lorenzo attise sa propre haine contre son cousin (s.5). Dans les rues de la ville, il avertit les républicains de son acte à venir pour les exhorter à préparer leur soulèvement mais n’est pas pris au sérieux (s.7). Sa détermination s’affirme, il est proche du délire (s.9). Au palais, l’envoyé du Pape et le cardinal Cibo mettent à nouveau le duc en garde contre Lorenzo (s.10). Dans la chambre, l'assassinat d’Alexandre s’accomplit et laisse Lorenzo dans un état d’extase (s.11).
e. Acte V
• À Florence, au palais, Côme de Médicis, le
choix du cardinal, est désigné pour
succéder à Alexandre en tant que duc
de la ville (s.1). La
marquise Cibo et son époux sont
réconciliés (s.3) tandis que Pierre Strozzi
décide de partir en France (s.4).
Le peuple commente à nouveau la vie de la cité, la querelle entre Strozzi et Salviati perdure à travers des enfants, la situation semble identique au début (s.5). Lors d’une manifestation d’étudiants, l’un d’eux meurt pour la liberté, tué par un soldat (s.6).
• Exilé à Venise, Lorenzo retrouve Philippe Strozzi. Il apprend que sa tête est mise à prix (s.2) et que sa mère est morte. Il confie à Philippe son pessimisme et l’inutilité de son acte. Se sachant traqué par des hommes du nouveau duc, il se promène dans les rues de Venise sans protection et est assassiné, son corps laissé dans la lagune (s.7). À Florence, Côme est couronné (s.8).
Le peuple commente à nouveau la vie de la cité, la querelle entre Strozzi et Salviati perdure à travers des enfants, la situation semble identique au début (s.5). Lors d’une manifestation d’étudiants, l’un d’eux meurt pour la liberté, tué par un soldat (s.6).
• Exilé à Venise, Lorenzo retrouve Philippe Strozzi. Il apprend que sa tête est mise à prix (s.2) et que sa mère est morte. Il confie à Philippe son pessimisme et l’inutilité de son acte. Se sachant traqué par des hommes du nouveau duc, il se promène dans les rues de Venise sans protection et est assassiné, son corps laissé dans la lagune (s.7). À Florence, Côme est couronné (s.8).
2. Les personnages
Les personnages sont multiples, il suffit
d’observer la didascalie initiale pour s’en
rendre compte. Cette multiplicité va de pair avec la
complexité de l’intrigue et participe
à l’impression de foisonnement qui se
dégage de la pièce.
a. Lorenzo de Medicis (dit « Lorenzaccio
»)
• La pièce porte son nom. Son projet,
son acte, sa psychologie sont au cœur
de l’intrigue et sont le ciment de la
pièce. Il a environ 23 ans au moment
des faits. N’oublions pas qu’il s’agit
d’un personnage historique : c’est un
aristocrate héritier de la très puissante
et très influente famille florentine des
Médicis. Lorenzo est le descendant d’un
frère de Côme l’Ancien, riche banquier
qui prend le pouvoir de la ville de Florence au
début du 15e siècle.
Malgré plusieurs conspirations, les Médicis
règneront sur Florence pendant plus de trois
siècles. Historiquement, Lorenzo est surtout connu
pour son acte, l’assassinat
d’Alexandre, mais ses motivations
réelles sont restées obscures. La fin de la
pièce de Musset ne coïncide pas exactement
avec l’histoire puisque dans la
réalité, Lorenzo n’est
assassiné à Venise qu’en 1548, après plusieurs
années d’exil.
• Le personnage de Lorenzo interroge avant d’entrer en scène. Dans la liste des personnages dressée par Musset, il apparaît sous deux noms : son titre officiel, « Lorenzo de Médicis », et un de ses surnoms « Lorenzaccio » (« le mauvais Lorenzo »).
Il n’est pas anodin que Musset ait choisi ce surnom dégradant comme titre, le suffixe –accio étant clairement péjoratif. Apparaît d’emblée la duplicité, voire la multiplicité du personnage. D’autres surnoms lui sont attribués dans la pièce : le diminutif « Renzo », ou encore « Lorenzino » (« petit Lorenzo ») qui, dans la bouche de sa mère, évoque, au contraire de « Lorenzaccio », le Lorenzo du passé et sa facette positive.
Remarquons également le surnom donné par Alexandre, « Lorenzetta » (I, 4), qui traduit une ambiguïté à la fois physique, sexuelle, et morale : Lorenzo est décrit selon des traits peu virils, voire féminins, il est maigre et d’apparence fragile. Moralement, c’est son manque de courage et sa faiblesse qui transparaissent dans ce surnom. De son passé, on peut entrevoir une jeunesse sage et studieuse évoquée par sa mère et par lui-même.
On apprend par ailleurs (I, 4) qu’il a été banni de Rome par le Pape Clément VII pour avoir décapité les statues de l’arc de Constantin, ivre et sans doute par provocation. Le héros se présente donc selon un aspect particulièrement ambivalent. Ambivalence qui se manifeste dans son rapport à Alexandre dont il est à la fois le complice et l’opposant.
• Le personnage de Lorenzo interroge avant d’entrer en scène. Dans la liste des personnages dressée par Musset, il apparaît sous deux noms : son titre officiel, « Lorenzo de Médicis », et un de ses surnoms « Lorenzaccio » (« le mauvais Lorenzo »).
Il n’est pas anodin que Musset ait choisi ce surnom dégradant comme titre, le suffixe –accio étant clairement péjoratif. Apparaît d’emblée la duplicité, voire la multiplicité du personnage. D’autres surnoms lui sont attribués dans la pièce : le diminutif « Renzo », ou encore « Lorenzino » (« petit Lorenzo ») qui, dans la bouche de sa mère, évoque, au contraire de « Lorenzaccio », le Lorenzo du passé et sa facette positive.
Remarquons également le surnom donné par Alexandre, « Lorenzetta » (I, 4), qui traduit une ambiguïté à la fois physique, sexuelle, et morale : Lorenzo est décrit selon des traits peu virils, voire féminins, il est maigre et d’apparence fragile. Moralement, c’est son manque de courage et sa faiblesse qui transparaissent dans ce surnom. De son passé, on peut entrevoir une jeunesse sage et studieuse évoquée par sa mère et par lui-même.
On apprend par ailleurs (I, 4) qu’il a été banni de Rome par le Pape Clément VII pour avoir décapité les statues de l’arc de Constantin, ivre et sans doute par provocation. Le héros se présente donc selon un aspect particulièrement ambivalent. Ambivalence qui se manifeste dans son rapport à Alexandre dont il est à la fois le complice et l’opposant.
b. Alexandre de Médicis, duc de Florence
• Alexandre de
Médicis est fait duc de Florence en
1532. Enfant
illégitime descendant de la branche principale des
Médicis, il est régulièrement
qualifié de « bâtard » :
on le dit en effet fils du Pape
Clément VII, lui aussi un
Médicis. Clément VII, allié à
l’empereur Charles
Quint,
encourage le mariage d’Alexandre avec une fille
illégitime de l’Empereur en 1536 afin de renforcer les
alliances. Dans la pièce, il a environ 27 ans au
moment de l’intrigue et gouverne en tyran
sur Florence, s’appuyant sur les soldats de la
garnison allemande qui occupent la ville et le
protègent. Malgré sa fonction de duc, le
personnage n’est pas présenté dans sa
dimension politique : il méprise sa
fonction et ne remplit pas son rôle
politique.
• Il méprise également ses sujets et est détesté du peuple. Il agit en despote et multiplie les injustices, les bannissements, les massacres, les abus de pouvoir. Au-delà de son rôle politique, il méprise son rôle moral et bafoue le code d’honneur de l’aristocratie : il est présenté comme un grand seigneur décadent, immoral, grossier et libertin. La première image de lui est celle d’un séducteur qui corrompt l’innocence d’une jeune fille. Il apparaît ensuite masqué, travesti en religieuse à la sortie d’un bal, ce qui révèle un profond décalage entre sa fonction et ses agissements qui s’apparentent à ceux d’un bouffon. La marquise Cibo tentera, en vain, d’éveiller sa conscience politique : « Florence t’appelle sa peste nouvelle » (III, 6). Sa cour (dont Julien Salviati) est à son image : débauchée.
• Il forme avec Lorenzo un duo de dépravés, révélateur de la décadence de l’aristocratie et de l’immoralité politique. Si l’ambiguïté de leur relation a souvent été soulevée, retenons surtout l’affection qu’Alexandre porte à son cousin.
• Il méprise également ses sujets et est détesté du peuple. Il agit en despote et multiplie les injustices, les bannissements, les massacres, les abus de pouvoir. Au-delà de son rôle politique, il méprise son rôle moral et bafoue le code d’honneur de l’aristocratie : il est présenté comme un grand seigneur décadent, immoral, grossier et libertin. La première image de lui est celle d’un séducteur qui corrompt l’innocence d’une jeune fille. Il apparaît ensuite masqué, travesti en religieuse à la sortie d’un bal, ce qui révèle un profond décalage entre sa fonction et ses agissements qui s’apparentent à ceux d’un bouffon. La marquise Cibo tentera, en vain, d’éveiller sa conscience politique : « Florence t’appelle sa peste nouvelle » (III, 6). Sa cour (dont Julien Salviati) est à son image : débauchée.
• Il forme avec Lorenzo un duo de dépravés, révélateur de la décadence de l’aristocratie et de l’immoralité politique. Si l’ambiguïté de leur relation a souvent été soulevée, retenons surtout l’affection qu’Alexandre porte à son cousin.
c. Philippe Strozzi et les républicains
• Ils représentent les opposants au
pouvoir despotique des Médicis et au
contrôle de la ville par le Pape et Charles Quint. La famille Strozzi
est une illustre famille républicaine,
menée par Philippe qui fait figure de
patriarche pour les républicains qui voient
en lui leur meneur. Il incarne des valeurs
profondément humanistes et une droiture
morale. Il a une place centrale dans la pièce.
En premier lieu, il est une figure tendre et
paternelle pour Lorenzo. Il rêve d’un
Lorenzo libérateur de Florence. Confident du
héros, il permet également
d’expliciter l’intrigue à
l’occasion de l’aveu du projet de meurtre.
Surtout, il permet de révéler, par un effet
de miroir, un Lorenzo sincère et
authentique, libéré du masque
qu’il porte.
• Par ailleurs, il apparaît comme un guide très éloquent, capable de beaux discours, mais peu enthousiasmé par la perspective d’une action armée et dépassé par ses désaccords avec son fils Pierre. Il représente à cet égard l’ensemble des républicains, figés dans une posture idéologique mais impuissants à agir de manière efficiente. Lorenzo est favorable à un changement républicain mais très critique quant à leur inaction : « Qu’importe que la conscience soit vivante, si le bras est mort ? », (III, 3). Le dénouement de la pièce vient confirmer cette idée : Alexandre est remplacé par Côme, les républicains laissent faire. Philippe représente la révolte avortée des républicains.
• Par ailleurs, il apparaît comme un guide très éloquent, capable de beaux discours, mais peu enthousiasmé par la perspective d’une action armée et dépassé par ses désaccords avec son fils Pierre. Il représente à cet égard l’ensemble des républicains, figés dans une posture idéologique mais impuissants à agir de manière efficiente. Lorenzo est favorable à un changement républicain mais très critique quant à leur inaction : « Qu’importe que la conscience soit vivante, si le bras est mort ? », (III, 3). Le dénouement de la pièce vient confirmer cette idée : Alexandre est remplacé par Côme, les républicains laissent faire. Philippe représente la révolte avortée des républicains.
d. La marquise Cibo
• La marquise réprouve le pouvoir
despotique, la déchéance et
l’atmosphère corrompue de Florence et
laisse entrevoir une sensibilité
républicaine. En cédant à
Alexandre, elle croit consentir à un sacrifice
politique afin d’orienter le tyran Alexandre vers
un assainissement politique de la cité. En ce
sens, son geste, quoique bien plus grossièrement,
fait écho au sacrifice de Lorenzo. Mais,
prise dans une intrigue dont elle ne maîtrise pas
les rênes, elle ne peut que constater
l’échec de son entreprise. Sa
dignité intellectuelle est par ailleurs
très éprouvée par l’attitude
d’Alexandre. Son geste révèle
toutefois un patriotisme sincère quoique
naïf.
e. Les ecclésiastiques
• Le cardinal Cibo
et le cardinal Valori
représentent l’influence du Pape. Ils sont
austères, garants de l’autorité
papale, mais Cibo intrigue pour contrôler le
pouvoir et se distingue par son cynisme.
f. Le peuple de Florence
• Véritable personnage collectif, le
peuple florentin regroupe l’orfèvre, un
marchand, des écoliers, des bourgeois, ou des
femmes qui passent. Il confère un
caractère vivant à la pièce,
notamment à travers les scènes de rue. Mais
les gens du peuple sont présentés comme des
badauds curieux voire envieux de la vie des aristocrates.
Le peuple parle du duc en termes péjoratifs et
exprime une certaine lucidité face à
l’immoralité de la cour d’Alexandre
qu’il condamne clairement. Il reste pourtant
spectateur et se complait dans une attitude
passive, que ce soit à l’ouverture de la
pièce ou à la fin, lorsqu’il assiste,
impuissant, au couronnement du nouveau duc.
g. Les personnages positifs
• Dans cette atmosphère viciée et ce
flot de personnages corrompus, quelques personnages
vertueux se distinguent parmi lesquels : Louise Strozzi, Marie Soderini, Catherine Girona (la tante de
Lorenzo), et le jeune peintre Tebaldeo.
L'essentiel
Musset, libéré des contraintes du
théâtre classique, a pu créer une
intrigue et un réseau de personnages
particulièrement riches et divers qui participent
à l'originalité de la pièce.
Cette multiplicité peut donner lieu à une
grande diversité d'interprétations.
Toutefois, il ne faut pas oublier que le geste de Lorenzaccio et, par extension, l'échec politique qui résulte des trois intrigues, sont ce qui permet de donner à la pièce une réelle unité en en révélant son sens profond.
Toutefois, il ne faut pas oublier que le geste de Lorenzaccio et, par extension, l'échec politique qui résulte des trois intrigues, sont ce qui permet de donner à la pièce une réelle unité en en révélant son sens profond.
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