Lorenzaccio : les thèmes
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Objectif
Proposer une vision diversifiée des thèmes
principaux de l’œuvre en abordant un enjeu
historique, dramaturgique, et symbolique.
1. La ville de Florence
Florence est
désignée comme lieu principal de la
pièce.
• Excepté Venise, lieu de mort du héros au dernier acte, la ville de Florence constitue le décor qui voit se dérouler la quasi totalité de l’intrigue. Elle doit d’abord être appréhendée dans sa dimension multiple : plusieurs éléments permettent d’installer l’atmosphère florentine, notamment la diversité des lieux évoqués : on remarque de nombreuses scènes de rue prises sur le vif, de la foire aux bords de l’Arno (le fleuve qui traverse la ville), en passant par un jardin, le parvis d’une église ou le palais ducal. Ces éléments contribuent à donner un caractère vivant à la pièce. À cet égard, Musset a composé un véritable tableau de la Florence du 16e siècle, une toile particulièrement vivante, bien qu’il n’y ait passé que très peu de jours lors de son séjour en Italie.
• Toutefois, Florence ne doit pas être réduite à un arrière-plan pittoresque, à une « couleur locale » souvent évoquée. En effet, Musset parvient surtout à lui donner la dimension d’une véritable société, notamment par la diversité de catégories sociales des personnages qui l’animent : bourgeois, marchands, aristocrates, artistes, ecclésiastiques… En ce sens, la ville apparaît dans sa dimension théâtrale, elle est le théâtre de la vie, des intrigues, et du drame qui se joue devant nos yeux. Cet aspect est d’ailleurs confirmé dès la deuxième scène du premier acte où Florence est présentée comme le cadre de festivités (un bal costumé) et, par conséquent, comme une ville de plaisirs.
• Il est difficile de ne pas aborder Florence selon son aspect mythique. Entre Rome et Venise, la « ville de la fleur » correspond à une image collective emblématique et idéale, un fantasme de la Renaissance italienne, tant par l’imaginaire culturel qu’elle déploie que par les splendeurs artistiques dont elle regorge. Stendhal a d’ailleurs évoqué cette Florence mythique, victime d’un étrange syndrome qui porte son nom :
« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés », déclare-t-il dans Rome, Naples, et Florence.
Il faut souligner que l’importance des arts est indissociable de la ville pour des raisons historiques et culturelles : Florence a été le berceau d’un mécénat sans précédent, les artistes étant protégés et encouragés par la famille Médicis. Ce glorieux passé est évoqué durant la rencontre de Lorenzo avec le jeune peintre Tebaldeo qui mentionne ses modèles, les peintres Raphaël et Michel-Ange (II, 2).
• La dimension mythique de la ville ne doit pas faire oublier l’aspect historique.
Florence constitue en effet un enjeu de l’intrigue car elle est au cœur de luttes de pouvoir. En 1527, les Médicis sont chassés du pouvoir par une révolte du peuple. Florence est alors un enjeu dans les luttes qui opposent en Italie l’Empereur d’Allemagne, Charles Quint, et le roi de France, François Ier. La ville capitule en 1530. En 1537, elle est à la fois sous la domination de l’Empereur et du Pape Paul III, successeur de Clément VII (I, 5 ; III, 6) qui contrôle les Médicis. La ville est également le cadre d’affrontements et d’une lutte d’influence entre les grandes familles, les Médicis et les Strozzi, qui représentent les républicains. N’oublions pas que de nombreux Florentins espéraient une république, préférant une alliance avec la France à la domination allemande. La ville est donc un espace de violences multiples où le sang coule (« noyée de vin et de sang » III, 3) et où se croisent plusieurs conflits.
• Les personnages manifestent tantôt leur affection et leur patriotisme (la marquise Cibo, Tebaldeo), tantôt leur déception quant à cette cité qu’ils considèrent souillée. C’est une Florence imagée et presque imaginaire que donne à voir Musset tant elle fait souvent l’objet de personnifications, voire de métaphores féminines, maternelles (Tebaldeo, II, 2) ou amoureuses. Elle prend la dimension d’un véritable personnage vivant.
• Excepté Venise, lieu de mort du héros au dernier acte, la ville de Florence constitue le décor qui voit se dérouler la quasi totalité de l’intrigue. Elle doit d’abord être appréhendée dans sa dimension multiple : plusieurs éléments permettent d’installer l’atmosphère florentine, notamment la diversité des lieux évoqués : on remarque de nombreuses scènes de rue prises sur le vif, de la foire aux bords de l’Arno (le fleuve qui traverse la ville), en passant par un jardin, le parvis d’une église ou le palais ducal. Ces éléments contribuent à donner un caractère vivant à la pièce. À cet égard, Musset a composé un véritable tableau de la Florence du 16e siècle, une toile particulièrement vivante, bien qu’il n’y ait passé que très peu de jours lors de son séjour en Italie.
• Toutefois, Florence ne doit pas être réduite à un arrière-plan pittoresque, à une « couleur locale » souvent évoquée. En effet, Musset parvient surtout à lui donner la dimension d’une véritable société, notamment par la diversité de catégories sociales des personnages qui l’animent : bourgeois, marchands, aristocrates, artistes, ecclésiastiques… En ce sens, la ville apparaît dans sa dimension théâtrale, elle est le théâtre de la vie, des intrigues, et du drame qui se joue devant nos yeux. Cet aspect est d’ailleurs confirmé dès la deuxième scène du premier acte où Florence est présentée comme le cadre de festivités (un bal costumé) et, par conséquent, comme une ville de plaisirs.
• Il est difficile de ne pas aborder Florence selon son aspect mythique. Entre Rome et Venise, la « ville de la fleur » correspond à une image collective emblématique et idéale, un fantasme de la Renaissance italienne, tant par l’imaginaire culturel qu’elle déploie que par les splendeurs artistiques dont elle regorge. Stendhal a d’ailleurs évoqué cette Florence mythique, victime d’un étrange syndrome qui porte son nom :
« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés », déclare-t-il dans Rome, Naples, et Florence.
Il faut souligner que l’importance des arts est indissociable de la ville pour des raisons historiques et culturelles : Florence a été le berceau d’un mécénat sans précédent, les artistes étant protégés et encouragés par la famille Médicis. Ce glorieux passé est évoqué durant la rencontre de Lorenzo avec le jeune peintre Tebaldeo qui mentionne ses modèles, les peintres Raphaël et Michel-Ange (II, 2).
• La dimension mythique de la ville ne doit pas faire oublier l’aspect historique.
Florence constitue en effet un enjeu de l’intrigue car elle est au cœur de luttes de pouvoir. En 1527, les Médicis sont chassés du pouvoir par une révolte du peuple. Florence est alors un enjeu dans les luttes qui opposent en Italie l’Empereur d’Allemagne, Charles Quint, et le roi de France, François Ier. La ville capitule en 1530. En 1537, elle est à la fois sous la domination de l’Empereur et du Pape Paul III, successeur de Clément VII (I, 5 ; III, 6) qui contrôle les Médicis. La ville est également le cadre d’affrontements et d’une lutte d’influence entre les grandes familles, les Médicis et les Strozzi, qui représentent les républicains. N’oublions pas que de nombreux Florentins espéraient une république, préférant une alliance avec la France à la domination allemande. La ville est donc un espace de violences multiples où le sang coule (« noyée de vin et de sang » III, 3) et où se croisent plusieurs conflits.
• Les personnages manifestent tantôt leur affection et leur patriotisme (la marquise Cibo, Tebaldeo), tantôt leur déception quant à cette cité qu’ils considèrent souillée. C’est une Florence imagée et presque imaginaire que donne à voir Musset tant elle fait souvent l’objet de personnifications, voire de métaphores féminines, maternelles (Tebaldeo, II, 2) ou amoureuses. Elle prend la dimension d’un véritable personnage vivant.
2. Le traitement de l'espace et du temps
a. L'espace
• Le traitement de l’espace est un enjeu
majeur de l’œuvre car il fait partie des
enjeux du drame romantique. Musset refuse la
règle classique des 3 unités en
proposant une pluralité de lieux. Cela a
des conséquences sur l’action (plus de
personnages, une temporalité élargie), mais
également sur la mise en scène : chaque
lieu implique une caractérisation concrète
par un décor et des entrées et sorties de
scène des personnages.
• Mais rappelons que l’espace conçu par Musset dans Lorenzaccio a d’abord été un espace plus mental que scénique puisque il s’agissait d’un « spectacle dans un fauteuil », a priori écrit pour être lu et non pour être représenté. C’est ce qui explique la très grande liberté tant dans le nombre que dans la nature des lieux que compte la pièce. Elle présente 39 tableaux (scènes) et 17 lieux, parmi lesquels 11 en extérieur et 6 en intérieur. Contrairement au théâtre classique, l’espace est donc volontairement organisé de manière fragmentée ce qui contribue à donner du sens à la pièce : si l’espace est complexe et multiple, c’est que la réalité l’est aussi.
• Certains lieux sont le dépositaire de l’intériorité des personnages (les bords de l’Arno pour Marie et Catherine I, 6), d’autres organisent la résistance (chez les Strozzi, les plaines extérieures à la ville qui représentent l’exil), certains symbolisent l’atmosphère corrompue et pervertie de Florence (l’intimité des chambres), ou encore la tyrannie (le palais ducal). C’est d’ailleurs sur le lieu de la tyrannie que se clôt la pièce, la grande place de Florence qui réunit le pouvoir politique et l’aspect festif de la ville. Tandis que Lorenzo, pour sa dernière apparition, occupe l’espace d’une manière étrange et ambigüe, son corps est poussé dans la lagune de Venise, comme « hors champ ».
• La pièce Lorenzaccio a longtemps été considérée comme injouable dans son intégralité car trop complexe à mettre en scène. Elle impose de nouveaux enjeux dramaturgiques et scéniques. La représentation de la pièce telle que Musset l’a écrite s’étalerait sur environ huit heures. C’est pourquoi, lors des premières représentations, elle n’est jamais montée en entier. Par exemple, la toute première représentation de la pièce en 1896, avec Sarah Bernhardt dans le rôle de Lorenzo, présente une action resserrée sur 3 actes, supprimant certaines scènes et éludant ainsi la complexité de l’organisation spatiale conçue par Musset.
• Mais rappelons que l’espace conçu par Musset dans Lorenzaccio a d’abord été un espace plus mental que scénique puisque il s’agissait d’un « spectacle dans un fauteuil », a priori écrit pour être lu et non pour être représenté. C’est ce qui explique la très grande liberté tant dans le nombre que dans la nature des lieux que compte la pièce. Elle présente 39 tableaux (scènes) et 17 lieux, parmi lesquels 11 en extérieur et 6 en intérieur. Contrairement au théâtre classique, l’espace est donc volontairement organisé de manière fragmentée ce qui contribue à donner du sens à la pièce : si l’espace est complexe et multiple, c’est que la réalité l’est aussi.
• Certains lieux sont le dépositaire de l’intériorité des personnages (les bords de l’Arno pour Marie et Catherine I, 6), d’autres organisent la résistance (chez les Strozzi, les plaines extérieures à la ville qui représentent l’exil), certains symbolisent l’atmosphère corrompue et pervertie de Florence (l’intimité des chambres), ou encore la tyrannie (le palais ducal). C’est d’ailleurs sur le lieu de la tyrannie que se clôt la pièce, la grande place de Florence qui réunit le pouvoir politique et l’aspect festif de la ville. Tandis que Lorenzo, pour sa dernière apparition, occupe l’espace d’une manière étrange et ambigüe, son corps est poussé dans la lagune de Venise, comme « hors champ ».
• La pièce Lorenzaccio a longtemps été considérée comme injouable dans son intégralité car trop complexe à mettre en scène. Elle impose de nouveaux enjeux dramaturgiques et scéniques. La représentation de la pièce telle que Musset l’a écrite s’étalerait sur environ huit heures. C’est pourquoi, lors des premières représentations, elle n’est jamais montée en entier. Par exemple, la toute première représentation de la pièce en 1896, avec Sarah Bernhardt dans le rôle de Lorenzo, présente une action resserrée sur 3 actes, supprimant certaines scènes et éludant ainsi la complexité de l’organisation spatiale conçue par Musset.
b. Le temps
• Le traitement du temps est également un
enjeu majeur du drame romantique. Il faut d’abord
préciser que le drame se situe à la fin
de l’hiver, en février, saison
signifiante car elle marque le déclin. Par
ailleurs, l’action excède évidemment
24 heures, ce qui n’empêche pas une certaine
volonté de concentration de l’action
de la part du dramaturge.
En effet, les événements historiques repris par Musset s’étalent en réalité sur plusieurs années, jusqu’en 1538 à la mort de Lorenzo. Dans la pièce, le projet de Lorenzo s’affine et se précise en quelques jours. Par ailleurs, le temps dans la pièce se détermine souvent par l’alternance entre jour et nuit. La pièce s’ouvre alors que la nuit est tombée, elle signifie l’obscurité au sens propre comme au figuré, à savoir le temps du crime et de la débauche.
• Tout comme l’action et l’espace, le traitement du temps dans la pièce est complexe et pluriel, notamment parce qu’il s’organise autour de plusieurs intrigues qui doivent converger. Le temps de l’action est rapide et assez vif, en témoigne la façon dont Musset plonge souvent le lecteur dans une action en cours, in medias res (dès la scène d’exposition Lorenzo et Alexandre sont pris sur le fait de leur « embuscade », dans l’attente de la jeune Gabrielle depuis déjà plusieurs minutes). Mais surtout, il faut remarquer que le déroulement du temps est discontinu : souvent, par recherche d’une simultanéité, des actions se superposent si on cherche à les rétablir linéairement. Cette simultanéité est liée à la pluralité des lieux et des actions.
Le temps, comme l’espace, fait donc l’objet d’un découpage, ce qui a pour effet de concentrer et de renforcer l’intensité dramatique. Ces éléments participent à la dimension tragique du destin et de l’acte de Lorenzo.
En effet, les événements historiques repris par Musset s’étalent en réalité sur plusieurs années, jusqu’en 1538 à la mort de Lorenzo. Dans la pièce, le projet de Lorenzo s’affine et se précise en quelques jours. Par ailleurs, le temps dans la pièce se détermine souvent par l’alternance entre jour et nuit. La pièce s’ouvre alors que la nuit est tombée, elle signifie l’obscurité au sens propre comme au figuré, à savoir le temps du crime et de la débauche.
• Tout comme l’action et l’espace, le traitement du temps dans la pièce est complexe et pluriel, notamment parce qu’il s’organise autour de plusieurs intrigues qui doivent converger. Le temps de l’action est rapide et assez vif, en témoigne la façon dont Musset plonge souvent le lecteur dans une action en cours, in medias res (dès la scène d’exposition Lorenzo et Alexandre sont pris sur le fait de leur « embuscade », dans l’attente de la jeune Gabrielle depuis déjà plusieurs minutes). Mais surtout, il faut remarquer que le déroulement du temps est discontinu : souvent, par recherche d’une simultanéité, des actions se superposent si on cherche à les rétablir linéairement. Cette simultanéité est liée à la pluralité des lieux et des actions.
Le temps, comme l’espace, fait donc l’objet d’un découpage, ce qui a pour effet de concentrer et de renforcer l’intensité dramatique. Ces éléments participent à la dimension tragique du destin et de l’acte de Lorenzo.
3. Le motif du masque
• Le masque, dans Lorenzaccio, est un
motif récurrent et transversal. La pièce
débute, dès la scène 2 du premier
acte, sur un défilé de masques : «
plusieurs masques sortent
». Ce jeu des masques, par métonymie,
dresse une image ambiguë des courtisans. Il
s’agit d’un masque social mais aussi du
masque du vice, de la corruption.
• Paradoxalement, ces masques font l’objet d’une admiration par la femme d’un bourgeois du peuple : « regarde donc le joli masque ! ». Lorsque Alexandre et Salviati apparaissent « tous deux masqués », le masque vient compléter le déguisement de religieuse, comme un double travestissement, et participe donc du grotesque du personnage du duc qui renvoie l’image d’un bouffon. Ce jeu des masques contribue à donner une atmosphère artificielle, voire inquiétante, et particulièrement hypocrite à la cour et au pouvoir qui apparaissent comme une mascarade.
• Chez Lorenzo, le masque participe de son destin tragique et exprime un conflit intérieur. Son masque fait partie de la construction ou plutôt de la déconstruction de son identité. Lorenzo revêt le masque du comédien, le masque du théâtre car il joue la comédie devant le duc afin de mieux le tromper. Il prend le masque du dépravé, le masque du vice mais ce masque est dangereux car il tend à se confondre avec son identité originelle. Il l’affecte dans son intégrité. Lorenzo en est pleinement conscient, est-il pris à son propre jeu ? Il le suggère lui-même (II, 3) : « les masques de plâtre n’ont point de rougeur au service de la honte ».
S’il s’agit d’un masque symbolique, il est également évoqué dans son aspect physique, comme si le vice et l’immoralité contaminaient son visage et, par extension, son âme : sa mère constate que « la souillure de son cœur lui est montée au visage », visage aux « joues couleur de soufre » qui porte « une ironie ignoble et le mépris de tout » (I, 6).
• Philippe Strozzi (III, 3) évoque le meurtre comme une libération, voire une purification : « alors tu jetteras ce déguisement hideux qui te défigure ». Face à Philippe, pour la première fois, Lorenzo se démasque. Il se démasquera surtout au moment du meurtre. Acte IV, scène 11, alors que le duc, en faisant semblant de dormir (« je veux faire semblant de dormir…ce sera plus commode ») porte un masque, Lorenzo affirme son identité et fait enfin tomber le sien : « C’est toi, Renzo ? » / « Seigneur, n’en doutez pas ». Mais l’image qu’il a de lui-même semble définitivement dégradée : « Suis-je un Satan ? » (III, 3) ; « je suis plus creux et plus vide qu’une statue de fer-blanc » (V, 7).
Il a abandonné l’image vertueuse et idéale de lui-même pour affirmer définitivement son pessimisme.
• Paradoxalement, ces masques font l’objet d’une admiration par la femme d’un bourgeois du peuple : « regarde donc le joli masque ! ». Lorsque Alexandre et Salviati apparaissent « tous deux masqués », le masque vient compléter le déguisement de religieuse, comme un double travestissement, et participe donc du grotesque du personnage du duc qui renvoie l’image d’un bouffon. Ce jeu des masques contribue à donner une atmosphère artificielle, voire inquiétante, et particulièrement hypocrite à la cour et au pouvoir qui apparaissent comme une mascarade.
• Chez Lorenzo, le masque participe de son destin tragique et exprime un conflit intérieur. Son masque fait partie de la construction ou plutôt de la déconstruction de son identité. Lorenzo revêt le masque du comédien, le masque du théâtre car il joue la comédie devant le duc afin de mieux le tromper. Il prend le masque du dépravé, le masque du vice mais ce masque est dangereux car il tend à se confondre avec son identité originelle. Il l’affecte dans son intégrité. Lorenzo en est pleinement conscient, est-il pris à son propre jeu ? Il le suggère lui-même (II, 3) : « les masques de plâtre n’ont point de rougeur au service de la honte ».
S’il s’agit d’un masque symbolique, il est également évoqué dans son aspect physique, comme si le vice et l’immoralité contaminaient son visage et, par extension, son âme : sa mère constate que « la souillure de son cœur lui est montée au visage », visage aux « joues couleur de soufre » qui porte « une ironie ignoble et le mépris de tout » (I, 6).
• Philippe Strozzi (III, 3) évoque le meurtre comme une libération, voire une purification : « alors tu jetteras ce déguisement hideux qui te défigure ». Face à Philippe, pour la première fois, Lorenzo se démasque. Il se démasquera surtout au moment du meurtre. Acte IV, scène 11, alors que le duc, en faisant semblant de dormir (« je veux faire semblant de dormir…ce sera plus commode ») porte un masque, Lorenzo affirme son identité et fait enfin tomber le sien : « C’est toi, Renzo ? » / « Seigneur, n’en doutez pas ». Mais l’image qu’il a de lui-même semble définitivement dégradée : « Suis-je un Satan ? » (III, 3) ; « je suis plus creux et plus vide qu’une statue de fer-blanc » (V, 7).
Il a abandonné l’image vertueuse et idéale de lui-même pour affirmer définitivement son pessimisme.
L'essentiel
Ces trois thèmes permettent d'affirmer pleinement
l'appartenance de Lorenzaccio au genre du drame
romantique, tant à travers le cadre
spatio-temporel qui manifeste un goût pour
l'ailleurs, caractéristique du
Romantisme, que par le traitement novateur de l'espace
et du temps. Enfin, à travers le thème du
masque, Musset fait de Lorenzo un héros
romantique à travers une réflexion sur
l'illusion, l'identité, et la
souffrance.
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