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1871 : La Commune de Paris et Louise Michel

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Objectif
  • Comprendre l’essor de la pensée socialiste à travers l’expérience de la Commune.
Points clés
  • La Commune de Paris (2 mars 1871-28 mai 1871) est le gouvernement révolutionnaire de Paris, né de la défaite contre les Allemands et du refus de l’armistice signé par Adolphe Thiers, chef du gouvernement.
  • Les Communards, dont Louise Michel, figure féminine et radicale de la Commune, veulent construire une société fondée sur l’égalité et la liberté.
  • L'expérience prend fin avec la semaine sanglante, du 21 au 28 mai 1871 : les Communards sont éliminés par les troupes du gouvernement. Une fois l’ordre rétabli, des conseils de guerre sont mis en place pour juger et exiler les Communards. C'est le cas de Louise Michel, exilée en Nouvelle-Calédonie.
  • La Commune de Paris, épisode révolutionnaire marquant de l’époque, est un temps fort de l'histoire du mouvement socialiste français.
Pour bien comprendre
  • IIIe République
  • Adolphe Thiers
  • Butte Montmartre
  • Commune de Paris
  • Gouvernement de Thiers
  • Louise Michel
  • Déportation

La IIIe République, proclamée le 4 septembre 1870 à l’Hôtel de ville de Paris, naît dans un contexte de guerre avec les États allemands.

Le 2 septembre, Napoléon III essuie un défaite à Sedan. À partir du 20 septembre, Paris est assiégée. Cependant, les Parisiens assiégés refusent de cesser le combat et déclenchent une insurrection le 18 mars 1871.

Ils proclament la Commune de Paris, et un gouvernement révolutionnaire est mis en place. Parmi les insurgés, se trouvent des femmes dont Clémence-Louise Michel, dite Louise Michel, institutrice dans le quartier pauvre de Montmartre. Elle est une figure féminine et radicale de la Commune.

Elle combat pour instaurer une République sociale et démocratique. Écrasée dans le sang lors de la semaine sanglante de mai 1871, l’expérience communarde est un échec : Louise Michel, comme de nombreux Communards, est déportée en Nouvelle-Calédonie. Pour ses actions dans la mise en place de la défense de la Commune, elle est jugée par un conseil de guerre ; son procès est pour elle l’occasion d’affirmer ses convictions qu'elle continue à défendre en Nouvelle-Calédonie puis à son retour d’exil (9 novembre 1880).

Portrait de Louise Michel ǀ © Look and Learn / Bridgeman Images

En quoi le combat de Louise Michel est-il emblématique de la Commune de Paris ?

1. Louise Michel, actrice de la Commune de Paris

Louise Michel combat lors du siège de Paris contre les Allemands, puis contre le gouvernement provisoire, qui souhaite négocier la paix.

a. Les circonstances de la proclamation de la Commune de Paris

Alors que la République est proclamée le 4 septembre 1870, le commandement allemand, installé à Versailles, décide d’assiéger Paris : il pilonne sa banlieue dès le 18 septembre 1870.

Pilonner (terme militaire) : écraser sous les obus.

Assiégés du 19 septembre au 28 janvier 1871 et privés de ravitaillement, les Parisiens sont contraints de tuer tous les animaux pour se nourrir. Ils manquent de combustible pour se chauffer, alors que l'hiver approche. Ils pensent cependant pouvoir vaincre les Allemands : Paris est défendue par les troupes parisiennes (150 000 soldats) commandées par le Général Trochu et 200 000 gardes nationaux peu entraînés.

À trois reprises, les troupes parisiennes tentent de sortir de Paris. Chaque tentative est un échec, de nombreuses victimes sont à déplorer. L’aide de Gambetta, qui a quitté Paris en ballon pour reconstituer une armée en province, ne viendra pas. Devant le désastre militaire, le gouvernement provisoire entame des négociations de paix.

Comme de nombreux Parisiens qui ont livré bataille, Louise Michel considère cette décision comme une trahison. Vêtue de l'uniforme de la Garde Nationale, elle participe à une tentative d’insurrection contre le gouvernement provisoire. Cette insurrection est organisée par les clubs révolutionnaires de Paris : ceux-ci déclarent la « Patrie en danger », comme cela avait été proclamé en 1792 face à la menace de l’invasion Prusse. Ils s’opposent donc à la décision du gouvernement provisoire de signer l’armistice avec les Allemands. Leur tentative échoue : l’armistice est signé le 28 janvier 1871 et le siège de Paris est levé.

En février, les élections législatives donnent la majorité aux monarchistes : Adolphe Thiers, nommé chef du gouvernement, poursuit les négociations de paix depuis Versailles. Il doit désarmer Paris en récupérant les 227 canons installés sur la butte Montmartre et dans le quartier de Belleville. L’achat de ces canons a été financé par les Parisiens pour résister aux Allemands. Les Parisiens et la Garde Nationale s’opposent à Thiers car ils souhaitent poursuivre la guerre.

Une fois les combats arrêtés, les Allemands défilent le 1er mars 1871 sur les Champs-Elysées.

b. Un gouvernement révolutionnaire : la Commune de Paris

Les Parisiens se réunissent à l’Hôtel de ville et décident d’organiser des élections municipales pour le 26 mars : 92 élus forment le conseil de la Commune. Pour ce vote, l’abstention est importante : de nombreux Parisiens hostiles à l'insurrection ont quitté Paris. Le Conseil proclame la Commune de Paris le 2 mars 1871.

Communards : ce sont les partisans de la Commune de Paris.

Différentes tendances politiques sont représentées au conseil. Ainsi se mêlent des républicains, des proudhoniens (partisans du système de Pierre Joseph Proudhon, socialiste anarchiste), des radicaux, des internationalistes, des blanquistes, qui ont un but commun : établir un gouvernement communal social et démocratique.

Ils adoptent le drapeau rouge qui flotte sur l’Hôtel de ville de Paris et portent le nom de Fédérés en opposition aux Versaillais.

Anarchisme : idéologie née au XIXe siècle qui prône la disparition de l’État et du capitalisme, l’égalité et la liberté totale des citoyens.
Les Versaillais : membres du gouvernement, de l’Assemblée et de l’armée qui ont accepté de signer la paix avec l’Allemagne. Ils sont majoritairement monarchistes.

Dans les nombreux clubs et associations, Parisiens et Parisiennes participent à la vie politique et débattent des projets de réformes. Ainsi, Louise Michel dirige le Comité de vigilance de Montmartre. Elle anime aussi le Club de la Révolution à l'église Saint-Bernard de la Chapelle dont les membres se réunissent tous les soirs dans le XVIIIe arrondissement, en séance publique : les décisions y sont prises à l'unanimité.

Exemple
Le Club de la Révolution a voté la création d’une cantine pour les enfants pauvres.

Louise Michel écrit dans le quotidien Le Cri du peuple où elle publie son programme social et anticlérical : suppression des cultes et de la magistrature, arrestation immédiate des prêtres, vente des biens du clergé, restitution gratuite des biens déposés au Mont-de-piété, exécution d'un otage toutes les heures jusqu'à la libération de Blanqui emprisonné.

Auguste Blanqui : socialiste révolutionnaire et anarchiste. Il est appelé « l'Enfermé » en référence à ses multiples années passées en prison.
Le Mont-de-piété : société de crédit qui prête de l’argent dont la valeur est celle de l’objet déposé en gage.

La Commune se dote d'institutions : dix commissions (ministères) qui transforment Paris par leurs mesures. Ils mettent en place la séparation de l'Église et de l’État, instruction gratuite, obligatoire et laïque pour filles et garçons, suspension des actions en justice pour le paiement des loyers.

Mais la Commune manque de moyens financiers pour réaliser les réformes et doit faire face à l'offensive du gouvernement lancée le 11 avril.

2. La guerre civile entre Fédérés et Versaillais
a. La semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871

La Commune de Paris est une menace pour les autorités et suscite peur et hostilité dans les campagnes. Le 11 avril, le gouvernement lance l’offensive contre Paris ; 100 000 soldats entrent dans la ville de Paris par les portes d’Auteuil et de Saint-Cloud. Du 21 au 28 mai 1871 se déroule alors la « semaine sanglante ». Paris se couvre de barricades.

Barricade de la Chaussée Ménilmontant, à Paris, en 1871, pendant la Commune de Paris | © Bridgeman Images

Les combats sont très meurtriers. Au fur et à mesure que les Versaillais avancent vers le centre de Paris, ils exécutent femmes, hommes et enfants. La dernière barricade tombe à Belleville. Paris est aussi en flammes : le Palais de Justice et la préfecture de police sont incendiés.

Incendies dans Paris, pendant la Commune, les 24 et 25 mai 1871

Le 27 mai, des Fédérés réfugiés au cimetière du Père Lachaise combattent les Versaillais. Vaincus, ils sont fusillés devant le mur est de l’enceinte du cimetière.

Remarque
De nos jours, le mur des Fédérés est une partie du mur du cimetière, appelé ainsi en hommage aux Communards.

Ils sont ensevelis dans une fosse commune près du mur avec d’autres combattants. Dès les années 1880, le lieu devient un lieu de commémoration : la tradition veut qu’un œillet rouge soit accroché au lierre du mur en signe d’hommage. D’autres fosses communes abritent les corps de Communards, comme celle de la nécropole Montparnasse.

b. La répression de la Commune

La répression de la Commune se traduit par un bilan très lourd : 10 000 à 20 000 Parisiens sont tués, 5 000 à 10 000 fuient à l'étranger. Quinze conseils de guerre sont chargés de juger les Communards : les procès s’étalent sur quatre années. Les peines sont des condamnations à mort, aux travaux forcés, à la déportation.

Des lois complètent l’ensemble : la loi du 14 mars 1872 interdit l'affiliation à l’Association internationale des travailleurs (nom officiel de la Première internationale des travailleurs fondée à Londres en 1864).

Internationalistes : terme qui désigne les partisans de l’Internationale ouvrière, créée à Londres en 1864.

Les conditions de transport et de séjour des déportés en Nouvelle-Calédonie sont fixées par la loi du 22 mars : la presqu’île de Ducos est réservée aux prisonniers en forteresse ; l’île des Pins aux déportés ; le bagne de l’île de Nou aux travaux forcés. Plus de 3000 condamnés sont transportés en Nouvelle-Calédonie. Parmi les condamnés se trouve Louise Michel, surnommée la « Vierge Rouge ».

3. Louise Michel jugée par un Conseil de guerre pour sa participation à la Commune de Paris
a. Le procès

Débuté en décembre 1871, ce procès est l’occasion pour Louise Michel de réaffirmer ses convictions et pour la presse de faire le procès des Communards.

La presse versaillaise, dont le quotidien, L’Univers, décrit Louise Michel comme exerçant une « influence considérable » dans les quartiers de Paris et qui « excite à la lutte par des discours incendiaires dans les clubs » et dans Le Cri du peuple. Elle est comparée à « une louve assoiffée de sang ». Pour les Versaillais, Louise Michel est une femme dangereuse et incontrôlable.

Louise Michel est inculpée de nombreux motifs : attentat contre le gouvernement, port d’uniforme et usages d’armes, excitation à la révolte, usage de faux (notamment faux en écriture), complicité d’assassinat d’otages retenus par la Commune, complicité d'arrestations illégales et torture suivie de mort. Le Conseil ne retient que le port d’armes et d’uniforme.

Louise Michel ne souhaite pas être défendue car elle assume la responsabilité entière de ses actes. Elle réclame au Conseil, pour elle-même, la peine de mort, comme ses camarades.

« Ce que je réclame de vous, c’est le poteau de Satory où, déjà, sont tombés nos frères ; il faut me retrancher de la société. On vous dit de le faire. Eh bien, on a raison. Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’a droit aujourd’hui qu’à un peu de plomb, j’en réclame ma part, moi ! ».

Condamnée à dix ans de déportation au bagne, en Nouvelle-Calédonie, elle quitte la France, à bord du Virginie, le 24 août 1873, avec autres Communards dont Nathalie Lemel, une des premières syndicalistes en France.

b. L’exil et le retour

Louise Michel passe deux ans en forteresse où elle lit des auteurs anarchistes. Sa peine est commuée en simple bannissement, ce qui lui permet d'ouvrir une école et d’enseigner aux Canaques. Elle s’attache aussi à comprendre leurs mœurs et coutumes et à décrire la faune et la flore qui l’entoure.

Elle correspond avec Victor Hugo, dont elle admire l’écriture, et Georges Clémenceau, à la pensée politique pourtant éloignée de la sienne. Victor Hugo mène une campagne d’amnistie en France qui aboutit en juillet 1880 à l’amnistie de tous les participants à la Commune de Paris. Louise Michel en bénéficie : le 9 novembre 1880, elle rentre en France.

En 1887, Louise Michel se fait tirer deux balles dessus, dont l’une ne sera jamais extraite de son crâne. Malgré cette blessure, elle continuera ses combats.

Elle rédige, en 1898, des Mémoires publiées en 1905, dans lesquelles elle décrit la commune de 1871 et revendique son appartenance au mouvement anarchiste.

« Le pouvoir ! C'est se servir d'un ciseau de verre pour sculpter le marbre. Allons donc ! Dominer, c'est être tyran ; être dominés, c'est être lâches ! Que le peuple se mette donc debout, il y a assez longtemps qu'on fouette le vieux lion pour qu'il casse la muselière.Le pouvoir est maudit c’est pour cela que je suis anarchiste (...) .»

Elle milite au sein du mouvement ouvrier français anarchiste, malgré de nombreuses condamnations à la prison, et pour le droit des femmes. Elle entreprend des voyages à l’étranger et participe à des meetings à Londres, Pays Bas ou encore en Algérie, pour des congrès socialistes par exemple. Elle défend infatigablement la cause des femmes et des ouvriers et des minorités, notamment les Canaques : en 1885, elle publie Légendes et chansons de gestes canaques ; avec dessins et vocabulaires.

Elle décède en 1905. Pour lui rendre hommage, Victor Hugo écrit le poème Viro Major : Plus grande que l'homme.

La Commune de Paris, expérience révolutionnaire de courte durée, a créé des héros : Louise Michel et les Communards. Elle s’inscrit dans l’histoire du mouvement socialiste. Cette page de l’histoire est commémorée tous les ans au mur des Fédérés du cimetière du Père Lachaise.

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