Lorenzaccio : lecture méthodique, acte III, sc. 3, tirade de Lorenzo
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Objectif
Comprendre les enjeux personnels du projet du
héros à travers sa tirade de « Tu
me demandes pourquoi je tue Alexandre... » à
« ...devant le tribunal de ma volonté
».
Cette tirade de Lorenzo est centrale à plusieurs
égards. D’abord parce qu’elle se situe
précisément au centre de la
pièce et du déroulement de
l’intrigue. Par ailleurs, la scène 3 est la plus longue
de la pièce. Elle est cruciale car elle retrace la
germination et l’itinéraire qui ont amené
Lorenzo au projet d’assassinat du duc et permet, sur
le mode de la confidence, voire de la confession,
de présenter le meurtre comme un acte
nécessaire, patriotique et libérateur.
Mais la révélation prend surtout, dans cette tirade, une dimension existentielle. En effet, le tyrannicide devient, à travers Lorenzo, un acte personnel de résistance et de révolte. La modalité de parole de la tirade permet à cet égard d’accéder à la conscience du héros qui tombe le masque et dévoile son conflit intérieur face à Philippe, interlocuteur bienveillant. Le raisonnement de Lorenzo peut d’abord sembler paradoxal. Conscient de l’inutilité de son geste, il exprime pourtant la nécessité de l’accomplir jusqu’au bout et le besoin de s’en justifier. Dans cet extrait, toujours dans la peau du héros tourmenté, il oscille entre constat amer d’une vie qu’il abhorre, désillusions, désir de vengeance et élans d’orgueil.
Mais la révélation prend surtout, dans cette tirade, une dimension existentielle. En effet, le tyrannicide devient, à travers Lorenzo, un acte personnel de résistance et de révolte. La modalité de parole de la tirade permet à cet égard d’accéder à la conscience du héros qui tombe le masque et dévoile son conflit intérieur face à Philippe, interlocuteur bienveillant. Le raisonnement de Lorenzo peut d’abord sembler paradoxal. Conscient de l’inutilité de son geste, il exprime pourtant la nécessité de l’accomplir jusqu’au bout et le besoin de s’en justifier. Dans cet extrait, toujours dans la peau du héros tourmenté, il oscille entre constat amer d’une vie qu’il abhorre, désillusions, désir de vengeance et élans d’orgueil.
1. Lorenzo face à lui-même
a. Une démarche personnelle
« J’ai voulu agir seul, sans le secours
d’aucun homme. Je travaillais pour
l’humanité », déclare
Lorenzo peu avant cette tirade. S’il a
évoqué le meurtre en tant qu’acte
politique (« travaillais pour
l’humanité »), ce passage
témoigne d’une démarche pleinement personnelle et
solitaire. Lorenzo se place lui-même au
cœur du projet et lui donne sens. Il
l’accomplit pour des motifs personnels et
s’approprie cet assassinat. En témoigne les
adjectifs possessifs :
« mon meurtre », « ma
vie est au bout de mon épée »,
« ma dague ».
Par ailleurs, Lorenzo est omniprésent dans son discours : il emploie les pronoms personnels « je » (en position de sujet) et « me » plus de quarante fois dans la tirade.
Alexandre, à la fois victime et tyran, n’est évoqué que quatre fois, par son nom « Alexandre » et par une périphrase dépréciative et méprisante « ce conducteur de bœufs » qui ne traduit pourtant aucune haine personnelle de la part de Lorenzo. Il envisage d’ailleurs, au mode conditionnel, la possibilité de l’épargner (« je l’épargnerais »). Ce n’est pas la cible qui importe pour Lorenzo, c’est l’acte et les enjeux qu’il contient.
Le meurtre est évoqué de manière concrète et insistante par un vocabulaire parfois violent, parfois imagé : répétition de « je tue », répétition de « ce meurtre », « frapper », la métaphore « le soufflet de mon épée marquée en traits de sang », « la tombe d’Alexandre », et l’euphémisme « j’aurai dit aussi ce que j’ai à dire » qui assimile le meurtre à un moyen d’expression.
Par ailleurs, Lorenzo est omniprésent dans son discours : il emploie les pronoms personnels « je » (en position de sujet) et « me » plus de quarante fois dans la tirade.
Alexandre, à la fois victime et tyran, n’est évoqué que quatre fois, par son nom « Alexandre » et par une périphrase dépréciative et méprisante « ce conducteur de bœufs » qui ne traduit pourtant aucune haine personnelle de la part de Lorenzo. Il envisage d’ailleurs, au mode conditionnel, la possibilité de l’épargner (« je l’épargnerais »). Ce n’est pas la cible qui importe pour Lorenzo, c’est l’acte et les enjeux qu’il contient.
Le meurtre est évoqué de manière concrète et insistante par un vocabulaire parfois violent, parfois imagé : répétition de « je tue », répétition de « ce meurtre », « frapper », la métaphore « le soufflet de mon épée marquée en traits de sang », « la tombe d’Alexandre », et l’euphémisme « j’aurai dit aussi ce que j’ai à dire » qui assimile le meurtre à un moyen d’expression.
b. Une quête identitaire
« Oui, cela est certain, si je pouvais revenir
à la vertu, si mon apprentissage du vice pouvait
s’évanouir, j’épargnerais
peut-être ce conducteur de
bœufs ». Cette déclaration de
Lorenzo est cruciale : elle permet de comprendre que
le meurtre se justifie par la
recherche d’une vertu perdue, autrement
dit, il correspond à une entreprise de
purification.
La répétition du verbe « pouvoir » et les propositions hypothétiques « si je… si mon… » traduisent la souffrance et le regret d’une vie qui lui fait à présent horreur. Cette volonté de purification est liée à un constat amer : « Mais j’aime le vin, le jeu et les filles, comprends-tu cela ? ».
L’accumulation des éléments qui symbolisent la débauche, renforcée par le rythme ternaire, traduit la frénésie et le tourbillon d’une vie qui ne lui appartient plus. Ses vices sont multiples et l’ont éloigné de son innocence passée et, en même temps, de son identité. L’interrogation « comprends-tu cela ? » suscite la compassion, suggère le dégoût de soi et agit comme une prise de conscience pour Lorenzo qui mène ici une réflexion sur lui-même.
« Ce meurtre, c’est tout ce qui me reste de ma vertu ». Lorenzo, avec lucidité, admet que le vice lui colle à la peau. Il participe de son caractère double et représente une facette dégradée du jeune homme qui fait face à son conflit intérieur le plus profond, le conflit entre aspiration au bien et attrait pour le mal. Alexandre représente cette vie vicié. Le meurtre répond alors à une quête identitaire : l’assassiner, c’est effacer la mauvaise part de lui-même, c’est retrouver son identité et son unité d’homme entièrement vertueux. La métaphore du fil illustre cette idée : « le seul fil qui rattache mon cœur à quelques fibres de mon cœur d’autrefois » : le meurtre est représenté comme le seul lien qui rattache Lorenzo à lui-même. Il est paradoxalement valorisé et associé à la vertu : « c’est mon meurtre que tu honores ».
La répétition du verbe « pouvoir » et les propositions hypothétiques « si je… si mon… » traduisent la souffrance et le regret d’une vie qui lui fait à présent horreur. Cette volonté de purification est liée à un constat amer : « Mais j’aime le vin, le jeu et les filles, comprends-tu cela ? ».
L’accumulation des éléments qui symbolisent la débauche, renforcée par le rythme ternaire, traduit la frénésie et le tourbillon d’une vie qui ne lui appartient plus. Ses vices sont multiples et l’ont éloigné de son innocence passée et, en même temps, de son identité. L’interrogation « comprends-tu cela ? » suscite la compassion, suggère le dégoût de soi et agit comme une prise de conscience pour Lorenzo qui mène ici une réflexion sur lui-même.
« Ce meurtre, c’est tout ce qui me reste de ma vertu ». Lorenzo, avec lucidité, admet que le vice lui colle à la peau. Il participe de son caractère double et représente une facette dégradée du jeune homme qui fait face à son conflit intérieur le plus profond, le conflit entre aspiration au bien et attrait pour le mal. Alexandre représente cette vie vicié. Le meurtre répond alors à une quête identitaire : l’assassiner, c’est effacer la mauvaise part de lui-même, c’est retrouver son identité et son unité d’homme entièrement vertueux. La métaphore du fil illustre cette idée : « le seul fil qui rattache mon cœur à quelques fibres de mon cœur d’autrefois » : le meurtre est représenté comme le seul lien qui rattache Lorenzo à lui-même. Il est paradoxalement valorisé et associé à la vertu : « c’est mon meurtre que tu honores ».
c. Un acte vital
Plusieurs éléments permettent de comprendre
ce meurtre comme un acte vital. D’abord,
Lorenzo exprime une impatience et un sentiment
d’urgence perceptibles grâce à
l’emploi
répété du présent
« pourquoi je tue Alexandre », «
c’est peut-être demain que je tue Alexandre
» qui actualise le moment du meurtre.
L’emploi du futur
antérieur « dans deux jours
j’aurai fini » envisage quant à lui le
meurtre dans son accomplissement et suggère une
forme de soulagement.
Par ailleurs, l’accumulation de phrases interrogatives et les anaphores de « Veux-tu… ? » « Songes-tu… ? » expriment l’impossibilité du renoncement et donnent une certaine solennité à cette tirade, propre à exprimer, selon des accents pathétiques, la souffrance de Lorenzo. En témoignent plusieurs termes qui évoquent la sensibilité et la douleur : « mon cœur », « mon cœur d’autrefois », la métaphore « je glisse sur un rocher » qui suggère la déchéance ainsi que la métaphore « cramponner mes ongles » qui traduit une douleur à la fois physique et psychologique.
Il faut remarquer plusieurs éléments qui assimilent le meurtre à un enjeu vital et la vie sans meurtre à une mort métaphorique. D’abord, la métaphore hyperbolique « ma vie entière est au bout de ma dague » traduit la dimension salvatrice de son geste. Par ailleurs, l’expression « le seul fil qui rattache aujourd’hui mon cœur à quelques fibres de mon cœur d’autrefois » indique que le cœur est le pôle de la sensibilité mais aussi l’organe de la vie, une vie qui semble s’affaiblir, comme le suggère l’image du « fil » qui traduit une fragilité.
Le meurtre est littéralement une question de vie ou de mort, en témoignent les multiples évocations du suicide : « que je m’empoisonne », « que je saute dans l’Arno », et le champ lexical de la mort : « je tue », « que je sois un spectre », « ce squelette », « que je rompe le fil », et la métaphore « je laisse mourir en silence l’énigme de ma vie ». La mort envisagée, s’il ne va pas au bout de son projet, est une mort à la fois physique (suicide) et morale (déchéance). L’image du spectre et du squelette révèle d’ailleurs son apparence fragile, mais aussi le genre de vie qu’il mène : une vie désincarnée.
Par ailleurs, l’accumulation de phrases interrogatives et les anaphores de « Veux-tu… ? » « Songes-tu… ? » expriment l’impossibilité du renoncement et donnent une certaine solennité à cette tirade, propre à exprimer, selon des accents pathétiques, la souffrance de Lorenzo. En témoignent plusieurs termes qui évoquent la sensibilité et la douleur : « mon cœur », « mon cœur d’autrefois », la métaphore « je glisse sur un rocher » qui suggère la déchéance ainsi que la métaphore « cramponner mes ongles » qui traduit une douleur à la fois physique et psychologique.
Il faut remarquer plusieurs éléments qui assimilent le meurtre à un enjeu vital et la vie sans meurtre à une mort métaphorique. D’abord, la métaphore hyperbolique « ma vie entière est au bout de ma dague » traduit la dimension salvatrice de son geste. Par ailleurs, l’expression « le seul fil qui rattache aujourd’hui mon cœur à quelques fibres de mon cœur d’autrefois » indique que le cœur est le pôle de la sensibilité mais aussi l’organe de la vie, une vie qui semble s’affaiblir, comme le suggère l’image du « fil » qui traduit une fragilité.
Le meurtre est littéralement une question de vie ou de mort, en témoignent les multiples évocations du suicide : « que je m’empoisonne », « que je saute dans l’Arno », et le champ lexical de la mort : « je tue », « que je sois un spectre », « ce squelette », « que je rompe le fil », et la métaphore « je laisse mourir en silence l’énigme de ma vie ». La mort envisagée, s’il ne va pas au bout de son projet, est une mort à la fois physique (suicide) et morale (déchéance). L’image du spectre et du squelette révèle d’ailleurs son apparence fragile, mais aussi le genre de vie qu’il mène : une vie désincarnée.
2. Lorenzo face au monde
a. La figure de Philippe
La figure de Philippe est importante, il est pour Lorenzo
un interlocuteur
bienveillant et le dépositaire de ses
confidences, tout comme sa mère et Catherine. Il
représente une figure positive et
paternelle pour Lorenzo qui prend à
témoin son destinataire. En effet, le pronom personnel
« tu » est prononcé à
13 reprises. La répétition des tournures interrogatives et
l’incise
« vois-tu » suggèrent que
Lorenzo souhaite impliquer Philippe dans cette
plongée dans sa conscience. C’est
également une façon de l’associer, en
quelque sorte, à son projet, même si Lorenzo
agit définitivement seul. Philippe laisse parler
Lorenzo sans l’interrompre (la tirade est longue),
il se distingue donc par sa capacité
d’écoute et révèle son
attachement et sa profonde amitié pour
le jeune homme. En retour, Lorenzo est conscient de
l’attention de Philippe et exprime sa gratitude
et sa confiance par l’expression solennelle
mais affectueuse « toi qui me
parles ».
Au-delà de l’affection entre les deux hommes, c’est une relation basée sur le respect mutuel qui transparaît ici. D’abord, remarquons que Philippe tient une place à part aux yeux de Lorenzo. En effet, lorsqu’il exprime son mépris pour les républicains, Philippe n’y est pas associé : « les républicains me couvrent de boue et d’infamie ». Surtout, l’estime entre les deux hommes se traduit par la répétition du verbe « honorer », renforcée par une structure en chiasme : « si tu honores en moi quelque chose… c’est mon meurtre que tu honores ». Enfin, il faut remarquer que, contrairement à Lorenzo, Philippe n’est pas en mesure d’éliminer le tyran : « c’est mon meurtre que tu honores, peut-être justement parce que tu ne le ferais pas ». Lorenzo, à travers son acte, semble vouloir se montrer digne de l’estime que Philippe lui porte.
Au-delà de l’affection entre les deux hommes, c’est une relation basée sur le respect mutuel qui transparaît ici. D’abord, remarquons que Philippe tient une place à part aux yeux de Lorenzo. En effet, lorsqu’il exprime son mépris pour les républicains, Philippe n’y est pas associé : « les républicains me couvrent de boue et d’infamie ». Surtout, l’estime entre les deux hommes se traduit par la répétition du verbe « honorer », renforcée par une structure en chiasme : « si tu honores en moi quelque chose… c’est mon meurtre que tu honores ». Enfin, il faut remarquer que, contrairement à Lorenzo, Philippe n’est pas en mesure d’éliminer le tyran : « c’est mon meurtre que tu honores, peut-être justement parce que tu ne le ferais pas ». Lorenzo, à travers son acte, semble vouloir se montrer digne de l’estime que Philippe lui porte.
b. Un héros marginal
Cette tirade est l’occasion pour Lorenzo de
s’affirmer
auprès des républicains et du reste de
l’humanité. Il apparaît comme un
homme en colère, révolté, et
dévoile un tempérament impétueux
très distinct du Lorenzo fourbe, hypocrite et
avili que l’on connaît. Il manifeste
d’abord sa colère envers les
républicains qui l’ont mis à
marge et profondément humilié. Sa
souffrance s’exprime à travers
les anaphores de
« voilà assez longtemps
que… » et « j’en ai
assez de… ». Les métaphores
« couvrent de boue »,
« les oreilles me tintent »,
« empoisonne le pain que je
mâche » expriment avec insistance le
rejet et la cruauté dont Lorenzo fait
l’objet.
Sa souffrance se mue en révolte et s’exprime à travers un vocabulaire fort, notamment le réseau lexical de l’injure et du mépris : « boue », « infamie », « exécration », « conspué », « m’accablent », « injures », « m’assommer », « curiosité monstrueuse ». Lorenzo insiste sur le caractère subi de l’humiliation dont il fait l’objet. À cet égard, son attitude dans cette tirade marque un moment de rupture très nette puisque d’homme méprisé, il devient celui qui méprise et exprime un désir de vengeance.
En effet, les républicains sont évoqués en termes particulièrement dépréciatifs : « lâches sans noms », « brailler », « bavardage humain », « yeux louches », et les métaphores « vider leur sac à paroles », « je leur ferai tailler leurs plumes, si je ne leur fais pas nettoyer leurs piques ». Lorenzo s’insurge contre leur lâcheté et leur inaction. Le contraste entre Lorenzo et les républicains est à comprendre à travers l’opposition entre théorie et pratique. Là où Lorenzo a le courage de ses actes, les républicains restent figés dans une posture théorique et un verbiage inefficace. Bien plus que le meurtre accompli par Lorenzo, c’est leur « bavardage » qui se révèle inutile face à la tyrannie.
Sa souffrance se mue en révolte et s’exprime à travers un vocabulaire fort, notamment le réseau lexical de l’injure et du mépris : « boue », « infamie », « exécration », « conspué », « m’accablent », « injures », « m’assommer », « curiosité monstrueuse ». Lorenzo insiste sur le caractère subi de l’humiliation dont il fait l’objet. À cet égard, son attitude dans cette tirade marque un moment de rupture très nette puisque d’homme méprisé, il devient celui qui méprise et exprime un désir de vengeance.
En effet, les républicains sont évoqués en termes particulièrement dépréciatifs : « lâches sans noms », « brailler », « bavardage humain », « yeux louches », et les métaphores « vider leur sac à paroles », « je leur ferai tailler leurs plumes, si je ne leur fais pas nettoyer leurs piques ». Lorenzo s’insurge contre leur lâcheté et leur inaction. Le contraste entre Lorenzo et les républicains est à comprendre à travers l’opposition entre théorie et pratique. Là où Lorenzo a le courage de ses actes, les républicains restent figés dans une posture théorique et un verbiage inefficace. Bien plus que le meurtre accompli par Lorenzo, c’est leur « bavardage » qui se révèle inutile face à la tyrannie.
c. L'orgueil du héros
« Crois-tu donc que je n’aie plus
d’orgueil parce que je n’ai plus de honte ?
». Cette déclaration révèle
chez Lorenzo un sursaut
d’orgueil et d’amour propre qui se
manifeste dans un premier temps par une forme de
distance par rapport au jugement que les hommes
pourront porter sur son acte. Cette distance est
manifeste dans les propositions
qui expriment l’hypothèse et
l’incertitude quant à la réaction des
autres : « Que les hommes me comprennent ou non,
qu’ils agissent ou n’agissent pas…
», « que la Providence retourne la tête
ou non… » et dans la métaphore qui assimile son
acte à un jeu de hasard « je jette la nature
humaine à pile ou face ». Par ailleurs,
l’emploi répété, à la
fin de la tirade, des articles
définis qui désignent ses
semblables dans leur pluralité (« le
bavardage humain », « le monde »,
« les hommes », «
l’Humanité », « la nature
humaine », « les hommes ») contraste
avec l’emploi de la première personne du
singulier (« je ») et participe
encore de cette distance entre Lorenzo et le monde,
à la manière d’un
affrontement.
Lorenzo, enfin, déploie un arsenal rhétorique révélateur de l’affirmation de sa supériorité sur l’humanité. La métaphore hyperbolique « l’Humanité gardera sur sa joue le soufflet de mon épée », renforcée par la personnification, permet d’insister sur la grandeur de son acte. Lorenzo souhaite se faire un nom : « je leur ferai tailler leurs plumes » suggère que son acte sera sans doute rapporté dans des chroniques écrites. Son ton est assuré et impérieux, en témoignent les tournures impersonnelles : « il faut que… », « il ne me plaît pas qu’… » et l’indicatif futur dans la métaphore : « les hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté ». Par son orgueil, il opère un renversement et se pose lui-même, à travers son acte, en juge de l’humanité. Cette idée se retrouve dans « Il faut que le monde sache un peu qui je suis, et qui il est » où le parallélisme de construction traduit une équivalence entre « le monde » et lui-même. Lorenzo, à la manière d’un personnage déchu, a tout à prouver.
Lorenzo, enfin, déploie un arsenal rhétorique révélateur de l’affirmation de sa supériorité sur l’humanité. La métaphore hyperbolique « l’Humanité gardera sur sa joue le soufflet de mon épée », renforcée par la personnification, permet d’insister sur la grandeur de son acte. Lorenzo souhaite se faire un nom : « je leur ferai tailler leurs plumes » suggère que son acte sera sans doute rapporté dans des chroniques écrites. Son ton est assuré et impérieux, en témoignent les tournures impersonnelles : « il faut que… », « il ne me plaît pas qu’… » et l’indicatif futur dans la métaphore : « les hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté ». Par son orgueil, il opère un renversement et se pose lui-même, à travers son acte, en juge de l’humanité. Cette idée se retrouve dans « Il faut que le monde sache un peu qui je suis, et qui il est » où le parallélisme de construction traduit une équivalence entre « le monde » et lui-même. Lorenzo, à la manière d’un personnage déchu, a tout à prouver.
L'essentiel
Cette tirade révèle, à travers
l’évocation du meurtre du tyran comme
métaphore de la vie, le combat du héros
romantique contre le monde mais également le
paradoxe de l’assassinat vertueux (un acte
atroce qui doit rendre la vertu à la manière
d’une purification) qui suggère la
nécessité de l’action face
à la tyrannie. Lorenzo est toujours un être
de contradictions puisqu’il assume
l’inutilité de son acte mais il se
révèle aussi comme un héros de
l’énergie et du courage, non sans manifester
un talent oratoire digne d’un personnage
tragique.
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