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Les Confessions : lecture méthodique 3

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1. Présentation du passage

Au milieu du livre III, Jean-Jacques Rousseau se trouve chez Mme de Warens, qu’il appelle Maman, et a conscience de mener « une vie trop douce pour durer » (p. 169). Mme de Warens bâtissait, pour la fortune de son protégé de nombreux projets dont il se serait bien passé : il fut ainsi décidé qu’un des parents de Mme de Warens, Mr d’Aubonne allait s’occuper de lui. Or, ce dernier, après avoir rencontré plusieurs fois Rousseau le trouva « sinon tout à fait inepte, au moins un garçon de peu d’esprit, sans idées, presque sans acquis, très borné en un mot à tous égards » (p. 170). Et Rousseau de conclure « la cause de son jugement tient trop à mon caractère pour n’avoir pas besoin ici d’explication » (p. 170). Le texte étudié ci-dessous fournit ses explications et peut être intitulé “Rousseau et l’écriture” car il fournit une partie des explications concernant sa façon d’écrire.

Celle-ci est traitée par le bais d’une métaphore puisqu’il y a une assimilation et un parallélisme entre les opéras italiens et sa pensée dont l’étude constitue notre premier axe de lecture. L’écriture est également envisagée selon les difficultés éprouvées par l’auteur dans le second axe.

2. Le passage : Rousseau et l’écriture, livre III p. 171

 

3. Les axes de lecture
a. Métaphore des opéras italiens
  • Métaphore inaugurale et intrusion d’auteur La métaphore inaugure l’extrait étudié et occupe un espace non négligeable de la page qu’elle détermine en partie. La métaphore est donc filée et elle est empruntée au domaine musical, la musique étant une des passions de Rousseau. Elle est amenée par une intrusion d’auteur sous forme de question oratoire s’adressant fictivement à son lectorat : « N’avez-vous point vu quelquefois l’opéra en Italie ? ». Cette question interpelle donc le lecteur afin de le conduire à « l’opéra en Italie ».
  • Le chaos Par ailleurs, il choisit un curieux moment pour y introduire son lecteur : ce n’est, en effet, pas lors de la représentation elle-même mais dans les « changements de scènes ». En peignant un chaos à travers des termes tels que « désordre, décorations entremêlées, de toutes parts un tiraillement, tout va renverser », le lecteur ne voit guère où Rousseau veut en venir et quel est l’intérêt de cette évocation qui ressemble à un souvenir vécu par lui en tant que spectateur. L’emploi de l’hyperbole « tout va renverser » accentuant encore ce tumulte renforce également l’idée que ce désordre ne va pas sans gêne pour le spectateur qui trouve ce « changement de scènes […] désagréable [à faire] peine ». Le spectateur est d’autant plus dérangé que ce désordre n’est pas de courte durée mais « dure assez longtemps » dans le cadre d’un « long tumulte ». 
  • Retour au calme Puis, cette métaphore nous conduit du chaos au calme, et ce par degré puisque « peu à peu, tout s’arrange ». Et à la gêne succède un plaisir certain, «ravissant » le spectateur de l’opéra autant que le lecteur des Confessions. Cela représente pour le spectateur une sorte de miracle où la surprise n’est pas feinte : « on est tout surpris ». Il ne fallait néanmoins pas en douter ni juger sur le premier aspect. En effet, au début, le spectacle, qui n’en est un que dans la mesure où on le considère comme tel, n’est pas attractif ni attrayant mais plutôt repoussant ; ce n’est qu’au terme de nombreux efforts qu’il devient magnifique. Cependant, il faut encore noter que cet aspect désagréable vient uniquement des « décorations » et donc de l’aspect extérieur de l’opéra. Il est ensuite rétabli dans sa dignité de spectacle « ravissant » aussitôt après, par son contenu. Rousseau tente peut-être ici de dire qu’il ne faut pas avoir de préjugés sur une œuvre mais savoir la creuser, la pénétrer pour en extraire le meilleur, le plus souvent dissimulé par une enveloppe externe rebutante : c’est la poursuite de la leçon de Socrate et de Rabelais.

     Enfin, pour conclure, l’auteur donne lui-même la clef de cette métaphore : « cette manœuvre est à peu près celle qui se fait dans mon cerveau quand je veux écrire. ». Cette métaphore va lui permettre de traiter de ses difficultés d’écriture dans le second paragraphe.

b. Les difficultés d’écrire
  • Un constat douloureux Concernant ses difficultés à écrire, Rousseau commence par un constat auquel l’hyperbole « l’extrême difficulté que je trouve à écrire » qui débute le second paragraphe et l’emploi du présent d’habitude confèrent un caractère grave et permanent. Il est conscient que les problèmes viennent de lui et il dénonce comme difficulté majeure son impatience : il n’a pas la constance et la patience du spectateur de l’opéra italien évoqué plus haut et ne sait pas attendre la fin de « cette manœuvre qui se fait dans [son] cerveau ». S’il avait su attendre que l’harmonie finale s’installe dans son cerveau comme elle s’installe sur la scène, tous ses problèmes auraient été résolus et il aurait été parmi les plus grands. Il pense, en effet, que « peu d’auteurs [l’] auraient surpassé ». Mais il n’en est rien et c’est dans un désordre caractéristique et emblématique de ces problèmes que Rousseau nous présente ses difficultés d’écrire. Il commence par une présentation matérielle et concrète de son œuvre qu’il nomme « mes manuscrits ».
  • Présentation matérielle et concrète Ce n’est que plus tard qu’il démontrera le mécanisme qui les a produit. Il commence donc par nous présenter le résultat de ce travail et ce résultat est d’ailleurs peu engageant : une gradation où quatre adjectifs sont accumulés traduit le désordre avec « raturés, barbouillés, mêlés, indéchiffrables ». Rousseau écrit semble-t-il dans la douleur. En effet, il n’hésite pas, après avoir parlé d’ « extrême difficulté à écrire », à souligner « la peine [que lui] ont coûtées [ses] manuscrits ». Du reste, ces « manuscrits » sont le fruit de plusieurs refontes car il avoue : « il n’y en a pas un qu’il ne m’ait fallu retranscrire quatre ou cinq fois avant de le donner à la presse ».
  • Opération première et conditions particulières En fait, la première opération est mentale (« j’écris dans mon cerveau ») et elle se fait spontanément et de manière inattendue, sans aucune préparation : « c’est à la promenade, au milieu des roches et des bois, c’est la nuit dans mon lit et durant mes insomnies ». Rousseau ne crée donc rien sur commande ni lorsqu’il se trouve dans un contexte matériel évoquant traditionnellement l’écriture : « je n’ai jamais rien pu faire la plume à la main, vis-à-vis d’une table et de mon papier ». Il semblerait que l’univers concret le bloque ; il lui faut des conditions particulières qui ne rappellent en rien la nécessité d’écrire. Se présente alors un texte mental qu’il retient difficilement et refait plusieurs fois. Ce n’est qu’à la suite de ce long travail de gestation que le texte mental prend forme et se concrétise sur le papier où il subit de nouvelles transformations avant de connaître sa version définitive destinée à la presse. Ainsi, il ne peut travailler - ce terme se justifiant car Rousseau considère l’acte d’écrire comme un véritable labeur - dans les conditions requises par les autres écrivains de son temps. Il se différencie ainsi de ces autres écrivain par son aspect original mais aussi par cet aspect médiocre de son écriture qu’il lui plaît de souligner comme gage de qualité de ses œuvres.
  • Défaut de qualité et perfection
      
    De plus, Rousseau se présente comme ayant certaines qualités intellectuelles lui faisant défaut. On notera son absence de mémoire puisqu’il avoue être « un homme absolument dépourvu de mémoire verbale et qui de sa vie n’a pu retenir six vers par cœur ». Mais l’écriture mentale semble, elle aussi, s’avérer difficile : « il y a telle de mes périodes que j’ai tournée et retournée cinq ou six nuits dans ma tête avant qu’elle ne fût en état d’être mise sur le papier ». En résumé, pour Rousseau, écrire est un processus complexe et lent qui équivaut à beaucoup de temps, de peine, plusieurs refontes successives tant de « périodes » ou phrases que de textes avant de parvenir au résultat final tangible et concret : la mise sous presse et la production du document. Long chaos, laborieuse et lente mise en place qui cause beaucoup de peine mais dont le résultat final est charmant, l’acte d’écrire est présenté par Rousseau selon les paramètres de la métaphore filée initiale concernant « l’opéra en Italie ». On peut supposer que l’auteur, se décrivant de la sorte, doit exagérer ses défauts et son manque de capacité et de qualités dans un phénomène d’autocritique motivé par deux buts : se remettre en cause et par là même se valoriser. Capable d’autocritique acérée, il apparaît comme un auteur désirant atteindre la perfection qu’il recherche en ne se laissant aucun répit.
Conclusion

Le problème de Rousseau semble être celui de la mise en forme. Il ne sait que très difficilement retranscrire les jouissances dont il a bénéficié. L’écriture détourne le contemplateur du plaisir donné pour lui imposer un tiers : le lecteur. Peut-être son problème est-il à mettre en rapport avec le danger d’une écriture liée au public immédiat et ce d’autant que Rousseau a été lu avec partialité et passion, attisant tout à la fois haine et admiration. 
« Diderot […] m’exhorte de donner l’essor à mes idées et de concourir aux jeux, je le fis et dès cet instant je fus perdu tout le reste de ma vie et mes malheurs furent l’effet inévitable de cet instinct » dit-il au livre VII des Confessions. Les jeux dont Rousseau parle sont des concours littéraires que Diderot l’encouragea à faire et qui ne lui firent que du tort.

  

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