Vers une grande classe moyenne ?
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Les effectifs des professions intermédiaires (anciens cadres moyens, techniciens et éducateurs, par exemple) ont été multipliés par 2,5 de 1962 à 2000. Le nombre des cadres et professions intellectuelles supérieures (ingénieurs, par exemple) ont été multipliés par 3,8 au cours de la même période.
Doc 1 : Le nombre de cadres et profession intellectuelles supérieures augmente |
L'addition de ces deux PCS (professions et catégories socioprofessionnelles) représente déjà un tiers des actifs mais certains étendent la notion de classe moyenne à tous ceux qui ont un emploi qualifié sans appartenir à l'élite dirigeante. En ce sens, une partie des employés et même une partie des ouvriers appartiendraient à la classe moyenne regroupant quasiment deux tiers de la population.
Enfin, les revenus de la propriété restent plus inégalitaires mais leur diffusion s'accélère depuis le milieu des années 1980. Un ménage sur quatre possède des valeurs mobilières.
Cette uniformisation des revenus a eu des conséquences sur la consommation. La progression des taux d'équipement pour les principaux biens durables, la généralisation d'une norme de consommation au moyen de la publicité, l'accès au logement et l'uniformisation des modes de vie entre les groupes sociaux ont marqué la période 1965-2000. L'intuition de Tocqueville selon laquelle dans une société de salariés, toutes les classes ont un « air de famille » semble plus vraie que jamais.
L'Etat providence n'est pas adapté à la prise en charge de l'exclusion. La société est plus fluide que dans les années 1950 mais les fils de cadres ont toujours 4,5 fois plus de chances de devenir cadres que les fils d'ouvriers et les filières d'excellence ne se démocratisent pas. Selon Louis Chauvel (1999), les nouvelles générations prennent peu à peu conscience de la réduction des possibilités de promotion sociale et commencent à acquérir une représentation plus rigide de la société.
Trois représentations alternatives de la société française apparaissent difficilement compatibles. Pour les tenants des analyses en termes de classes, la pyramide reste la référence. Au sommet, une élite dirigeante très réduite domine une petite bourgeoisie capitaliste et surtout une vaste couche populaire composée d'ouvriers et d'employés qui composent 60 % de la population française.
Pour H. Mendras (1994), la « révolution » des années 1960 a imposé le modèle de la toupie, avec en son centre une vaste classe moyenne.
Pour Lipietz, l'enrichissement des riches et la montée
des « working poors » (personnes
qui travaillent mais dont le niveau des revenus est très
faible et les maintient dans la pauvreté)
rétrécissent tellement le centre, la classe
moyenne, que l'on peut évoquer une société
en sablier.
Quelle est la bonne représentation ? C'est celle
qui n'est pas en contradiction avec les faits et accepte une
discussion sur ses méthodes, résultats et
principes d'analyse.
La formation d'une vaste classe moyenne associée à la réduction des inégalités et des conflits qui traversaient la société française ont contribué à mettre en cause la pertinence de la notion de classe sociale. Toutefois, la tendance s'inverse depuis une dizaine d'années et le débat porte aussi sur les méthodes d'analyse de la sociologie.
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