L'essentiel
Troisième puissance industrielle mondiale, l'Allemagne
s'appuie sur un système économique qui accorde
une grande place aux industries de transformation. Les grandes
entreprises, les konzern, constituées au
XIXe siècle représentent encore
la base d'un système de production qui
s'internationalise grâce à des entreprises
puissantes (Daimler-Benz par ex.). Le secteur secondaire
allemand a su se moderniser et jouer la carte des hautes
technologies tout en conservant une industrie lourde
très performante. L'espace industriel allemand doit
désormais effectuer une reconversion partielle tout en
intégrant les espaces industriels de l'ancienne RDA.
1. La troisième puissance industrielle du monde
a. Une grande capacité de production
L'Allemagne se place au troisième rang mondial
derrière les Etats-Unis et le Japon. L'industrie
représente environ 38 % du PNB de l'Allemagne et
regroupe près de 35 % des actifs. La chimie,
l'énergie, les machines-outils, l'électronique, la
sidérurgie et l'aéronautique sont autant de
secteurs de production qui assurent aux entreprises allemandes
une place parmi les grandes entreprises internationales.
Daimler-Benz est le 9e groupe mondial avec un
chiffre d'affaires de 356 milliards de $ en 1995. La
production allemande est impressionnante : le pays est le
3e producteur mondial d'automobiles ;
20 % des machines vendues dans le monde sont allemandes.
b. Les grandes entreprises assurent la puissance industrielle
Les konzern, grands groupes privés, dominent la
production. Nés au XIXe siècle, ils
ont diversifié et internationalisé leurs
activités. Ils représentent 32 % des actifs et
40 % du chiffre d'affaires de l'industrie. Le groupe Thyssen
est spécialisé dans la sidérurgie, les
ascenseurs, les machines-outils et investit dans les
télécommunications. Le konzern Daimler-Benz est
composé de Mercedes, Deutsche Aerospace, la division
services (finances, assurances, télécommunication)
et les divisions ferroviaires, microélectroniques et
motorisation. Toutefois, il faut ajouter les
13 000 petites et moyennes entreprises à
capitaux familiaux (45 % de l'emploi dans ce secteur).
2. Une industrie performante
a. Des industries lourdes aux biens de consommation
L'Allemagne a créé sa puissance industrielle sur
les industries lourdes, notamment la métallurgie
(28 % de l'acier européen est produit dans la Ruhr).
Le pays est l'un des premiers constructeurs mondiaux de machines.
L'électronique et l'automobile (premier rang pour le
chiffre d'affaires) sont deux branches particulièrement
dynamiques.
b. Les atouts du développement industriel
L'industrie s'appuie sur des organismes de recherche performants
qui lui assurent une haute technicité. Ces organismes sont
financés par les sociétés industrielles et
par l'Etat. Les instituts de recherche ont gagné une
réputation internationale (ex. : la Max Planck
Gesellschaft regroupe 5 000 chercheurs dans
70 instituts, avec un budget de 614 millions d'euros).
Le dynamisme de la recherche et de l'industrie est
renforcé par la participation des banques (ex. : la
Deutsche Bank participe à hauteur de 24,4 % du
financement des secteurs automobiles et aéronautiques de
Daimler-Benz).
3. Un espace productif en cours de réorganisation
a. Une concentration industrielle à proximité des
grandes villes
Les villes et les grandes agglomérations concentrent les
2/3 des emplois industriels. Berlin et Munich sont les plus
grandes villes industrielles (respectivement 220 000 et
160 000 emplois). La concentration industrielle
principale, formée de l'ensemble rhéno-westphalien
et de la Ruhr, accueille des centres de production secondaire
mais le nombre de sites relevant des activités tertiaires
(tertiaire industriel) est en augmentation significative,
traduisant les mutations de l'industrie allemande. Les
régions anciennes de l'industrie lourde (Ruhr,
Rhin-Westphalie, villes industrielles et portuaires de la mer du
Nord) sont des espaces en cours de reconversion. On observe des
redéploiements vers les nébuleuses industrielles du
Sud basés sur Frankfort, Munich, Nuremberg, Stuttgart et
en direction des Länder orientaux dont la modernisation
s'effectue grâce aux financements européens et
nationaux.
b. Un espace de production qui s'internationalise
L'importance des coûts salariaux et des
prélèvements sociaux représentent un frein
pour les entreprises, ajouté à la valeur
élevée de la monnaie. Les entreprises se sont
engagées dans une politique de délocalisation.
Environ 35 % de la production automobile allemande sont
réalisés hors des frontières
nationales : les usines de montage de la Smart sont
installées en Moselle par Mercedes ; Volkswagen,
premier constructeur automobile européen en 1997
couvre 17 % du marché mondial de l'automobile et fait
réaliser ses véhicules dans des pays
étrangers (Pologne par exemple) où les coûts
salariaux sont bien plus faibles qu'en Allemagne (358 euros
contre 2 045 euros par mois en Allemagne). Le groupe
Siemens a également orienté sa production à
l'étranger et il a supprimé 7 000 emplois
en Allemagne pour en créer 4 000 à
l'étranger.