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L'état de nature

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Objectif

Comprendre la notion d'état de nature

Points clés
  • L'homme naturel désigne, dans l'Antiquité, l'être qui évolue dans un espace politique et social ; pour les Modernes, au contraire, l'état naturel s'oppose à l'état politique.
  • Il y aurait donc opposition entre nature et culture, cette dernière étant d'abord considérée comme supérieure à la première (thèse ensuite réfutée notamment par Lévi-Strauss).
  • Le but de l'homme est de transcender la nature.

La notion d’« état de nature » est en premier lieu une notion de philosophie politique ; elle est inséparable de celle de « contrat social ». Le raisonnement que tenaient les philosophes modernes des XVIIe et XVIIIe siècles, était le suivant : pour définir et pour construire une philosophie politique qui puisse déboucher sur l’élaboration d’une société politique la plus juste possible, il est nécessaire de savoir ce qu’était l’homme à l’état de nature, ou à l’état originel.

1. L'homme à l'état de nature
a. La conception antique de l'homme originel

Les philosophes, Rousseau principalement, estimaient donc qu’il fallait comprendre ce qu’était l’homme naturel pour penser ce que devait être l’homme dans un espace politique et social, espace artificiel (par opposition à l’espace naturel) dans la mesure où il est élaboré par l’homme lui-même.
L’époque moderne représente à ce titre une rupture avec la conception politique antique qui considérait, avec Aristote (Ve siècle avant J.-C.), que l’homme était un « animal politique » : cela signifiait que les hommes, spontanément, construisaient une cité politique, ce qu’étaient incapables de réaliser ces autres êtres vivants que sont les animaux.

b. La conception moderne de l'homme originel

Les philosophes modernes pensent au contraire que le passage de l’état de nature à l’état politique constitue une rupture avec cet état de nature. Est envisagée comme nécessaire la sortie de l’état de nature pour que l’état social soit atteint.
L’état de nature a toujours été reconnu, par ceux qui l’ont conceptualisée, comme un état « fictif », comme une sorte de modèle à partir duquel l’État et les lois pouvaient être pensés et élaborés. Mais comment pourrait-on, d’une manière plus générale, définir cet « état de nature » ?

2. La distinction entre nature et culture est-elle toujours pertinente ?
a. L'homme et la nature

Pour connaître l’essence ou la nature de l’homme, il faut essayer de savoir ce qu’était l’homme à ses origines. L’état de nature désigne par conséquent l’homme originel.
L’homme vivant à l’état de nature est, tout simplement, l’homme qui vit dans la nature, c’est-à-dire dans un environnement naturel. On a pu l’appeler « homme des bois », ou « sauvage ». On le distingue ainsi de l’homme « civilisé », c’est-à-dire transformé par la culture, et qui profite des bienfaits et du confort qu’apporte le progrès technique et scientifique.

b. L'apport de la culture

L’homme « cultivé », en outre, a subi une métamorphose, en passant de l’ignorance à la connaissance. C’est pourquoi on oppose habituellement nature et culture, même si cette opposition est aujourd’hui contestée : on a, en effet, cessé de croire que l’homme cultivé et civilisé était supérieur à l’homme « naturel ».
En témoigne un récent changement d’appellation : on ne parle plus de peuples « primitifs », mais de peuples « premiers », l’adjectif « primitif » étant désormais connoté de façon péjorative. Étaient primitifs les peuples restés à l’état de nature, et n’avaient pas franchi, comme les hommes des pays occidentaux, l’étape de la culture. Parler de « peuples primitifs » relève donc aujourd’hui du préjugé ethnocentriste selon lequel il existerait des civilisations inférieures et des civilisations supérieures, des sociétés primitives et des sociétés évoluées.

3. L'oeuvre de Claude Lévi-Strauss
a. « Tristes tropiques »

Les travaux de Claude Lévi-Strauss (ethnologue, philosophe et sociologue né en 1908 et mort en 2009) ont largement contribué à réhabiliter les peuples « sauvages », en montrant que ces peuples avaient leur propre culture, et n’étaient pas uniquement motivés par leurs besoins et par des impératifs de survie au sein d’une nature hostile, à laquelle ils étaient, par nécessité, confondus.
Lévi-Strauss a étudié les aspects symboliques et magiques de certaines tribus d’Amazonie (en observant, à la fin des années 1930, les Caduveo, Bororo, Nambikwara et Tupi-Kawahib) pour expliquer que le fonctionnement de ces sociétés obéissait à des lois logiques, construites et rationnelles. L’étude de ces sauvages apporte autre chose que la révélation d’un état de nature utopique, ou la découverte de la société parfaite au cœur des forêts (Tristes tropiques, 1955). Il en déduit même la thèse selon laquelle le modèle logico-mathématique permet de comprendre l’organisation de ces sociétés « sauvages ».

b. « La pensée sauvage »

Dans son ouvrage intitulé La pensée sauvage (1962), Claude Lévi-Strauss affirme que la même logique opère dans les sociétés « primitives » naturelles et dans les sociétés « civilisées ». Si l’on se réfère, par conséquent, aux travaux de Lévi-Strauss, la traditionnelle dichotomie établie par l’ensemble de la communauté philosophique entre nature et culture devient poreuse.
Elle continue toutefois de perdurer à travers les notions d’« inné » et d’« acquis », ou de « génétique » et d'« épigénétique », et par conséquent à travers une perspective scientifique et médicale : ce qui relève de l’« inné » correspond au registre de la nature (nous naissons avec certaines caractéristiques déterminées par la nature, c’est-à-dire déterminées par notre patrimoine génétique), et ce qui relève de l’« acquis » (l’homme est défini à travers ce que lui transmettent sa culture et son environnement) correspond à la culture.

4. L'idéal de l'état de nature
a. L'état de nature, pour les Modernes, ne constitue plus un idéal

L’une des principales caractéristiques de la rupture entre le monde ancien et le monde moderne est le changement qui s’opère dans la conception que les hommes se font de la « nature ».
À l’époque moderne, la nature cesse d’être une norme, un idéal. La formule de Descartes, au XVIIe siècle, selon laquelle l’homme doit se rendre « maître et possesseur de la nature » illustre bien cette rupture. L’homme était soumis à la nature, il doit à présent la dominer.

b. L'homme est un animal qui transcende la nature

L’état de nature n’est plus, dès lors, cette norme à laquelle les hommes doivent s’efforcer de se conformer, afin d’être le plus possible proches de leur état naturel, originel. L’homme, s’il fait toujours partie de la nature, n’est pas identique à cette nature, ne se confond pas avec elle, au contraire : il doit s’en écarter pour se réaliser en tant qu’homme. C’est ainsi que l’homme est libre, tandis que l’animal, lui, est déterminé par sa nature.
L’homme, ajoute Rousseau, est le seul à pouvoir commettre des excès par rapport à la nature (par exemple, il peut s’alcooliser avec excès, jusqu’à en mourir, ou se suicider ; ce que les animaux ne font pas). L’homme est le seul à pouvoir à « devenir imbécile », dit Rousseau. Et on ne dit pas d’un animal, en effet, qu’il est idiot.

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