Travail, activité, emploi

Les termes d'activité, d'emploi et de travail ne signifient pas la même chose. Le travail désigne au départ le labeur, au sens d'action douloureuse (son origine latine tripaliare, « torturer », en témoigne). Il vise aujourd'hui l'action humaine développée en vue d'obtenir une production marchande et/ou une rémunération.

Le travailleur est ainsi titulaire d'un emploi, c'est-à-dire d'un statut économique et social, qui prévoit pour les salariés un contrat de travail, une paie et une convention collective. L'emploi désigne donc à la fois le poste de travail mais aussi la position sociale des travailleurs, que l'on retrouve par exemple dans les PCS (professions et catégories socio-professionnelles).

L'activité renvoie plutôt à une occupation des personnes, qui n'a pas obligatoirement de finalité marchande ou productive. Il peut s'agir d'une activité de loisir par exemple.

Pour distinguer emploi et travail, on utilise d'abord la notion de population active : est actif celui qui, soit exerce une activité rémunérée salariée ou indépendante, soit aide un membre de sa famille dans son activité professionnelle, soit est stagiaire ou apprenti, soit cherche un emploi.
Le reste de la population est qualifiée d'inactive, ce qui ne veut pas dire qu'elle ne fait rien mais qu'elle n'a pas d'emploi défini.

Ensuite, on s'intéresse à l'aspect d'utilité économique pour séparer travail et activité : seul le travail productif est qualifié « d'utile ». Ces distinctions sont parfois difficiles à soutenir. Un étudiant qui effectue des livraisons de pizzas pour payer ses études est-il ainsi un inactif ou un actif ? Un retraité qui fait du soutien scolaire auprès d'élèves en difficulté va-t-il considérer son activité comme non-productive ? Finalement, il est assez malaisé de définir les limites de ces trois notions.

Une observation demeure : le travail permet d'exister dans la société puisqu'il confère une position sociale. Il reste la base de notre civilisation, fondée sur la division des tâches au sein du groupe, et la possibilité d'échanges qu'il engendre.

L'emploi permet de se donner une identité. C'est une sorte de référent ultime et suffisant que tout le monde comprend : lorsque quelqu'un demande : « que faites-vous ? », la personne interrogée répondra spontanément par : « je suis cadre administratif dans une société », et non par : « je bois un café », son occupation du moment. De fait, c'est sans doute aussi pour cela que les femmes ont considéré leur accès au travail comme une conquête sociale, et que les exclus et chômeurs se considèrent parfois comme des inutiles ou des « surnuméraires ».

Malheureusement, le travail, parce qu'il n'est plus disponible dans les mêmes quantités qu'autrefois, ne serait plus le principal moyen de créer du lien social. Face à cet état de fait, plusieurs options semblent possibles. Certains considèrent que nous allons connaître une fin du travail productif car les gains de productivité sont désormais trop importants pour permettre d'employer tout le monde.

Il faudrait alors développer des activités dans un « tiers secteur » (à ne pas confondre avec le secteur tertiaire), pour développer de nouveaux services d'intérêts publics très divers comme les aides aux personnes âgées, l'encadrement des loisirs, etc. D'autres estiment que le travail perdra son sens social, et que l'on se définira par d'autres éléments comme la consommation et les loisirs, et non plus seulement par son métier. Mais nous n'en sommes pas encore là...