Les deux septennats de François Mitterrand : 1981-1995
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Objectif : Pour la première fois de
la courte histoire de la Ve République, un
président enchaîne deux septennats. François
Mitterrand, grand rival politique du général de
Gaulle, est ainsi président pendant 14 ans, de 1981
à 1995. Elu dans l’enthousiasme de la gauche, il se
heurte rapidement aux difficultés économiques et
à l’opposition politique avec l’apparition
d’une nouveauté institutionnelle : la cohabitation.
Le deuxième mandat voit croître les
difficultés et une certaine usure du pouvoir pour le
président.
1. L’espoir de « changer la vie » :
1981-1984
a. L’état de grâce
Aux élections de mai 1981, le parti socialiste
présente son candidat avec un programme autour de
110 propositions, souhaitant « changer la
vie ». Le 10
mai 1981, la victoire de
François Mitterrand,
présenté comme « la force
tranquille », contre Valery Giscard
d’Estaing, candidat à sa réélection,
est nette. Ce succès électoral entraîne un
fort enthousiasme chez les électeurs de gauche. La foule
suit ainsi le nouveau président le 21 mai 1981, date
de la prise de fonction, qui honore au Panthéon les tombes
de Jaurès, Jean Moulin ou Victor Schoelcher.
Dans l’élan du résultat présidentiel, une « marée rose » s’empare de l’Assemblée nationale en juin. La gauche y est très largement majoritaire. Trois ministres communistes entrent au gouvernement. Pierre Mauroy devient Premier ministre.
C’est le temps des grandes réformes :
• nationalisations (36 banques d’affaires ; 5 grands groupes industriels),
• retraite à 60 ans,
• baisse de la durée du travail à 39 h,
• augmentation du SMIC,
• cinquième semaine de congés payés,
• impôt sur les grandes fortunes,
• création des radios libres,
• abolition de la peine de mort (combat pour lequel Robert Badinter, garde des sceaux, s’illustra), …
Dans l’élan du résultat présidentiel, une « marée rose » s’empare de l’Assemblée nationale en juin. La gauche y est très largement majoritaire. Trois ministres communistes entrent au gouvernement. Pierre Mauroy devient Premier ministre.
C’est le temps des grandes réformes :
• nationalisations (36 banques d’affaires ; 5 grands groupes industriels),
• retraite à 60 ans,
• baisse de la durée du travail à 39 h,
• augmentation du SMIC,
• cinquième semaine de congés payés,
• impôt sur les grandes fortunes,
• création des radios libres,
• abolition de la peine de mort (combat pour lequel Robert Badinter, garde des sceaux, s’illustra), …
b. Le tournant de la rigueur
Rapidement, les mesures se heurtent à des
difficultés économiques et au
coût de cette politique ; le franc
connaît 3 dévaluations en 2 ans alors que
la dette et le chômage sont croissants (2 millions de
chômeurs en 1981). Les dépenses publiques
creusent le déficit budgétaire.
Pierre Mauroy décide alors de changer de cap avec un plan de rigueur. Les prix et salaires sont bloqués en juin 1982 mais cette politique d’austérité est à la fois inefficace et impopulaire. Elle est vécue par les électeurs de gauche comme une trahison des promesses présidentielles.
La gauche est sanctionnée ainsi aux scrutins suivants par un recul des voix. Deux dossiers contribuent à accentuer la crise de confiance : le plan de restructuration industrielle et surtout la loi Savary de 1984 (cherchant à unifier l’enseignement public et privé). Le 24 juin 1983, après une manifestation réunissant plus d’un million de manifestants pour la défense de l’enseignement privé, le gouvernement de Pierre Mauroy démissionne.
Pierre Mauroy décide alors de changer de cap avec un plan de rigueur. Les prix et salaires sont bloqués en juin 1982 mais cette politique d’austérité est à la fois inefficace et impopulaire. Elle est vécue par les électeurs de gauche comme une trahison des promesses présidentielles.
La gauche est sanctionnée ainsi aux scrutins suivants par un recul des voix. Deux dossiers contribuent à accentuer la crise de confiance : le plan de restructuration industrielle et surtout la loi Savary de 1984 (cherchant à unifier l’enseignement public et privé). Le 24 juin 1983, après une manifestation réunissant plus d’un million de manifestants pour la défense de l’enseignement privé, le gouvernement de Pierre Mauroy démissionne.
2. Le gouvernement de Laurent Fabius : 1984-86
a. Le plus jeune Premier ministre
Pour lutter contre l’érosion de popularité,
François Mitterrand décide de nommer
Premier ministre Laurent
Fabius, énarque alors
âgé de 38 ans. Il incarne l’aile droite du parti socialiste et veut
représenter le dynamisme d’une nouvelle
génération politique.
Son arrivée entraîne toutefois le départ des ministres communistes inquiets d’une dérive « droitière ». Il veut travailler à « la modernisation du pays et au rassemblement des Français ». L’inflation est contenue à 5 % et le franc se stabilise.
Son arrivée entraîne toutefois le départ des ministres communistes inquiets d’une dérive « droitière ». Il veut travailler à « la modernisation du pays et au rassemblement des Français ». L’inflation est contenue à 5 % et le franc se stabilise.
b. Vers des élections difficiles
Malgré ses réussites économiques, Laurent
Fabius ne parvient pas à enrayer la progression du
chômage et se trouve confronté aux mouvements
indépendantistes en Nouvelle-Calédonie. Le
torpillage en 1985 du Rainbow Warrior, navire de Greenpeace
opposé aux essais nucléaires français dans
le Pacifique, discrédite le pouvoir.
Face à une défaite annoncée aux législatives de 1986, François Mitterrand décide de changer le mode de scrutin en choisissant le scrutin proportionnel. Cela ne suffit pas à éviter le revers électoral (le PS recueillant 38 % des sièges). La droite, et surtout le RPR, emporte les élections. Le Front National, bénéficiant du scrutin proportionnel et fort de 10 % des voix, obtient 32 députés. Ce parti d’extrême-droite a prospéré sur la situation économique difficile du pays.
Face à une défaite annoncée aux législatives de 1986, François Mitterrand décide de changer le mode de scrutin en choisissant le scrutin proportionnel. Cela ne suffit pas à éviter le revers électoral (le PS recueillant 38 % des sièges). La droite, et surtout le RPR, emporte les élections. Le Front National, bénéficiant du scrutin proportionnel et fort de 10 % des voix, obtient 32 députés. Ce parti d’extrême-droite a prospéré sur la situation économique difficile du pays.
3. La première cohabitation : 1986-1988
a. La cohabitation, nouveauté institutionnelle
Jacques Chirac devient Premier ministre. C’est
la première fois dans les institutions de la
Ve République que le
président (alors de gauche) appartient à
une tendance politique différente de celle de
l’assemblée (de droite en 1986).
Cette cohabitation qui n’est pas prévue explicitement dans la Constitution, représente donc une situation inédite. Si la gestion du pays revient au Premier ministre et à son gouvernement, le président conserve ses « domaines réservés » (en politique étrangère surtout).
Cette cohabitation qui n’est pas prévue explicitement dans la Constitution, représente donc une situation inédite. Si la gestion du pays revient au Premier ministre et à son gouvernement, le président conserve ses « domaines réservés » (en politique étrangère surtout).
b. Un programme de droite
La politique poursuivie par le nouveau gouvernement se
veut l’inverse de celle des socialistes.
Inspiré par un libéralisme reaganien,
Jacques Chirac enchaîne les privatisations, la
suppression de l’ISF (impôt sur la fortune), la
baisse des impôts, etc. Mais cette politique engendre
aussi une contestation
croissante (en 1986, les
étudiants protestent contre la loi Devaquet qui
préconise une sélection à
l’entrée de l’université). La France
connaît aussi alors une vague d’attentats.
Face à ces critiques, le président conserve une bonne image dans l’opinion, se posant en garant d’une France unie et refusant de signer des ordonnances sociales qu’il réprouve. La cohabitation semble donc tourner à son avantage.
Aux élections présidentielles de 1988, François Mitterrand se représente en s’appuyant sur la « génération Mitterrand » ; face à lui, la droite aligne deux candidats : Raymond Barre pour l’UDF et le Premier ministre, Jacques Chirac, pour le RPR. Avec 54 % des suffrages, Mitterrand est réélu pour un nouveau septennat.
Face à ces critiques, le président conserve une bonne image dans l’opinion, se posant en garant d’une France unie et refusant de signer des ordonnances sociales qu’il réprouve. La cohabitation semble donc tourner à son avantage.
Aux élections présidentielles de 1988, François Mitterrand se représente en s’appuyant sur la « génération Mitterrand » ; face à lui, la droite aligne deux candidats : Raymond Barre pour l’UDF et le Premier ministre, Jacques Chirac, pour le RPR. Avec 54 % des suffrages, Mitterrand est réélu pour un nouveau septennat.
4. Des gouvernements fragiles : 1988-1993
a. Michel Rocard, Premier ministre
François Mitterrand choisit comme Premier ministre
Michel Rocard, un
rival dans le parti socialiste mais un homme incarnant la modernité et
l’ouverture. Aux élections
législatives (au scrutin redevenu majoritaire), le Parti
socialiste retrouve une majorité relative.
Michel Rocard souhaite s’ouvrir vers la société civile et négocier pour éviter les conflits. Il fait voter le RMI (Revenu Minimum d’Insertion) et la CSG (Contribution Sociale Généralisée), parvient à un règlement de la crise en Nouvelle-Calédonie mais face à l’agitation dans le pays (lycéens, banlieues) et à l’opposition politique (y compris dans son propre camp), il est mis en difficulté.
Michel Rocard souhaite s’ouvrir vers la société civile et négocier pour éviter les conflits. Il fait voter le RMI (Revenu Minimum d’Insertion) et la CSG (Contribution Sociale Généralisée), parvient à un règlement de la crise en Nouvelle-Calédonie mais face à l’agitation dans le pays (lycéens, banlieues) et à l’opposition politique (y compris dans son propre camp), il est mis en difficulté.
b. Face à l’usure du pouvoir
Le 15 mai 1991, François Mitterrand renvoie Michel
Rocard et décide de le remplacer par
une femme,
Edith Cresson. Cette nomination qui
se veut moderne et symbolique, se heurte vite à
l’hostilité des hommes politiques et des
médias. Aux élections régionales de
mars 1992, le résultat du parti socialiste est
désastreux.
Edith Cresson est remplacée par Pierre Bérégovoy, ouvrier à l’origine et anciennement ministre de l’Economie et des Finances. Malgré une certaine popularité, il n’arrive pas à enrayer la montée du chômage (en 1993, le seuil des 3 millions de chômeurs est franchi). De plus, il doit faire face au discrédit de l’action politique qui se manifeste par une abstention croissante à chaque scrutin.
Les affaires politico-financières qui sont mises à jour dans les années 80 se multiplient. En particulier, celle du sang contaminé en 1992 nuit considérablement à l’image des hommes politiques.
Edith Cresson est remplacée par Pierre Bérégovoy, ouvrier à l’origine et anciennement ministre de l’Economie et des Finances. Malgré une certaine popularité, il n’arrive pas à enrayer la montée du chômage (en 1993, le seuil des 3 millions de chômeurs est franchi). De plus, il doit faire face au discrédit de l’action politique qui se manifeste par une abstention croissante à chaque scrutin.
Les affaires politico-financières qui sont mises à jour dans les années 80 se multiplient. En particulier, celle du sang contaminé en 1992 nuit considérablement à l’image des hommes politiques.
5. La seconde cohabitation : 1993-1995
Aux élections législatives de 1993, la
droite emporte une victoire écrasante : la
gauche est balayée (les socialistes conservent
68 sièges contre 242 pour le seul RPR, et
207 pour l’UDF). Dans un contexte mondial morose
pour l’économie, Edouard Balladur
opère une politique plutôt prudente (emprunt national,
quelques privatisations). Le chômage continue sa croissance
et atteint son maximum en janvier 1994 (avec
3,4 millions de chômeurs).Edouard Balladur voit sa popularité s’effriter lors de sa tentative de « contrat jeune », le CIP, qui met de nombreux jeunes dans la rue. Il cherche toutefois à éviter des réformes trop impopulaires dans la perspective d’une candidature à la présidence en 1995.
François Mitterrand, malade, a annoncé qu’il ne se représenterait pas. Le parti socialiste, après un vote interne, décide de soutenir Lionel Jospin.
L’essentiel
François Mitterrand est le seul président de la Ve République à avoir accompli deux mandats. En 1981, porté par un réel enthousiasme, il parvient au pouvoir et de nombreuses réformes sont accomplies. Mais face aux difficultés économiques, Pierre Mauroy doit opérer le tournant de la rigueur. Ce revirement, vécu comme une trahison par les électeurs ainsi que la situation économique et sociale entraînent la victoire de la droite en 1986. François Mitterrand restant au pouvoir, une cohabitation se met en place avec Jacques Chirac. Réélu en 1988, le président est toutefois confronté à l’usure du pouvoir qui se manifeste par trois Premiers ministres en 5 ans et une nouvelle cohabitation en 1993.
François Mitterrand est le seul président de la Ve République à avoir accompli deux mandats. En 1981, porté par un réel enthousiasme, il parvient au pouvoir et de nombreuses réformes sont accomplies. Mais face aux difficultés économiques, Pierre Mauroy doit opérer le tournant de la rigueur. Ce revirement, vécu comme une trahison par les électeurs ainsi que la situation économique et sociale entraînent la victoire de la droite en 1986. François Mitterrand restant au pouvoir, une cohabitation se met en place avec Jacques Chirac. Réélu en 1988, le président est toutefois confronté à l’usure du pouvoir qui se manifeste par trois Premiers ministres en 5 ans et une nouvelle cohabitation en 1993.
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