Objectif : Evitons tout d’abord de
confondre trois notions. Une métropole désigne une
très grande ville disposant de fonctions de commandement
et connectée avec le reste du monde. Une mégapole
est une agglomération géante qui regroupe plusieurs
millions d’habitants : Milan et Londres font partie de
la mégalopole européenne, alors que Madrid ou Athènes sont des
métropoles au niveau européen. Une mégapole
dispose bien sûr de tous les pouvoirs de commandement
d’une métropole. Une mégalopole regroupe un
ensemble de métropoles. On parle de métropolisation
lorsqu’il y a, à la fois, urbanisation croissante et
accentuation du rôle de la ville à
l’échelon du continent ou du monde.
1. Les métropoles d’Europe
a. La dorsale européenne
La population est très inégalement répartie
sur le territoire de l’Union européenne. Une
très forte concentration apparaît de Manchester
à Milan, villes qui marquent au nord-ouest et au sud est
les extrémités d’une ellipse incluant Paris,
Francfort et Rotterdam. C’est
« l’ellipse
européenne » ou la
« dorsale
européenne » dans laquelle
s’inscrivent la plupart des métropoles. Là,
outre de très fortes densités de population, se
concentrent l’essentiel des flux routiers, les grands
aéroports internationaux, la plus grande partie des flux
financiers et des flux de communications.
b. Les autres métropoles
A l’extérieur de cette dorsale existent
d’autres métropoles. En Espagne, Barcelone
et Madrid, en Italie, Rome, mais aussi Berlin et Vienne disposent
aussi d’un large pouvoir de décision à
l’échelle de l’Union européenne.Enfin, on identifie des métropoles
régionales puissantes dont l’influence
s’exerce parfois au niveau national. C’est le cas en
France de Lyon ou de Marseille, mais aussi de Naples ou de
Copenhague en Italie ou au Danemark.
c. L’exemple de Paris
L’aire métropolitaine parisienne concentre
près de 12 millions d’habitants soit 1/5e
de la population nationale. Dotée de deux aéroports
internationaux, d’un aéroport réservé
à l’aviation d’affaires (le Bourget) et,
à proximité, d’une quatrième plate
forme spécialisée dans le low coast
(aéroport de Paris-Beauvais) la métropole
parisienne joue un rôle premier dans le
réseau des transports aériens. C’est
aussi le siège d’une des grandes bourses
européennes, le siège de nombreuses
sociétés multinationales, la
première ville touristique du monde, une
des capitales culturelles européennes et
la capitale mondiale de la mode, du luxe et de
la haute couture, qui exporte ses créations dans le monde
entier.
2. Les différents types de réseaux urbains
a. La notion de réseau
Ces métropoles animent autour d’elles un espace plus
ou moins important vers lequel sont attirées populations
et activités économiques. Cet espace constitue
leur zone d’influence à
l’intérieur de laquelle se trouvent d’autres
villes de moindre importance, l’ensemble constituant
un réseau urbain. Celui-ci peut prendre
plusieurs formes. La métropole et ses villes satellites
sont reliées entre elles par de multiples vecteurs de
communication. Les flux de personnes, de biens ou
d’informations y sont en effet très
développés.
b. Des réseaux urbains polarisés
Dans ce cas là, une métropole
unique et isolée au milieu de sa zone
d’influence, un pôle, domine l’ensemble
d’une région et même tout le territoire
national. Dans l’Union européenne, Paris et Londres
sont dans ce cas ce qui entraîne de forts
déséquilibres régionaux et de fortes
inégalités de développement que compensent
difficilement, en France, les capitales régionales. Les
pouvoirs décisionnels sont encore largement
concentrés dans la capitale malgré les lois de
décentralisation.
c. Des réseaux bipolaires ou multipolaires
Ici deux ou plusieurs métropoles sont en concurrence pour
se partager le territoire, chacune créant sa zone
d’influence et il peut y avoir conflit de domination. En
Espagne, Madrid, la capitale politique et Barcelone, la capitale
économique, organisent l’espace dans un contexte de
large autonomie. En Allemagne, état fédéral,
le découpage administratif en Länder permet
à plusieurs métropoles, de poids comparable, de
structurer le territoire national en gommant les
inégalités régionales qui existent dans les
réseaux polarisés.
3. Les métropoles organisent le territoire de
l’Union européenne
a. La métropole dévore l’espace
La métropole, attirant hommes et activités
économiques, a tendance à s’étendre en
englobant, peu à peu les villes proches. Se crée
ainsi un espace mal structuré où se mêlent
des zones industrielles, des zones artisano-commerciales, des
zones d’habitat, des espaces de loisirs, des complexes
sportifs, le tout étant relié par des voies de
circulation, par des rocades, par des réseaux
ferrés de proximité.L’aspect qui se dégage alors étant celui
d’un espace
hétérogène dont la croissance est
mal dominée avec des vides. La progression de
l’urbanisation se fait souvent le long des axes de
communication pour limiter la durée des
déplacements et des migrations pendulaires quotidiennes :
la distance/temps devenant prioritaire sur la
distance/kilomètre dans un contexte de
dissociation du lieu d’habitat et du lieu de travail.
b. Y a-t-il une limite à la croissance ?
Les métropoles européennes et les deux
mégapoles que sont Londres et Paris constituent
déjà la mégalopole européenne qui
s’étend sur 1500 kilomètres de Manchester
à Milan. Mais le peuplement et l’urbanisation
n’y sont pas encore continus.Si l’on compare la mégalopole européenne avec
les autres mégalopoles mondiales, de Tokyo à Osaka,
au Japon, sur 450 kilomètres ou bien de Boston à
Washington, aux Etats Unis, sur 1000 kilomètres, il
apparaît que la tendance sur le long terme est plutôt
au renforcement. On peut ainsi penser que cette mégalopole
européenne verra se poursuivre le phénomène
de métropolisation et que petit à petit les zones
d’influence respectives combleront les espaces
interstitiels encore vacants avec de nouvelles zones
industrielles, avec plus d’urbanisation et le
développement de réseaux de communication.
c. Le rôle d’attraction des métropoles
Au niveau mondial, la ville devient le lieu
privilégié de habitat et des
activités. Dans ce continent de vieille urbanisation
qu’est l’Europe ce phénomène de
concentration ne surprend pas. Concentration humaine liée
à l’emploi mais ainsi aux loisirs, à la
qualité des services (santé, éducation),
à la diversité des distractions, à
l’offre culturelle, sentiment de vivre pleinement sa vie de
citoyen, d’appartenir au groupe, réduction des
distances/temps qui permettent de s’échapper
rapidement vers les espaces « naturels »
mais aussi de revenir aussi vite au cœur de la cité,
le phénomène de concentration humaine et urbaine,
de métropolisation est intrinsèquement lié
à l’évolution des modes de
vie.
L’essentiel
Comme les autres espaces urbanisés des pays
développés, mais aussi comme dans de nombreux pays
émergents, le cœur de l’Union
européenne s’organise autour d’un
réseau de métropoles qui se densifie. On peut
penser que ce phénomène se poursuivra dans le
futur. Il convient dès lors de s’interroger sur les
conséquences de cette métropolisation, que rien ne
semble pouvoir ralentir, en termes d’organisation de
l’espace, d’accentuation des
déséquilibres économiques et de coût
social.