Dom Juan : les thèmes - Maxicours

Dom Juan : les thèmes

Dom Juan de Molière
Les thèmes

1. Dom Juan, une comédie classique ?
a. Une drôle de comédie
Dom Juan est une comédie qui respecte peu les règles de la dramaturgie classique. En effet, on ne retrouve pas d’unité de lieu (utilisation de 5 décors : lieux sans véritable cohérence), ni d’unité de temps (la règle veut que l’action dure 24 heures, ici elle dure 36 heures : la première journée va jusqu’à l’invitation de la Statue (acte I à IV) alors que Dom Juan dîne ; on retrouve ensuite dans l’acte V Dom Juan qui a accepté l’invitation à souper le lendemain soir), ni d’unité d’action (beaucoup d’intrigues, beaucoup d’opposants).

De même l’unité de ton est fortement remise en cause. Nombreux sont les personnages qui annoncent à Dom Juan son châtiment et sa « mauvaise fin » ; cette coloration tragique est renforcée par le dénouement qui met en scène la mort du héros – mort qui met aussi à mal la règle classique de la bienséance.

b. Une pièce baroque ?
S’éloignant des règles strictes du théâtre classique, Dom Juan peut être lue comme une pièce manifestant des influences baroques.
Le théâtre baroque du début du XVIIe siècle se caractérise par le mouvement, les effets de surprise, l’exacerbation de l’élan amoureux. Ainsi la pièce joue sur la surprise : apparitions d’êtres surnaturels qui contribuent à donner un climat de magie et de mystère, retournements surprenants de Dom Juan qui en fait joue l’hypocrite…
Le mouvement est aussi un thème important : Dom Juan fuit, traverse les paysages, passe, ne s’arrête pas et ne se lie jamais. Son élan amoureux est irrépressible mais bien volage. C’est un vrai libertin, un inconstant.
2. Le libertinage
Au siècle de Molière, libertin signifie « affranchi », dégagé des conventions et des règles communément admises par la société. Cette liberté se traduit par un certain matérialisme et à travers une morale du plaisir.
a. Le libertinage de mœurs et d’esprit
Dom Juan est un libertin de mœurs. Molière le démontre surtout dans la première partie de la pièce. Sganarelle l’affirme dans l’autoportrait qu’il fait de son maître (I, 1), Dom Juan le confirme lui-même dans sa tirade (I, 2) où il fait l’éloge de l’inconstance. Dom Juan est un libertin parce qu’il est un séducteur impénitent mais surtout parce qu’il est infidèle et qu’il ne tient pas sa parole donnée : il quitte Done Elvire pour tenter de séduire une jeune fiancée, puis charme Mathurine et promet aussi le mariage à Charlotte… Cette inconstance est presque synonyme de débauche et Dom Louis, le père de Dom Juan, y fait allusion (IV, 4) en évoquant un « amas d’actions indignes », « la honte de [ses] actions » et affirme que Dom Juan est un « gentilhomme qui vit mal ».

La deuxième partie de la pièce se concentre davantage sur le libertinage d’esprit de Dom Juan. Dom Juan est aussi un libertin parce qu’il ne croit pas ou ne veut pas croire en Dieu : il est athée et matérialiste, il « ne croit ni Ciel, [ni saint, ni Dieu], [et…] traite de billevesées tout ce que nous croyons » (I, 1) et « [croit] que deux et deux sont quatre et que quatre et quatre sont huit » (III, 1). Mais non content de ne pas croire, il transgresse et en quelque sorte profane certaines valeurs ou certains sacrements. Ainsi il ne respecte pas le mariage, sacrement religieux qui est pour lui un moyen de séduire les femmes ; de même il demande au pauvre de blasphémer : la parole ne compte pas chez Dom Juan, la parole sert seulement à manipuler…

b. Dom Juan, une dénonciation du libertinage ?
L’acte V se clôt sur le châtiment et la mort de Dom Juan : « Voilà par sa mort un chacun satisfait : Ciel offensé, lois violées, filles séduites, familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content » (Sganarelle, V, 6). Cette mort mise en scène par le dramaturge semble vouloir montrer que le libertinage conduit à la mort et au châtiment divin : en cela on pourrait lire Dom Juan comme une dénonciation du libertinage, des dangers qu’il y a à vivre en impie, en hérétique.

Cependant même si Dom Juan apparaît comme une être cruel, « grand seigneur méchant homme », les partisans de la bonne morale, comme Sganarelle ou Dom Louis, ne sont pas mis en valeur : le premier croit par poltronnerie et autant au Ciel qu’au loup-garou, et le second demande à Dom Juan de réformer sa conduite pour honorer le rang de ses aïeux et non pour respecter les règles chrétiennes…
Molière est-il alors pour ou contre le libertinage ou les libertins ? Le contexte d’écriture de la pièce, c’est-à-dire juste après la comédie Tartuffe qui stigmatise les dévots et leur hypocrisie, apporte peut-être une réponse : Dom Juan est peut-être surtout une dénonciation des croyances…

3. La satire de la médecine et de la religion
a. La médecine
La médecine est une des cibles favorites de Molière. Dom Juan est l’une des premières pièces où le dramaturge se raille des médecins et de leur autorité. Il continuera la satire dans Le Malade imaginaire et Le Médecin malgré lui.
Ce thème est abordé à la scène 1 de l’acte III où Sganarelle déguisé en médecin discute avec son maître et lui raconte qu’il donne des ordonnances. Dom Juan est qualifié par son valet d’ «impie en médecine » puisqu’il remet en cause son efficacité et sa capacité à guérir les patients : l’anecdote de Sganarelle sur le vin émétique le prouve de façon ironique et comique. Pour Dom Juan le libertin d’esprit, la médecine est une science qui n’est qu’illusion, illusion qui repose sur le vêtement (Sganarelle déguisé joue bien le rôle du médecin !) et sur le langage : « Tout leur art n’est que pure grimace ». La médecine est donc, à l’instar de la religion, une croyance, un faux semblant, un mensonge voire même une hypocrisie…
b. La religion
La même critique d’une autorité usurpée, fondée sur des apparences trompeuses se développe à propos de la religion. Dom Juan ne dénonce pas explicitement et directement l’église et les dogmes chrétiens mais on peut lire la profession de foi matérialiste comme une raillerie du dogme de la Trinité et la scène du Pauvre comme la dénonciation de l’injustice divine, du faible secours qu’apporte Dieu et la prière aux indigents !
Ce que dénonce aussi Dom Juan c’est finalement la facilité avec laquelle on peut imiter le discours religieux et passer pour un être pieux et chrétien : il en est ainsi de la scène où Dom Juan joue l’hypocrite face à Done Elvire (I, 3), face à son père Dom Louis (IV, 4) ou encore face à Don Carlos (V, 3). Molière dénonce la dévotion affectée et simulée qui règne en son temps mais peut-être aussi de façon plus générale l’écart entre les paroles vertueuses et morales et la réalité des êtres et met aussi en garde le spectateur contre le danger d’être dupé…
c. La leçon de Molière
Il y entre Tartuffe et Dom Juan de nombreux échos : Molière veut dans ces deux pièces dénoncer les pouvoirs usurpés, les fausses croyances, les illusions
C’est le rôle critique qu’il assigne au théâtre dont il affirme qu’il doit corriger les vices de l’homme en mettant en avant les conduites condamnées par la plupart des spectateurs. Pour Dom Juan, il s’agit de dénoncer les illusions et faux semblants par l’illusion théâtrale elle-même !

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