Réduction ou persistance des inégalités
Le revenu (qui comprend les salaires, bien sûr) est constitué par l’ensemble des sommes perçues à un titre ou à un autre (revenus du travail, revenus du capital, revenus de transfert ou sociaux comme les prestations sociales, par exemple).
Le salaire est toujours rattaché à une seule personne alors que le revenu est souvent celui du ménage.
Les revenus sont donc des flux alors que le patrimoine est un stock, que l’on acquiert en utilisant son revenu et que l’on peut transmettre à ses héritiers. On peut bien penser que si l’on a des revenus faibles, on aura souvent un patrimoine faible (même si ce n’est pas toujours le cas : un agriculteur propriétaire de son exploitation peut avoir des revenus faibles alors qu’il détient un patrimoine).
Les inégalités de revenu ont fortement diminué entre 1960 et 1980. Mais depuis cette date, les écarts ne se réduisent plus, dans un contexte où, de toutes façons, les salaires n’augmentent plus que faiblement.
En revanche, les inégalités de patrimoine se sont fortement accrues depuis 1980 : d’abord parce que les prix des actifs patrimoniaux ont augmenté beaucoup plus vite depuis 1984 que les revenus du travail (par exemple, le prix du mètre carré dans l’immobilier a progressé 4 à 5 fois plus vite que le salaire moyen depuis 1980), ensuite parce que les revenus tirés du patrimoine (à condition d’en avoir un, évidemment) ont augmenté beaucoup plus vite que les revenus du travail (pensez au nouveau partage de la valeur ajoutée au bénéfice des détenteurs de capital, sous forme de dividendes par exemple).
On retrouve ces inégalités dans les autres domaines de la vie sociale : en particulier, le travail domestique repose pour l’essentiel sur les femmes, et les changements, s’ils existent, sont encore peu perceptibles dans les statistiques.
L’inégalité dans l’exercice du pouvoir politique, malgré la loi sur la parité, reste également très forte.
Toutes ces inégalités ne sont pas récentes. Elles sont cependant de plus en plus mal supportées dans la mesure où les arguments traditionnels qui visaient à les justifier sont de moins en moins valides (s’ils l’ont jamais été) : les femmes sont aujourd’hui plus diplômées que les hommes (argument de la moindre qualification des femmes), elles n’interrompent plus que rarement leur vie professionnelle pour élever leurs enfants (argument d’une vie professionnelle en pointillés, qui justifierait les inégalités constatées), elles sont, plus souvent qu’avant, seules du fait de la montée du nombre des divorces (argument du deuxième salaire dans le couple, qui justifierait là aussi son plus bas niveau).
Rappelons que ces chiffres signifient que les cadres qui ont 35 ans aujourd'hui ont une chance sur deux d'atteindre ou de dépasser 81 ans (35+46) et les ouvriers une chance sur deux d'atteindre ou de dépasser 72 ans (35+37), ce qui fait quand même 9 ans de moins en moyenne.
Il faut ajouter que le diplôme n'est pas valorisé de la même manière sur le marché du travail selon l'origine sociale : en 1990, 81,1 % des enfants de cadres ayant un diplôme supérieur à bac +2 sont eux-mêmes cadres entre 26 et 33 ans ; avec le même diplôme, les enfants d'artisans et commerçants ne sont que 68,5 % à être eux-mêmes cadres entre 26 et 33 ans.
Le consensus qui s’était construit durant les Trente Glorieuses en faveur de la réduction quantitative des inégalités par le biais de la redistribution des revenus et de la construction de l’égalité des chances se fissure.
On s’aperçoit aujourd’hui que les inégalités se renouvellent et se transforment d’une part, et que d’autre part, la notion même de justice sociale est l’objet de controverses : est-il « juste », par exemple, que tous les Français (y compris ceux qui ne fument pas) prennent en charge les conséquences financières du tabagisme (on sait que fumer aggrave toutes les maladies et en occasionne certaines) par le biais des cotisations à l’assurance maladie ? Ou encore, est-il « juste » que, au nom de l’égalité, toutes les familles de trois enfants touchent les mêmes allocations familiales quels que soient leurs revenus ? Tout dépend en fait de ce que la société définit comme « juste ».

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