Les réformes jusqu'à la mort de Sylla
- Fiche de cours
- Quiz
- Profs en ligne
- Videos
- Application mobile
Après trois siècles d'existence, durant lesquels
les institutions ont évolué de façon
relativement calme et ont accueilli une part croissante de
non-patriciens, l'état romain, qui s'est
considérablement étendu, connaît une crise
importante qui se développe au cours du IIe
siècle av. J.-C. L'un des éléments du
constat est le suivant : les institutions ne sont plus
adaptées.
Face à cela, les tentatives de réformes seront nombreuses, portées par de grandes figures de populares (« qui défendent les intérêts du peuple »), mais peu aboutiront.
Face à cela, les tentatives de réformes seront nombreuses, portées par de grandes figures de populares (« qui défendent les intérêts du peuple »), mais peu aboutiront.
1. Données nouvelles
Si les institutions ne sont plus adaptées, c'est que
la réalité romaine, à
l'intérieur comme à l'extérieur, a
considérablement évolué.
a. La puissance romaine
La principale évolution découle du
considérable effort de
conquête mené par Rome, au prix de
guerres parfois coûteuses en hommes : ainsi se
succèdent trois guerres
Samnites aux IV-IIIe siècles
av. J.-C. pour le contrôle de la péninsule
italienne, puis la guerre contre
Tarente et, aux III-IIe
siècles av. J.-C., les trois guerres puniques par
lesquelles Rome s'octroie le contrôle du pourtour
méditerranéen dans son ensemble.
b. Bouleversements sociaux
Ils sont en grande partie la conséquence des
conquêtes. Celles-ci ont fait affluer vers Rome une
quantité inédite de richesses (tributs payés
par les vaincus, pillages, etc.) et d'esclaves (50 000 affluent
après la prise de Carthage) : le fossé
s'accroît alors fortement entre les riches et les
pauvres.
Par ailleurs, une évolution plus positive se fait jour : dans les cités nouvellement romaines se développent des élites municipales qui, après quelques décennies, fourniront à Rome un vivier d'hommes nouveaux pour la gestion des affaires. Ces hommes grossiront notamment les rangs des chevaliers (equites), catégorie de citoyens privilégiés, en marge de l'aristocratie, et qui vont aspirer, de plus en plus, à jouer un rôle actif dans la vie sociale.
Par ailleurs, une évolution plus positive se fait jour : dans les cités nouvellement romaines se développent des élites municipales qui, après quelques décennies, fourniront à Rome un vivier d'hommes nouveaux pour la gestion des affaires. Ces hommes grossiront notamment les rangs des chevaliers (equites), catégorie de citoyens privilégiés, en marge de l'aristocratie, et qui vont aspirer, de plus en plus, à jouer un rôle actif dans la vie sociale.
c. Deux difficultés essentielles : la
répartition des terres et le recrutement des
soldats
Le domaine public
(ager publicus) est constitué des terres
prises à l'ennemi. L'État peut soit le
distribuer aux anciens soldats, soit le louer à de
grands propriétaires terriens qui, souvent,
finissent par oublier qu'ils n'en sont que locataires.
Or, à la suite des conquêtes, les anciens
soldats (ou
« vétérans ») sont de
plus en plus nombreux, rendant nécessaire un
véritable plan de partage des terres.
Face à la multiplication des conflits, le recrutement des soldats est de plus en plus difficile, notamment dans les cités d'Italie qui doivent par convention fournir des hommes à Rome, mais qui voient en même temps leurs habitants partir pour gagner l'Urbs en vue d'obtenir la citoyenneté romaine.
Face à la multiplication des conflits, le recrutement des soldats est de plus en plus difficile, notamment dans les cités d'Italie qui doivent par convention fournir des hommes à Rome, mais qui voient en même temps leurs habitants partir pour gagner l'Urbs en vue d'obtenir la citoyenneté romaine.
2. Quelques figures majeures
La disparité croissante de revenus et de poids
politique entre les différentes classes de la
société s'accentue d'autant plus que les
plébéiens
libres (les non-esclaves) sont les principales
victimes des guerres. Au cours du IIe
siècle av. J.-C., un courant
démocratique se met en place, qui sera
représenté par quelques grandes figures... au
destin souvent tragique !
a. Les Gracques et la réforme agraire
Deux frères, issus de la noblesse mais farouches
défenseurs des causes populaires, ont tenté
de résoudre le lourd problème de la
répartition des terres. En 133 av. J.-C.,
Tiberius Sempronius Gracchus se fait élire
tribun du peuple et dépose un projet de loi
portant son nom (rogatio Sempronia) proposant
de :
• limiter les lots de terre distribués à 500 jugères (125 hectares) ;
• créer une commission de trois hommes chargés de faire appliquer la loi, de récupérer les terres illégitimement occupées, etc. ;
• distribuer aux citoyens les plus pauvres les terres récupérées.
Malgré l'opposition des grands propriétaires, la loi fut votée, mais Tiberius fut bientôt assassiné.
En 123 av. J.-C., Caius Sempronius Gracchus est à son tour élu, reprend le programme de son frère et l'étend, conférant au conflit agraire une véritable dimension politique. En effet, il fit voter une loi obligeant l'État à subventionner des distributions mensuelles de blé aux citoyens romains, fonder des colonies en Italie et à Carthage, construire des greniers à blé, etc. Il favorisa l'ordre équestre, ce que l'ordre sénatorial n'accepta pas... Il fut assassiné, avec 3000 de ses partisans, en 121 av. J.-C..
Les lois votées par les Gracques tombèrent assez vite dans l'oubli, mais la question agraire revint souvent dans la vie politique. Surtout, cet épisode marqua le début des affrontements violents entre citoyens, annonçant l'épisode des guerres civiles.
• limiter les lots de terre distribués à 500 jugères (125 hectares) ;
• créer une commission de trois hommes chargés de faire appliquer la loi, de récupérer les terres illégitimement occupées, etc. ;
• distribuer aux citoyens les plus pauvres les terres récupérées.
Malgré l'opposition des grands propriétaires, la loi fut votée, mais Tiberius fut bientôt assassiné.
En 123 av. J.-C., Caius Sempronius Gracchus est à son tour élu, reprend le programme de son frère et l'étend, conférant au conflit agraire une véritable dimension politique. En effet, il fit voter une loi obligeant l'État à subventionner des distributions mensuelles de blé aux citoyens romains, fonder des colonies en Italie et à Carthage, construire des greniers à blé, etc. Il favorisa l'ordre équestre, ce que l'ordre sénatorial n'accepta pas... Il fut assassiné, avec 3000 de ses partisans, en 121 av. J.-C..
Les lois votées par les Gracques tombèrent assez vite dans l'oubli, mais la question agraire revint souvent dans la vie politique. Surtout, cet épisode marqua le début des affrontements violents entre citoyens, annonçant l'épisode des guerres civiles.
b. Marius et la réforme militaire
Les années qui suivent la mort de Caius Sempronius
Gracchus sont à nouveau dominées par les
conservateurs, mais les populares s'organisent et
bientôt, l'un d'eux, Caius Marius, arrive
sur le devant de la scène.
Il est né en 156 av. J.-C. dans une modeste famille de rang équestre. Son début de carrière se fait dans l'armée, comme tribun militaire. En 119 av. J.-C., il se fait élire tribun de la plèbe et défend courageusement (mais en vain) contre le Sénat et les consuls une loi sur le vote secret.
Après de nouvelles campagnes militaires, il est élu consul en 107 av. J.-C. et bouleverse le mode de recrutement de l'armée, jusque-là fondé sur le cens, c'est-à-dire sur la fortune : le volontariat est institué, qui ouvre la carrière militaire aux prolétaires. Ils furent nombreux à se présenter, attirés par le prestige de l'armée et par la fortune possible. L'armement et la tactique sont uniformisés : les bases d'une armée de métier sont posées.
Grâce à de nouvelles victoires militaires contre Jugurtha (en 105 av. J.-C.) et contre Cimbres et Teutons (102 et 101 av. J.-C.), Marius finit d'apparaître à beaucoup de Romains comme le sauveur.
Associé à des tribuns, Marius, réélu consul quatre fois (ce qui est illégal), fait voter et appliquer des mesures favorables au peuple, dans le prolongement de la politique gracquienne (distribution de blé et de terres, fondation de colonies, etc.).
Il est né en 156 av. J.-C. dans une modeste famille de rang équestre. Son début de carrière se fait dans l'armée, comme tribun militaire. En 119 av. J.-C., il se fait élire tribun de la plèbe et défend courageusement (mais en vain) contre le Sénat et les consuls une loi sur le vote secret.
Après de nouvelles campagnes militaires, il est élu consul en 107 av. J.-C. et bouleverse le mode de recrutement de l'armée, jusque-là fondé sur le cens, c'est-à-dire sur la fortune : le volontariat est institué, qui ouvre la carrière militaire aux prolétaires. Ils furent nombreux à se présenter, attirés par le prestige de l'armée et par la fortune possible. L'armement et la tactique sont uniformisés : les bases d'une armée de métier sont posées.
Grâce à de nouvelles victoires militaires contre Jugurtha (en 105 av. J.-C.) et contre Cimbres et Teutons (102 et 101 av. J.-C.), Marius finit d'apparaître à beaucoup de Romains comme le sauveur.
Associé à des tribuns, Marius, réélu consul quatre fois (ce qui est illégal), fait voter et appliquer des mesures favorables au peuple, dans le prolongement de la politique gracquienne (distribution de blé et de terres, fondation de colonies, etc.).
c. La dictature de Sylla
Bientôt, l'aristocratie reprend le dessus et la
popularité de Marius se trouve
éclipsée par l'ascension, dans les
années 80 av. J.-C., de Sylla, qui, comme
Marius, a forgé sa renommée sur des
succès militaires (guerre sociale, qui opposa Rome
à ses alliés italiens et guerre contre
Mithridate). À l'inverse de Marius, c'est un
farouche défenseur des intérêts
aristocratiques qui va faire annuler une grande
partie des réformes précédentes et
assassiner de nombreux opposants : c'est le
début des proscriptions, qui consistent en
immenses massacres rendus légaux, et aussi celui
de la dictature, puisqu'en 82 av. J.-C., Sylla se fait
confier les pleins pouvoirs sans limite de temps.
Les institutions républicaines sont doublement violées. Les réformes précédentes sont également touchées : Sylla enlève aux tribuns de la plèbe, principal appui des populares, une grande partie de leur pouvoir, renforçant au contraire l'autorité du Sénat.
Le fonctionnement de la vie politique pour les années à venir est posé : les individus passent au premier plan, au détriment des assemblées et des institutions. Le succès de ces personnages repose généralement sur le prestige militaire et le recours à la violence.
Les institutions républicaines sont doublement violées. Les réformes précédentes sont également touchées : Sylla enlève aux tribuns de la plèbe, principal appui des populares, une grande partie de leur pouvoir, renforçant au contraire l'autorité du Sénat.
Le fonctionnement de la vie politique pour les années à venir est posé : les individus passent au premier plan, au détriment des assemblées et des institutions. Le succès de ces personnages repose généralement sur le prestige militaire et le recours à la violence.
L'essentiel
Au IIe siècle av. J.-C., la
République romaine subit une crise politique grave, en
partie due à l'extension de son empire. Les
tensions sociales sont exacerbées
et les institutions paraissent
inadaptées. La solution semble alors venir
d'individus, qui passent volontiers pour des sauveurs.
Les tentatives de réforme, cependant, sont
étouffées par les querelles de plus en plus
violentes qui éclatent entre populares et
conservateurs. La domination de ces individus
précipite la faillite des institutions
républicaines.
Vous avez obtenu75%de bonnes réponses !