Une paix de compromis
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C'est le mélange de ces deux logiques qui est suivi lors des traités de paix signés entre 1919 et 1920. Les réunions se déroulent dans la région parisienne : la conférence de la Paix se tient à Paris, et les traités sont signés à Versailles avec l'Allemagne (juin 1919), à St-Germain avec l'Autriche (septembre 1919) et au Trianon avec la Hongrie (à Versailles, en juin 1920).
Les opinions publiques veulent la paix : des sociétés d'anciens combattants se forment pour conserver le souvenir des horreurs des combats et favoriser le pacifisme.
L'Empire ottoman comme la Russie impériale disparaît au profit de régimes neufs : dictature populiste de Mustafa Kemal et Russie bolchevique de Lénine.
Le principe des nationalités est également appliqué à la nouvelle carte de l'Europe, suivant la volonté de Wilson. L'Autriche-Hongrie, vaste état multinational (« mosaïque ») disparaît au profit d'Etats-nations comme la Hongrie ou l'Autriche ou des fédérations de peuples comme la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.
Une Pologne est recréée sur des terres allemandes (Silésie, Posnanie), russes et autrichiennes (Galicie). Cet Etat dispose d'une ouverture sur la mer par le port de Dantzig (Gdansk) qui est internationalisé. L'ancien empire russe perd une grande part de ses terres occidentales sur lesquelles s'épanouissent des Etats nouveaux : Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie. Les terres non turques de l'Empire ottoman lui sont retirées au profit de zones contrôlées par les vainqueurs : Liban, Syrie, Iraq...
Les Etats alliés de la France reçoivent aussi des
compensations territoriales. La Roumanie, la Serbie,
l'Italie obtiennent des agrandissements substantiels de leur
espace national. Par exemple, la Roumanie s'étend vers
l'ouest sur la Transylvanie et à l'est sur la
Bessarabie, une Yougoslavie (Etat des Slaves du Sud) est mise
en place au profit du peuple serbe qui intègre
désormais les anciennes provinces autrichiennes de
Bosnie, de Croatie, de Slovénie. L'Italie, en
récompense de son entrée en guerre aux
côtés des alliés en 1915 met la main
sur le Haut-Adige, la ville de Trente et le
Dodécanèse.
La Belgique annexe les cantons d'Eupen et Malmédy, le
Danemark récupère le Schleswig perdu en 1864 et
la France l'Alsace-Lorraine.
Les ennemis de l'Entente sont au contraire pénalisés lors des traités de paix. L'Allemagne est scindée en deux par le « corridor de Dantzig » et la naissance du nouvel Etat polonais, et elle perd au total 1/7e de ses terres. La Sarre est séparée du territoire allemand, la Rhénanie démilitarisée, l'union avec l'Autriche interdite. Enfin, ses colonies africaines (Togo, Cameroun) et asiatiques sont confiées aux vainqueurs.
Elle apparaît donc rapidement comme un « club » des vainqueurs de la guerre, destiné à empêcher les pays vaincus de remettre en cause les traités. D'ailleurs, un Conseil permanent la dirige, composé de 5 membres (France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Chine). Elle partage ainsi les anciennes colonies allemandes et les reliquats de l'Empire ottoman, pour les confier en « mandats » à la France et au Royaume-Uni. Les Etats-Unis refusent d'en faire partie et de cautionner ainsi les décisions des traités de paix.
La SDN ne s'est enfin pas dotée des moyens efficaces pour lutter contre un Etat récalcitrant. Seules des sanctions commerciales (boycott) et des blâmes sont appliqués. Elle devait également garantir la paix en favorisant le désarmement, en internationalisant certaines villes (Trieste, Dantzig, Memel). Mais ces mesures sont perçues avant tout comme anti-allemandes, car seul cet Etat n'a plus le droit de posséder une armée moderne, de plus de 100 000 hommes.
Le principe des nationalités a été mal appliqué et des minorités nouvelles apparaissent comme les Hongrois de Roumanie, les Allemands de Pologne ou de Tchécoslovaquie (des Sudètes). Les Italiens sont également mécontents de ce qu'ils appellent la « victoire mutilée », car Trieste et la Dalmatie ne leur ont pas été octroyé. Les promesses faites aux Juifs (déclaration Balfour, 1917) et aux Arabes durant la guerre de leur permettre de créer un Etat sur les ruines de l'Empire ottoman ne sont pas tenues.
Des affrontements locaux se déclenchent donc au lendemain du conflit mondial. Les Allemands utilisent ainsi les corps francs pour aller combattre la présence des Polonais en Silésie, alors que ceux-ci combattent les Russes à l'Est. La guerre civile russe de 1917 à 1921 est aussi un affrontement entre les ex-peuples allogènes de l'empire tsariste et le nouveau gouvernement bolchevique. Baltes, Finlandais, peuples du Caucase se soulèvent et profitent de l'affaiblissement russe pour s'émanciper et agrandir leur territoire. Une guerre entre Grèce et Turquie se déroule pour le contrôle de la côte anatolienne, qui entraîne un déplacement massif de population et des massacres.
Mais le plus grave problème est celui de l'Allemagne. Humiliée par le « diktat » de Versailles, elle est rendue responsable de la guerre (article 231), et doit payer des réparations exorbitantes (132 milliards de marks/or) aux vainqueurs, ce qui retarde d'autant son redressement économique. Son maintien dans une situation de pays mineur, réduit géographiquement, coupé en deux, démilitarisé, attise les rancunes contre la République de Weimar qui a accepté de signer le traité de Versailles et contre la France, la Grande-Bretagne, la Pologne et la Tchécoslovaquie.
Ces thèmes sont repris par la suite avec succès par Adolf Hitler.
Entre novembre 1918, date de la fin des combats (11 novembre, armistice entre France et Allemagne) et 1920 se déroulent à Paris des conférences de la paix. Celles-ci tentent de recréer une Europe plus sûre et qui satisferait à la fois les désirs des Français et des Anglais, c'est-à-dire punir l'Allemagne et récompenser les vainqueurs et en même temps ceux des Américains qui souhaitent l'affirmation concrète des principes énoncés en 1918 par le président Wilson.
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