Une implantation au cœur de l'Europe

Entre 1945 et 1989, l'Allemagne a souffert de sa partition. La division de l'Europe après-guerre a eu d'importantes conséquences spatiales sur l'Allemagne qui a pâti de la Guerre froide. A l'image de l'Europe, l'Allemagne s'est retrouvée coupée en deux par le rideau de fer.
La situation allemande a alors changé. D'Etat unitaire et central, l'Allemagne a été scindée (RFA et RDA), devenant périphérique aux deux blocs politiquement ennemis. Ces deux Etats ont évolué séparément pendant plus de quarante ans, les relations entre eux étant faibles et souvent conflictuelles.

La réunification a permis de faire évoluer cette situation et a redonné à l'Allemagne sa place d'Etat au cœur de l'Europe. Ce phénomène est amené à s'amplifier dans les décennies à venir à cause de l'élargissement de l'UE à certains pays de l'Est (Pologne, République tchèque, Hongrie). Cela va en effet déplacer le centre de gravité de l'Europe vers l'est, au cœur de l'Allemagne. Le Danube, axe commercial historique et trait d'union entre les pays de l'Est et de l'Ouest, retrouve progressivement son utilité et l'Allemagne sa situation de carrefour entre l'axe rhénan qui concentre le trafic nord-sud en Europe et le Danube qui est amené à redevenir une route est-ouest majeure.

L'Allemagne possède 11 000 km d'autoroutes, ce qui la place en deuxième position dans le monde après les USA. Ces autoroutes quadrillent l'espace, desservent toutes les villes et se croisent à proximité des grandes métropoles. Frankfort, par exemple, est située à la croisée de trois autoroutes.

Jusqu'au début des années 1990, les axes méridiens (nord-sud) étaient privilégiés. L'axe le plus emprunté était (et reste encore aujourd'hui) le Ha-Fra-Ba reliant toutes les métropoles de l'Ouest depuis Hambourg jusqu'à Bâle en passant par Cologne, Frankfort et Stuttgart. Désormais, la politique d'aménagement du territoire met l'accent sur le développement des liaisons est-ouest afin de faciliter la circulation entre anciens et nouveaux Länder. A terme, cela permettra à l'Allemagne de capter une bonne part du trafic entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est.

57 % des exportations et 54 % des importations allemandes sont réalisées avec l'Union européenne. Au sein de l'UE, la France est le premier partenaire commercial de l'Allemagne.

Au plan politique, l'Allemagne est avec la France le « moteur » de la construction européenne depuis 1951 et le premier contributeur de l'UE. L'Allemagne réunifiée est également l'Etat le plus peuplé d'Europe avec plus de 80 millions d'habitants. Cela lui permet d'être l'Etat le mieux représenté au sein des institutions européennes et notamment au Parlement européen où elle est le pays qui possède le plus de députés. L'Allemagne peut ainsi peser efficacement sur la construction européenne.

Les échanges avec les PECO (Pays d'Europe Centrale et Orientale) s'intensifient. La République tchèque, la Pologne et la Hongrie deviennent d'importants partenaires commerciaux de l'Allemagne qui y est le premier investisseur et le premier créancier. A l'image du Japon et des NPI, les industries allemandes commencent à délocaliser les étapes de la production nécessitant beaucoup de main-d'œuvre (l'assemblage essentiellement). Cela leur permet de réduire les dépenses en main-d'œuvre et de baisser les coûts de production. Le rachat de Skoda par Volkswagen est un exemple de cette stratégie.

L'Allemagne est un fervent partisan de l'élargissement rapide (dans les dix ans) de l'UE. Il y a fort à parier que ces délocalisation, à mesure des intégration successives, s'étendront à des pays de plus en plus éloignés et pauvres (comme la Roumanie ou l'Ukraine par exemple).