Le temps est-il contraignant ou libérateur ?
Cependant, l’horizon de l’homme est également ouvert sur le temps : par ses actions et par ses choix, l'homme peut lui donner, sinon une direction, du moins un sens. C’est seulement en tenant compte du temps que l’homme peut gagner sa liberté et construire son existence.
Le temps est-il, par conséquent, une contrainte ou une libération ? Nous enferme-t-il ou au contraire nous libère-t-il ?
Pour l’homme, le temps s’impose tout d’abord comme une force d’anéantissement : dès qu’il vient au monde, l’être humain fait l’expérience du temps comme une puissance destructrice à laquelle il ne peut échapper.
Plus encore, le temps n’a pas d’existence, comme le montrera Saint Augustin : comme le passé n’est plus et que le futur n’est pas encore, on ne peut donner aucune consistance au temps (Confessions).
Face à ce mouvement inexorable du temps, on ne peut avoir que des regrets et une conscience douloureuse des ravages qu’il provoque sur son passage.
Si le temps est contraignant, c’est que je n’ai aucune prise sur lui. Il est irrévocable. En effet, je ne peux ni accélérer les minutes ou les jours me séparant d’un moment heureux, ni voyager dans le passé pour retrouver une époque révolue. Horizon ouvert sur la mort, le temps nous apprend que tout a un commencement et une fin. C’est avec la conscience de la mort et la perspective angoissante d’une vie limitée que l’homme appréhende son existence. Le temps dresse ainsi des barrières que nous ne pourrons jamais franchir. Le temps est fuyant et l’homme ne peut maîtriser son cours.
Cependant, ce qui enferme la vie de l’homme dans un devenir perpétuel n’est-il pas également ce qui ouvre pour lui le champ possible de ses actions ?
C’est en particulier le moment présent qu’il s’agit de saisir. Le présent est le seul temps qui nous appartienne véritablement : il est le temps de nos décisions, de nos réflexions. En agissant aujourd’hui, nous déterminons notre avenir. Ce sont nos choix qui conditionnent notre futur. Le temps nous offre un espace ouvert que nous sommes libres de façonner à notre convenance. À nous de devenir les acteurs de notre existence et de réduire la place laissée au temps pour accroître celle de notre liberté. La menace de la mort et la fugacité du temps révèlent combien il est urgent pour nous d’agir maintenant : c’est parce que nous allons mourir qu’il y a un sens à faire aujourd’hui quelque chose de notre vie. Nous vivons finalement dans l'urgence.
C’est ce que montrera Sartre en disant que l’histoire, en elle-même, n'a pas de sens : c’est à chacun d’inventer sa vie et de donner ici et maintenant une signification librement choisie à son existence.
La conscience permet de réaliser ce « trait d’union » entre des temps différents, comme le dit Bergson. En effet, intériorisé sous forme de « durée », le temps est alors ce qui assure une continuité à l’existence humaine et ce qui constitue l'identité même de l'individu.
Le temps n'est pas, sous cet aspect, différent de l'espace : « La durée toute pure est la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre, quand il s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs. (...) Nous juxtaposons nos états de conscience de manière à les apercevoir simultanément non plus l'un dans l'autre, mais l'un à côté de l'autre ; bref, nous projetons le temps dans l'espace, nous exprimons la durée en étendue (...) » (Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889).
Nous nous souvenons de celui que nous avons été et nous nous formons une image de celui que nous voudrions être : nous adoptons donc le temps en lui donnant une empreinte personnelle. En vivant le temps sur le mode de la durée, nous lions les différents moments de notre vie et ainsi nous pouvons leur redonner sens. Nous sommes alors maître de ce temps intériorisé par la conscience.
Le temps est donc contraignant, puisqu’il implique une nécessité à laquelle nous ne pouvons nous soustraire. Mais la contrainte qu'il représente est justement l’outil de notre liberté : c’est dans le temps que nous donnons à notre vie un horizon de sens. Au même moment où le temps nous limite, il nous structure.
Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience (1889) : le temps est défini comme durée pour la conscience.
Sartre, L’existentialisme est un humanisme (1946) : Sartre affirme que l’homme n’est pas déterminé mais qu’il est libre de choisir son existence.

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