Ricardo : les prolongements contemporains
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La théorie de David Ricardo a été
progressivement amendée par les néoclassiques, tant
du point de vue théorique que factuel, puis remise en
cause par la permanence d'un protectionnisme latent. Le
libre-échange reste cependant le modèle
général du commerce international.
1. Une spécialisation internationale contrariée
a. Le théorème HOS et le paradoxe de
Léontieff
Alors que Ricardo se limitait au coût du seul facteur
travail, B. Ohlin, E. Heckscher, puis
P. Samuelson (HOS) introduisent le facteur
capital dans l'analyse du commerce mondial. Pour
ces auteurs, les dotations relatives en facteurs travail et
capital au sein des nations expliquent les
spécialisations internationales :
l'avantage comparatif résulte d'une abondance relative
d'un des facteurs. Les pays se spécialisent donc dans
les productions qui incorporent majoritairement leur facteur le
plus abondant, les pays industrialisés s'arrogeant en
particulier les productions à forte teneur en capital.
Pourtant, la vérification empirique de la théorie HOS effectuée par W. Léontieff dans les années 1950 conduit à un paradoxe : contrairement à ce qui était attendu ; les Etats-Unis utilisaient plus de travail et importaient plus de produits à forte teneur en capital que prévu pour un pays industrialisé...
Pourtant, la vérification empirique de la théorie HOS effectuée par W. Léontieff dans les années 1950 conduit à un paradoxe : contrairement à ce qui était attendu ; les Etats-Unis utilisaient plus de travail et importaient plus de produits à forte teneur en capital que prévu pour un pays industrialisé...
b. Le développement du commerce intra-branche
D'autres observations s'ajoutent à ce premier constat d'un
défaut de spécialisations :
les pays industrialisés réalisent 80 % des
échanges mondiaux, souvent avec des produits similaires
comportant les mêmes dotations factorielles (par exemple,
la France et l'Allemagne échangent mutuellement des
automobiles de qualité comparable). Cela peut sans doute
s'expliquer parce que deux pays doivent avoir des niveaux de
vie et de revenus semblables pour que leur offre d'exportation et
leur demande d'importation coïncident. A cela s'ajoute une
attente de variété de la part des consommateurs,
qui veulent pouvoir choisir dans une gamme de produits
étendue.
Il faudrait aussi pointer la responsabilité des firmes transnationales, qui pratiquent une division des processus productifs poussés entre pays développés, éclatant les lieux de production d'un seul et même produit.
Il faudrait aussi pointer la responsabilité des firmes transnationales, qui pratiquent une division des processus productifs poussés entre pays développés, éclatant les lieux de production d'un seul et même produit.
2. La persistance de politiques commerciales nationales
a. Le refus d'un rapport de domination
Ricardo postule que le libre-échange
conduit à une amélioration mutuelle des conditions
de vie. Dans les années 1960, un certain nombre
d'auteurs (S. Amin, P. Prebish, etc.) réfutent
cette idée et inspirent la politique
« tiers-mondiste » de certains PED.
Pour F. Perroux, les pays disposant d'un appareil productif développé peuvent obtenir de véritables rentes de situation, et bénéficient de fait d'un pouvoir de domination sur les pays moins développés.
L'analyse néo-marxiste du commerce insiste quant à elle sur l'échange inégal entre nations : A. Emmanuel montre ainsi que les inégalités salariales entre pays riches et pays pauvres sont telles qu'elles engendrent une exploitation permanente des salariés des pays pauvres. Certains pays ont alors choisi de limiter leur dépendance vis-à-vis du commerce mondial, en favorisant un développement autocentré avec des succès divers. Le but était alors d'éviter un échange trop disproportionné, en valorisant les productions nationales par des protections douanières ou des industries motrices.
Pour F. Perroux, les pays disposant d'un appareil productif développé peuvent obtenir de véritables rentes de situation, et bénéficient de fait d'un pouvoir de domination sur les pays moins développés.
L'analyse néo-marxiste du commerce insiste quant à elle sur l'échange inégal entre nations : A. Emmanuel montre ainsi que les inégalités salariales entre pays riches et pays pauvres sont telles qu'elles engendrent une exploitation permanente des salariés des pays pauvres. Certains pays ont alors choisi de limiter leur dépendance vis-à-vis du commerce mondial, en favorisant un développement autocentré avec des succès divers. Le but était alors d'éviter un échange trop disproportionné, en valorisant les productions nationales par des protections douanières ou des industries motrices.
b. Les politiques commerciales stratégiques
L'attitude protectionniste n'est pas l'apanage des pays en
développement. En s'appuyant sur l'idée que les
innovations technologiques constituent un avantage
compétitif, les nations ont souvent voulu garantir la
présence des industries de haute technologie sur leur
territoire, en menant des politiques commerciales
stratégiques. Pour ce faire, elles pratiquent souvent un
protectionnisme « furtif »
fait de subventions à l'investissement (voir le cas
d'Airbus) ou de barrières à l'entrée
non tarifaires sélectives (par exemple en
négociant des accords d'autolimitation des exportations,
ou en imposant des normes techniques).
Pour P. Krugman, cette attitude permet d'obtenir un monopole de production sur une période donnée, ce qui a des effets cumulatifs évidents : ces industries technologiques véhiculent des compétences importantes en termes de capital humain qui peuvent essaimer vers d'autres applications.
Pour P. Krugman, cette attitude permet d'obtenir un monopole de production sur une période donnée, ce qui a des effets cumulatifs évidents : ces industries technologiques véhiculent des compétences importantes en termes de capital humain qui peuvent essaimer vers d'autres applications.
L'essentiel
Si la thèse de la spécialisation internationale de Ricardo reste pour beaucoup un modèle économique de référence, de nombreuses interrogations et critiques subsistent. Ce modèle amendé n'explique en effet qu'imparfaitement la logique des échanges actuels, notamment en ce qui concerne les produits similaires.
Il peut également conduire à un échange inégal permanent.
Enfin, ce modèle n'est pas respecté dans les faits par les tenants même du libre-échange.
Si la thèse de la spécialisation internationale de Ricardo reste pour beaucoup un modèle économique de référence, de nombreuses interrogations et critiques subsistent. Ce modèle amendé n'explique en effet qu'imparfaitement la logique des échanges actuels, notamment en ce qui concerne les produits similaires.
Il peut également conduire à un échange inégal permanent.
Enfin, ce modèle n'est pas respecté dans les faits par les tenants même du libre-échange.
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