Peuplement et maîtrise du territoire en Russie
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L'essentiel
17 millions de km2 (12,6 % des terres émergées), 148 millions d'habitants (9 hab./km2) : autant de valeurs qui résument mal la réalité d'une immensité tout à la fois recluse sur l'Europe à l'ouest et ouverte sur les 9/10e de son territoire vers l'est, au-delà de l'Oural.
1. Un pont entre deux continents
A cheval entre Europe et Asie, la Russie s'étend sur plus
de 9 000 km d'est en ouest et couvre 11 fuseaux.
Construite autour de Novgorod, de la Moscou baroque, de
Saint-Pétersbourg puis de la Moscou soviétique, le
théâtre russo-européen s'est progressivement
tourné vers l'Oural et son amphithéâtre
sibéro-asiatique.
a. Dichotomie spatiale
La superficie, l'extension méridienne et zonale
(3 000 km du nord au sud) sont autant de facteurs de
diversités géographiques : la Russie est tout
à la fois méditerranéenne (mer Noire),
boréale et steppique (toundra), continentale et
forestière (taïga), cloisonnée et alpine
(Caucase). Elle est surtout l'objet d'une franche division
géographique de part et d'autre du massif ouralien qui la
scinde en deux parties très inégalement
peuplées. L'Oural n'est pas seulement une distinction
continentale arbitraire : il porte aussi la marque d'une
dégradation climatique, d'une moindre activité
agricole et d'une baisse de la densité humaine. Mais si
l'Ouest est le berceau nourricier d'un pays, l'immensité
sibérienne et ses ressources implicites font de cette
entité l'objet de toutes les convoitises et de toutes les
exploitations possibles d'un Etat en pleine restructuration.
b. Une mosaïque humaine ?
Avec 76 % de la population de l'ex-URSS, la Russie est une
vaste mosaïque ethnique héritée des
migrations, des conquêtes, des déportations et des
pôles de développement industriel. En 1991,
l'indépendance des 14 autres ex-républiques
soviétiques a « russifié » le
pays, dominé par plus de 83 % de Russes orthodoxes,
tandis que les minorités ne rassemblent plus que
25 millions de personnes. En outre, si la
Fédération de Russie est partagée entre
89 unités administratives, 32 groupes ethniques
bénéficient d'une République autonome ;
néanmoins, les Russes représentent en moyenne
46 % de la population desdites Républiques...
2. Avantages et contraintes d'une immensité
A l'aube du troisième millénaire et à l'aune
d'une mondialisation croissante, l'immensité du territoire
recèle de vastes potentialités économiques -
essentiellement l'exploitation primaire de son sous-sol - et
présente l'inconvénient majeur de la dispersion.
a. La notion espace/temps dans la Russie en 2002
En 2002, les voies ferrées transcontinentales demeurent le
principal moyen de circulation des biens et des personnes et pour
les trois-quarts du territoire, Moscou est la lointaine capitale
européenne d'une fédération soumise à
de multiples forces centrifuges (autarcie économique,
revendications indépendantistes) qui éloignent
toujours plus le centre de sa dissymétrique
périphérie.
Toutefois, à l'heure de l'intégration de la Russie dans le schéma économique mondial, les réseaux ferrés ne suffisent plus : les axes de développement centripètes privilégient aussi les infrastructures aéroportuaires alors qu'un développement économique rivé sur l'étranger renforce le réseau de transport des hydrocarbures.
Toutefois, à l'heure de l'intégration de la Russie dans le schéma économique mondial, les réseaux ferrés ne suffisent plus : les axes de développement centripètes privilégient aussi les infrastructures aéroportuaires alors qu'un développement économique rivé sur l'étranger renforce le réseau de transport des hydrocarbures.
b. Axes de peuplement et faible adaptation à la
maîtrise d'un territoire
Près de 115 millions d'habitants (78 % de la
population) occupent moins d'un quart du territoire. Autour de
Moscou, la maîtrise du territoire s'est
développée en étoile, dans le cadre d'un
Etat centralisé et conquérant depuis le
début du XVIIIe siècle ; et si
l'aménagement le plus dense est orienté vers
l'Europe occidentale, les bras de l'étoile se
relâchent vers l'est comme il ne s'en maintient finalement
qu'un seul le long de l'axe zonal pénétrant
constitué de part et d'autre du Transsibérien. Pour
le reste de cette immensité, tout n'est que potentiel
exploitable resitué à l'échelle d'un
Etat-continent.
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