Weber, prolongements et actualité de la pensée - Maxicours

Weber, prolongements et actualité de la pensée

1. Weber, un sociologue qui « parle de nous »
L'œuvre de Max Weber connaît aujourd'hui un regain de faveur. Cela s'explique en grande partie par l'actualité des thèmes qu'elle aborde. Comme le souligne S. Moscovici dans son ouvrage La Machine à faire des dieux (Fayard, 1988) : « De tous les classiques de la sociologie, seul Max Weber intéresse et même passionne. Le charme toujours prenant de son œuvre réside dans son sens de l'histoire, dans son esprit critique doublé d'un pessimisme militant bien en accord avec notre temps. Malgré son inachèvement et ses ruines, cette œuvre possède une grande vertu, une seule. Elle parle de nous, des origines et du destin des sociétés occidentales. Je fais allusion à l'expérience familière de la perte de sens, de la bureaucratie, de la rationalisation, de l'économie, du pouvoir, que chacun observe dans sa vie personnelle et dans la vie de son pays. »
2. La rationalisation au cœur des sociétés développées
Le thème de la rationalisation, cher à Max Weber, est bel et bien au cœur des sociétés modernes.
Aujourd'hui, la rationalisation se traduit par la multiplication des organisations bureaucratiques. Que ce soit dans l'administration ou le secteur privé, ce type d'organisations est très présent. L'organisation taylorienne du travail ne correspond-elle pas à l'idéal-type de la bureaucratie décrit par Weber ?

La rationalisation aujourd'hui, c'est aussi la multiplication des normes techniques à respecter pour être en conformité aux standards européens en matière d'hygiène, de sécurité, etc. Quel lycée échappe aujourd'hui à la standardisation des cantines ? Quel fabriquant de fromage n'a pas droit à la visite des inspecteurs de l'hygiène alimentaire pour vérifier que ses locaux et ses cuves de fabrication répondent aux normes européennes ?

La multiplication des normes engendre des contraintes. Elle limite les marges de manœuvre des acteurs. L'activité humaine semble de plus en plus stéréotypée, ce qui peut aboutir au « désenchantement » des individus.
3. Relativiser la thèse de Max Weber
a. Les limites des organisations bureaucratiques
Contrairement à Max Weber, certains sociologues contemporains mettent l'accent sur le fait que la bureaucratie peut s'avérer être une organisation inefficace. Il en est ainsi de Michel Crozier pour qui « la bureaucratie est une organisation qui ne peut ni se corriger facilement en fonction de ses erreurs, ni innover ou s'adapter aux transformations de son environnement ».
b. L'homo œconomicus est souvent irrationnel
Le principe de rationalité cher à Max Weber a largement été repris par les économistes néoclassiques. Ceux-ci partent du postulat que l'individu se comporte de façon rationnelle. Cet acteur économique rationnel est désigné par le terme « homo œconomicus ».

La théorie néo-classique part donc du principe que le consommateur est rationnel c'est-à-dire qu'il va acquérir les produits qui lui procurent le maximum d'utilité ou, autrement dit, la plus grande satisfaction (le meilleur rapport qualité-prix). On en déduit que plus les prix sont bas, plus on achètera.

Or la réalité est beaucoup plus complexe. Les études portant sur les déterminants de la consommation montrent que les facteurs psychologiques (la volonté de se distinguer ou d'imiter les autres) jouent un rôle fondamental dans les décisions d'achat des consommateurs. Cela explique que l'on soit prêt à acheter des produits très chers parce qu'ils portent une marque prestigieuse, ou à s'endetter pour copier le modèle de consommation de la catégorie sociale à laquelle on aspire appartenir. Ce type de comportement n'a rien de rationnel au sens wébérien du terme, mais il est très répandu aujourd'hui.
c. La magie n'a pas disparu
Paradoxalement, nos sociétés scientifiques font la part belle à des comportements qui ne correspondent en rien à la rationalité en finalité : combien d'hommes politiques ont une voyante attitrée ? Combien de Français consultent leur horoscope ? Combien ne rêvent pas d'une vie meilleure en rejoignant une secte ? Combien jouent à des jeux de hasard ?
Autant d'exemples qui montrent que le rêve n'a pas disparu de nos sociétés. Cela relativise la thèse du désenchantement du monde.
L'essentiel

Les thèmes abordés par Max Weber (la bureaucratisation des sociétés modernes, la rationalité des comportements, le rôle de la religion par exemple) sont toujours d'une grande actualité. Néanmoins, certains aspects de sa thèse peuvent être relativisés. Ainsi, on peut critiquer l'efficacité des organisations bureaucratiques ou montrer que l'individu ne se comporte pas toujours de façon rationnelle et sait encore rêver. Heureusement ! Le monde n'est pas encore si désenchanté que cela !

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