L'essentiel
Les densités moyennes de l'Inde et de la Chine sont
très fortes mais cachent des disparités spatiales
dans des pays où les concentrations humaines sont
très importantes. Une « Chine du
plein » (à l'est) s'oppose à une
« Chine du vide » à l'ouest et au
nord du pays. Dans une moindre mesure, l'Inde présente
également un contraste entre le Nord très
peuplé et le Sud où les densités sont
moins fortes. Toutefois, il convient plutôt d'opposer les
plaines côtières et les plaines alluviales aux
espaces des plateaux centraux et de l'Ouest (désert du
Thar), moins peuplés à l'échelle du pays.
1. Une part importante de la population mondiale
a. Deux pays regroupant plus du tiers de la population mondiale
En dépit d'une grande irrégularité
démographique (liée à de nombreux
fléchissements souvent causés par des
événements politiques), la population de ces deux
pays a toujours représenté plus du tiers de la
population mondiale. A la fin du
XXe siècle, ces deux pays regroupent
environ 38 % de la population mondiale (17 % pour
l'Inde et 21 % pour la Chine). En 1997, ces Etats regroupent
2,210 milliards d'individus. De tels effectifs
entraînent des densités moyennes
élevées pour la Chine (129 hab./km2),
plus fortes encore pour l'Inde (295 hab./km2 –
pour mémoire la densité moyenne de la France est de
106 hab./km2). La majeure partie de la population
se concentre toutefois sur une portion réduite des
territoires nationaux (ex. : en Inde, 75 % de la
population se rassemble sur 46 % du pays tandis que
58 % des Chinois se regroupent sur 20 % du territoire
national). Très tôt, on assiste à une
concentration et à une augmentation des effectifs dans les
zones où l'on pratique la riziculture.
b. Les facteurs explicatifs
Les déséquilibres actuels du peuplement chinois ont
plusieurs origines : les conditions climatiques
(aridité, irrégularité des
précipitations à l'ouest, au nord et dans le centre
du pays, les puissantes chaînes de montagnes et les
cuvettes subdésertiques constituent un handicap. La
population, dont la subsistance fut pendant longtemps (et encore
aujourd'hui) liée à la culture du riz, s'est
concentrée dans les zones cultivables où les
terrains fertiles, une forte alimentation en eau (mousson) et un
climat doux permettaient 2, voire 3 récoltes par an.
Enfin, la démographie est très
irrégulière selon les régions chinoises et
les migrations interrégionales (aspiration vers les
provinces les plus dynamiques) ainsi que l'exode rural (que le
gouvernement tente de freiner) ont contribué à la
croissance déséquilibrée de la population.
En Inde, les espaces recevant les pluies de mousson comptent
parmi les plus peuplés. Là encore, les plaines
alluviales sont fortement alimentées par les
précipitations et les cours d'eau puissants (Gange et
Brahmapoutre). Les systèmes de production agricole et
d'exploitation de l'espace rural sont également à
prendre en compte pour comprendre les différences de
peuplement (ex. : pratiques de cultures à longue
jachère dans les espaces aujourd'hui faiblement
peuplés du Rajasthan par opposition à la
riziculture irriguée dans les zones de plus forte
densité).
2. Les grands déséquilibres spatiaux
a. La Chine et les déséquilibres Est/Ouest
Une grande dissymétrie peut être observée en
Chine. La densité moyenne de 129 hab./km2
n'est pas très significative tant les contrastes sont
grands. Shanghai (2 118 hab./km2), la
province du Jiangsu (654 hab./km2) ou le Tibet
(1,8 hab./km2) ne peuvent pas – à
l'évidence – être envisagés de la
même manière. Ces différences sont un frein
à un développement ou à un
aménagement du territoire équilibré. Ainsi,
le contraste est marqué par une grande distinction entre
les parties orientales du pays où se massent près
de 90 % des Chinois (8 provinces ont une densité
supérieure à 400 hab./km2, tandis
que les espaces occidentaux et du Nord soit 4 provinces
(Tibet, Mongolie intérieure, Xinjiang et Qinghai) sont
pratiquement vides d'hommes. 80 % de la population se
concentre dans la plaine de la Chine du Nord, dans la moyenne et
la basse vallée du Changjiang et dans une moindre mesure
dans le Sichuan et les plaines côtières de la Chine
du Sud.
b. Une situation plus complexe en Inde dominée toutefois
par une distinction Nord/Sud
Là encore, les densités sont très
inégales : le Jammu-et-Cachemire présente une
faible densité de 35 hab./km2 contre
766 hab./km2 pour le Bengale occidental. L'Etat
de Delhi, dépasse les 6 300 hab./km2.
Les zones où l'on rencontre les plus fortes
densités se situent dans les plaines du Nord (plaine
Indo-Gangétique et delta du golfe du Bengale avec des
densités de 471 hab./km2 pour l'Uttar
Pradesh et 497 hab./km2 pour le Bihâr) et
dans les plaines côtières ou deltaïques
(Kerala, Tamil Nadu et Andhra Pradesh). Dans toutes ces
régions, les précipitations élevées
(plus de 1 000 mm/an) permettent le
développement d'une agriculture irriguée
performante, favorisant un peu plus la croissance
démographique. A l'inverse, les plateaux du Deccan (Centre
de l'Inde) (Madhya Pradesh) et des régions arides de
l'Ouest, dans la région du désert du Thar
(Rajasthan) présentent des densités
inférieures à 100 hab./km2.