Objectif : Depuis les années 50, une
série de transformations rapides et radicales ont
affecté l'agriculture française. Quelles
conséquences ont-elles eu sur l'évolution des
espaces agricoles ?
1. Les mutations de l'espace agricole français
a. Une « révolution agricole »
Depuis les années 1950,
l'agriculture française
a connu un fort mouvement de modernisation :
généralisation de la mécanisation,
remembrement, utilisation massive d'engrais et de
pesticides... Cette modernisation s'est
accompagnée
d'une tendance à la spécialisation des cultures
à l'échelle des exploitations mais aussi des
régions.
Le nombre des actifs agricoles a fortement
chuté : ces derniers ne représentent
plus aujourd'hui qu'un million de personnes (contre
4 millions dans les années cinquante) soit moins de
4% de la population active.
Le nombre des exploitations agricoles est également
en baisse : une sur trois a disparu depuis 1988.
Toutefois, si elles sont moins nombreuses, ces exploitations
sont aussi plus grandes : leur taille moyenne est
supérieure à 40 hectares (contre une
quinzaine vers 1950).
b. Du productivisme à la surproduction
Avec moins de travailleurs et moins d'exploitations,
l'agriculture française produit toutefois de
plus grandes quantités : ses rendements ont
été multipliés par trois dans la
deuxième moitié du
XX
e siècle.
Cette augmentation de la productivité a notamment
bénéficié à partir des
années 1960 des effets de la politique agricole
commune européenne (PAC) qui, en subventionnant la
production et les exportations, a offert des
débouchés aux agriculteurs.
Mais ce modèle d'agriculture productiviste est
actuellement en crise : on lui reproche notamment son
coût environnemental (pollution) ou encore sanitaire
(comme le montre la crise de la « vache
folle » entre 1996 et 1998). En outre, face à
la surproduction qu'engendre un tel système, une
réforme de la PAC a imposé dès
1992 l'instauration de quotas de production et le gel de
certaines terres avec mises en jachère.
De fait, la superficie agricole utilisée (SAU) est en
recul : soumise également aux progrès de
l'urbanisation, elle ne couvre plus aujourd'hui que la
moitié du territoire national (contre presque 2/3 dans
les années cinquante).
2. Les espaces agricoles régionaux
a. Les espaces de grandes cultures
Les systèmes de grandes cultures
céréalières et de plantes industrielles
dominent sur les sols fertiles du Nord et du grand Bassin
parisien. Blé, maïs, colza, tournesol, betteraves
à sucre... y sont produits de manière intensive au
sein de vastes exploitations performantes et fortement
mécanisées. Dans ces espaces, le remembrement a
modifié le parcellaire, dessinant un paysage
d'openfield parsemé de silos.
b. Les espaces d'élevage intensif
Les systèmes d'élevage intensif correspondent
souvent à des régions traditionnelles
d'élevage. C'est notamment le cas en Bretagne où
l'élevage hors sol est très
développé. Le passage à une agriculture
productiviste y a transformé le paysage traditionnel de
bocage sous l'effet du remembrement et des arrachages de
haies consécutifs. L'élevage hors sol se pratique
également autour des grandes villes françaises,
stimulé par la proximité des consommateurs et des
industries agroalimentaires.
c. Les espaces de culture spécialisée
Du fait de la demande des marchés urbains, les cultures
spécialisées sont en plein essor. Outre les
vignobles de qualité (Bordelais, Bourgogne, Champagne...),
elles comprennent les zones de maraîchage, d'arboriculture
et d'horticulture, des vallées du Rhône et de la
Loire auxquelles s'ajoutent des exploitations situées en
zone périurbaine. Généralement de petite
taille, elles pratiquent une agriculture intensive
essentiellement sous serres et à forte valeur
ajoutée.
d. Les espaces de persistance des systèmes agricoles
traditionnels
Plusieurs régions, notamment dans le sud et l'est de la
France, ont conservé des systèmes agricoles
traditionnels : par exemple, la polyculture (fondée
sur la complémentarité entre
céréaliculture et petit élevage) demeure
encore fortement présente dans le sud-ouest.
L'élevage extensif (ovin ou bovin selon les zones) reste
quant à lui pratiqué dans les différentes
montagnes françaises. Actuellement, ces espaces
connaissent de nombreuses difficultés.
L'essentiel
Portée par un fort mouvement de modernisation,
une logique productiviste s'est imposée en
quelques décennies au sein de l'agriculture
française. De cette évolution émerge
une agriculture dualiste où des espaces
spécialisés et dynamiques côtoient des
zones en difficulté marquées par la persistance
de systèmes agricoles traditionnels.