Tertiarisation et changement social
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Il est bien loin le temps où la population
française se répartissait à peu près
également entre agriculture, industrie et services.
Aujourd'hui, le monde agricole est presque marginal, l'industrie
perd des emplois et le tertiaire compense comme il peut.
La tertiarisation désigne la montée des
activités tertiaires dans l'ensemble de
l'économie, donc le fait qu'une fraction
croissante du travail humain s'effectue dans ces activités
tertiaires. Les services marchands et non marchands,
c'est-à-dire ceux financés par les
prélèvements obligatoires et non par la vente sur
un marché, constituent le grand réservoir
d'emplois.
Il est difficile de soigner plus de monde ou d'enseigner à plus d'élèves, à effectifs constants, sans réduire la qualité de la prestation. Le phénomène touche tous les pays développés et l'importance du secteur dans l'économie est plutôt considérée comme un signe de modernité. Elle a tendance à croître avec l'élévation du niveau de vie comme le démontre la loi d'Engel.
Les entreprises, pour leur part, achètent de plus en plus de prestations immatérielles, conseils ou logiciels informatiques par exemple. Elles cherchent à produire mieux, à produire en « juste à temps » ou à adapter leurs produits aux goûts individuels de leurs clients.
La montée des Etats Providence a donc accentué la tertiarisation des économies, ces derniers ont organisé la prise en charge des services aux particuliers ; ils ont finalement supplanté de nombreuses activités qui relevaient jusque là du domaine privé (garde des enfants, soins aux personnes âgées...). Bien sûr ces bouleversements ne sont pas le résultat de la seule volonté publique, ils accompagnent des modifications structurelles profondes comme l'arrivée des femmes sur le marché du travail.
• Progression lente dans le commerce, les transports ou la finance
10 % de croissance en vingt ans, soit deux fois plus que le rythme de croissance de l'emploi total en France, mais trois fois moins que la croissance moyenne des emplois de services (+ 33 %). L'activité poste et télécommunications a même progressé de moins de 2 %.
Cela n'enlève rien au dynamisme et à l'importance de ces secteurs, qui se sont fortement modernisés et ont enregistré d'importants gains de productivité. Mais, sur la même période, l'emploi dans les services non marchands d'éducation, de santé et d'action sociale a progressé de 45 %.
• Progression spectaculaire de l'emploi dans les activités de services aux entreprises (+ 79 %)
Elle s'explique par l'explosion des métiers de conseil, de la publicité, des services informatiques, mais aussi par un effet d'optique : l'externalisation de plus en plus fréquente d'activités de support (nettoyage, gardiennage, restauration, service paye, maintenance informatique, R&D...) à des sociétés extérieures. Ces emplois, autrefois comptabilisés comme industriels, parce qu'ils s'exerçaient au sein d'une firme industrielle, se retrouvent maintenant dans les services.
• D'importants gains de productivité dans certains secteurs
- Grâce à la rationalisation des processus de production (taylorisation), comme dans la restauration rapide ou les centres d'appel.
- Grâce au progrès technique : l'informatisation et Internet réduisent les besoins en personnel aux guichets des banques, de la Sécurité sociale...
La tertiarisation est donc le signe statistique d'un certain nombre de bouleversements qui ont touché les structures de la société française tout au long de la seconde moitié du XXe siècle. Travail des femmes, transformations des anciennes formes de solidarité sont autant de signes perceptibles dans l'avènement de cette société de services.
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