Rationalité et actions collectives
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L’introduction de la rationalité dans l’analyse sociologique de l’action collective a permis de faire évoluer le niveau de compréhension des ressorts de la mobilisation individuelle et collective. En introduisant le principe de rationalité dans la décision de l’action collective, Mancur Olson va tenter de comprendre le passage de l’individuel au collectif. D’autres auteurs comme Albert O. Hirschman dans le prolongement de la sociologie compréhensive wébérienne vont tenter de construire une typologie des engagements individuels. Mais c’est avec Alain Touraine, ou bien encore avec Ronald Inglehart que le concept de rationalité en valeur développé par Weber va permettre de comprendre l’existence des nouveaux mouvements sociaux.
Dès le début du 20e siècle avec le développement des mouvements sociaux, des auteurs comme Gabriel Tarde ou Gustave Lebon s’intéressent à la psychologie des foules et aux ressorts de l’action collective. Ces auteurs analysent les mouvements sociaux à partir des phénomènes d’imitation affective.
Une étape importante de l’interprétation des mouvements sociaux va être franchie en introduisant le concept de rationalité. Ainsi en 1966, Mancur Olson dans son ouvrage La logique de l'action collective cherche à comprendre comment l’action collective peut se construire à partir des comportements individuels rationnels. L’introduction de la rationalité individuelle conduit Olson à mettre en évidence l’existence d’un paradoxe de l’action collective : comment la rationalité individuelle peut-elle conduire à l’action collective (théorème du « no bridge ») ? En effet, l’acteur rationnel arbitre entre les gains individuels et les gains collectifs (bien public) grâce à un calcul coûts/avantages. Olson souligne que cette rationalité individuelle peut donner lieu à des comportements de passagers clandestins. L’individu peut choisir de ne pas s’engager dans l’action collective lorsque le coût social individuel est trop élevé et attendre des autres qu’ils construisent des avantages collectifs (biens publics) grâce à l’action collective. La difficulté repose alors sur la capacité d’expliquer l’existence des mouvements sociaux. Cette analyse sera entre autres utilisée pour comprendre les difficultés du syndicalisme.
Comment alors expliquer qu’il existe malgré tout un engagement individuel des acteurs dans les mouvements sociaux ? C’est avec le concept d’incitations sélectives que le paradoxe mis en évidence par Olson sera dépassé. Il existe en effet des mécanismes permettant de réduire les coûts individuels de l’engagement ou d’augmenter le coût du non engagement et d’assurer ainsi la réalisation de l’action collective. L’action syndicale peut par exemple reposer sur un principe d’obligation qui oblige les individus à adhérer à une organisation pour exercer une activité professionnelle (principe du « closed shop »). Le contrôle social du groupe qui s’exerce par la réprobation peut aussi conduire les individus à éviter les comportements de passagers clandestins afin d’éviter les sanctions.
Si l’introduction de la rationalité dans
l’analyse des mouvements sociaux a permis
d’expliquer en partie le passage de l’action
individuelle à l’action collective,
c’est avec le concept de rationalité en
valeurs emprunté à Max Weber que
l’interprétation de ces mouvements sera la
plus féconde.
Dans son ouvrage Défection et prise de
parole écrit en 1970, Albert O. Hirschman
construit une typologie des idéaux types de
l’engagement individuel dans l’action
collective. Il développe l’idée que
les mouvements sociaux naissent des dysfonctionnements
sociaux qui produisent un mécontentement
des individus. Face à cette situation,
l’individu a la possibilité de réagir
de différentes façons. Dans un premier
temps l’individu peut choisir soit la fuite
ou le non engagement (exit) soit de
rester et de participer. Lorsque l’individu
décide de participer, il peut soit s’engager
dans la protestation par la prise de parole
(voice), soit participer passivement
(apathy) soit participer activement
(loyalty).
Un des premiers sociologues à avoir mis en évidence le rôle majeur des valeurs dans les nouvelles formes de l’action collective, fut Alain Touraine. Dans son ouvrage Production de la société publié en 1973, il souligne l’importance du processus de transformation de l’orientation culturelle des sociétés occidentales. Il montre que l’opposition entre dominants et dominés ne se construit plus autour des questions matérielles mais sur un rapport de domination culturelle né de l’apparition de valeurs post matérielles. Ces valeurs post matérielles conduisent les acteurs sociaux à se mobiliser collectivement sur des thèmes ne relevant plus seulement des conditions matérielles d’existence. Les décisions programmées dans le cadre de ce nouveau rapport de domination font émerger de nouvelles sources de conflits au sein des sociétés occidentales. Les tensions et les sources de mobilisation vont naître de l’affrontement de valeurs entre groupes dominants et groupes dominés.
Le sociologue américain Ronald Inglehart va s’appuyer sur le concept de rationalité en valeurs développé par Weber pour expliquer l’origine des nouveaux mouvements sociaux. Selon cet auteur, l’élévation du niveau de vie dans les sociétés occidentales va permettre de détacher l’action collective des questions matérielles. Le ressort de l’action collective n’est plus lié aux conditions matérielles d’existence. L’émergence de valeurs post matérielles en relation avec la qualité de vie va conduire à faire apparaître ces nouveaux mouvements sociaux. Ainsi se sont développés des mouvements sociaux dont l’objet concerne l’environnement et sa protection (mouvement écologique), la reconnaissance des identités et des différences, mouvement de revendication de la communauté homosexuelle, ou bien encore les questions humanitaires ou de démocratie.
L’introduction du concept de rationalité dans l’analyse des mouvements sociaux va donner lieu à de nombreuses analyses des ressorts de l’action collective. L’analyse de Mancur Olson en prenant compte la rationalité individuelle, va mettre en évidence le paradoxe de l’action collective résultant d’un calcul coûts/avantages de la mobilisation individuelle.
Grâce au concept d’incitations sélectives, ce paradoxe peut être dépassé. Avec la réutilisation du concept wébérien de rationalité en valeurs, des auteurs comme Alain Touraine ou Ronald Inglehart expliquent que le passage des sociétés occidentales à la post modernité modifie les sources possibles de l’action collective. Les nouveaux mouvements sociaux s’expliquent principalement par la transformation des valeurs qui sont devenues post matérielles.
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