Sociologie des classes sociales et de la stratification
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Les individus vivent dans des groupes aux
caractéristiques différentes. La place de
l’individu dans la société est
définie selon une certaine hiérarchie.
Comment évolue-t-elle ?
Comment évolue-t-elle ?
1. Les analyses classiques
a. L’opposition entre Marx et Tocqueville
Pour Karl Marx (1818-1883), la
société tend vers une bipolarisation
entre les classes prolétaires et bourgeoises
dans le mode de production capitaliste. Les
bourgeois possèdent les moyens de production (le
capital) alors que les ouvriers ne disposent que de leur
force de travail. Cela va donc créer un
antagonisme (qu’il appelle « lutte
des classes ») car les bourgeois exploitent le
travail des prolétaires.
Marx a une vision réaliste des classes sociales car son analyse se base sur sa vision de la réalité. Il part donc d’une situation concrète pour en tirer une théorie sur les classes sociales. Selon lui, une classe sociale se définit par :
• une certaine homogénéité des modes de vie, des modes de pensée (la « classe en soi ») ;
• une conscience de classe, celle d’appartenir à un groupe dominant ou dominé (« classe pour soi ») ;
• une capacité à se mobiliser pour défendre ses intérêts.
Seuls la lutte des classes et le renversement du mode de production capitaliste permettront aux prolétaires de se soustraire à la domination bourgeoise.
L’analyse d’Alexis de Tocqueville (1805-1859) est différente. Passionné par la révolution américaine, il part étudier le système pénitentiaire américain en 1831. Il écrira plus tard les deux tomes de De la démocratie en Amérique (1835 puis 1840) dans lesquels il remarque la passion pour l’égalité qui ressort du système démocratique. Cette passion conduit tout naturellement les individus à désirer plus d’égalité (dans les droits mais aussi les conditions d’existence), ce qui conduira selon lui à l’avènement d’une vaste classe moyenne. Cela contredit donc les analyses que fait Marx quasiment à la même époque.
Marx a une vision réaliste des classes sociales car son analyse se base sur sa vision de la réalité. Il part donc d’une situation concrète pour en tirer une théorie sur les classes sociales. Selon lui, une classe sociale se définit par :
• une certaine homogénéité des modes de vie, des modes de pensée (la « classe en soi ») ;
• une conscience de classe, celle d’appartenir à un groupe dominant ou dominé (« classe pour soi ») ;
• une capacité à se mobiliser pour défendre ses intérêts.
Seuls la lutte des classes et le renversement du mode de production capitaliste permettront aux prolétaires de se soustraire à la domination bourgeoise.
L’analyse d’Alexis de Tocqueville (1805-1859) est différente. Passionné par la révolution américaine, il part étudier le système pénitentiaire américain en 1831. Il écrira plus tard les deux tomes de De la démocratie en Amérique (1835 puis 1840) dans lesquels il remarque la passion pour l’égalité qui ressort du système démocratique. Cette passion conduit tout naturellement les individus à désirer plus d’égalité (dans les droits mais aussi les conditions d’existence), ce qui conduira selon lui à l’avènement d’une vaste classe moyenne. Cela contredit donc les analyses que fait Marx quasiment à la même époque.
b. L’analyse nominaliste de Weber
Max Weber (1864-1920) est
considéré comme le père de la
sociologie allemande et de la conception de
l’étude de la conduite des acteurs comme
fondement de l’action sociale. Il va proposer une
analyse de la classification sociale des individus selon
trois critères qu’il appelle des «
ordres » :
• l’ordre économique (le plus important) : qui est donc lié au patrimoine, aux revenus ;
• l’ordre social : qui dépend des relations sociales d’un individu et de son prestige ;
• l’ordre politique : lié au pouvoir.
La position de l’individu dans chacun de ces trois ordres lui donne donc une position dans la hiérarchie sociale. Celle-ci est due pour lui à la capacité d’un individu à se procurer un bien ou un service. Weber a une analyse qualifiée de nominaliste car il construit des catégories à partir d’une théorie qu’il utilise ensuite comme filtre pour comprendre la réalité. C’est une vision inverse du réalisme de Marx.
• l’ordre économique (le plus important) : qui est donc lié au patrimoine, aux revenus ;
• l’ordre social : qui dépend des relations sociales d’un individu et de son prestige ;
• l’ordre politique : lié au pouvoir.
La position de l’individu dans chacun de ces trois ordres lui donne donc une position dans la hiérarchie sociale. Celle-ci est due pour lui à la capacité d’un individu à se procurer un bien ou un service. Weber a une analyse qualifiée de nominaliste car il construit des catégories à partir d’une théorie qu’il utilise ensuite comme filtre pour comprendre la réalité. C’est une vision inverse du réalisme de Marx.
2. Stratification ou persistance des classes sociales ?
a. Les analyses en termes de strates et de
moyennisation
Dans les années 1930, de nouvelles analyses de
la hiérarchie sociale vont naître aux
États-Unis. La plus célèbre reste
celle de Lloyd Warner à « Yankee City
». En enquêtant auprès de la
population de deux grandes villes du nord des
États-Unis, il définit une classification
sociale basée sur 6 critères :
revenu, logement et
ancienneté de résidence, style de
vie, niveau d’instruction, partage de
normes et valeurs communes.
Il définit ainsi 6 grandes « strates » (de supérieur-supérieur à inférieur-inférieur) dans laquelle il classe la population. L’essentiel de cette population se situe tout de même dans les strates moyennes (inférieur et supérieure). Ces strates sont moins fermées que les classes sociales, les individus peuvent avoir une mobilité sociale conséquente et ils ont des relations plus ou moins fortes avec les membres des autres catégories. C’est ce type d’analyse qui sera à l’origine de la conception française moderne de la nomenclature des PCS (Professions et Catégories Socioprofessionnelles).
Henri Mendras (1927-2003) va proposer dans les années 1970 une vision de la société française largement moyennisée. Les catégories sociales sont regroupées dans une vaste classe moyenne encadrée par les élites en haut de la hiérarchie et la pauvreté en bas.
Cette classe moyenne n’en reste pas moins hétérogène, il en est souvent donné une représentation en forme de « toupie ». Elle est formée de diverses « constellations » dont la constellation centrale (cadres moyens, professeurs, ingénieurs, etc.), la constellation populaire (ouvriers qualifiés, employés) et les indépendants (15 % environ).
Lors de périodes de croissance économique, la toupie « grossit » une partie des pauvres intégrant la constellation populaire. Cette vision montre bien l’importance de la classe moyenne dans les sociétés actuelles.
SCHEMA
Il définit ainsi 6 grandes « strates » (de supérieur-supérieur à inférieur-inférieur) dans laquelle il classe la population. L’essentiel de cette population se situe tout de même dans les strates moyennes (inférieur et supérieure). Ces strates sont moins fermées que les classes sociales, les individus peuvent avoir une mobilité sociale conséquente et ils ont des relations plus ou moins fortes avec les membres des autres catégories. C’est ce type d’analyse qui sera à l’origine de la conception française moderne de la nomenclature des PCS (Professions et Catégories Socioprofessionnelles).
Henri Mendras (1927-2003) va proposer dans les années 1970 une vision de la société française largement moyennisée. Les catégories sociales sont regroupées dans une vaste classe moyenne encadrée par les élites en haut de la hiérarchie et la pauvreté en bas.
Cette classe moyenne n’en reste pas moins hétérogène, il en est souvent donné une représentation en forme de « toupie ». Elle est formée de diverses « constellations » dont la constellation centrale (cadres moyens, professeurs, ingénieurs, etc.), la constellation populaire (ouvriers qualifiés, employés) et les indépendants (15 % environ).
Lors de périodes de croissance économique, la toupie « grossit » une partie des pauvres intégrant la constellation populaire. Cette vision montre bien l’importance de la classe moyenne dans les sociétés actuelles.
SCHEMA
b. Une persistance des classes sociales ?
Certains auteurs ne partagent pas la vision d’une
vaste classe moyenne où les antagonismes seraient
enterrés. C’est le cas notamment de
Pierre Bourdieu (1930-2002). Dans les années 1960-1970, il
développe une théorie des classes sociales
marquée par une persistance de la
domination. Il raisonne en termes de classes
dominantes et dominées. La hiérarchisation
sociale est déterminée par le volume de
capitaux possédés. Il en distingue trois
:
• le capital économique : patrimoine, revenus ;
• le capital culturel : connaissances, diplômes, biens culturels ;
• le capital social : relations de l’individu.
Pour lui, la domination se fait notamment sur le capital culturel. Les enfants des classes dominantes ayant un capital culturel plus proche des exigences scolaires, ils ont plus tendance à réussir leurs études et cela entraîne une reproduction sociale. Chaque classe sociale développe en outre des similitudes de pensée et des manières d’agir qu’il appelle « habitus ». Les pratiques sociales sont alors très différentes et les classes dominantes font tout pour se distinguer.
• le capital économique : patrimoine, revenus ;
• le capital culturel : connaissances, diplômes, biens culturels ;
• le capital social : relations de l’individu.
Pour lui, la domination se fait notamment sur le capital culturel. Les enfants des classes dominantes ayant un capital culturel plus proche des exigences scolaires, ils ont plus tendance à réussir leurs études et cela entraîne une reproduction sociale. Chaque classe sociale développe en outre des similitudes de pensée et des manières d’agir qu’il appelle « habitus ». Les pratiques sociales sont alors très différentes et les classes dominantes font tout pour se distinguer.
L'essentiel
Les analyses en termes de hiérarchie sociale sont
très nombreuses et représentent des courants
de pensée différents. Il reste
néanmoins que dans nos sociétés modernes
développées, la persistance de classes sociales
qui n’est pas avérée à moins que
la crise ne crée de nouveaux antagonismes
sociaux.
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